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Modernisation de l’élevage: Vers une production intensive de fourrage

Société
Gaston Dossouhoui, ministre de l’Agriculture,  de l’Élevage et de la Pêche Gaston Dossouhoui, ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche

Face aux enjeux croissants de l’élevage et de la transhumance, le ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, Gaston Dossouhoui, prône une mutation vers une production intensive de fourrage. Une démarche qui vise à sédentariser les élevages et à prévenir les conflits entre agriculteurs et éleveurs.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 05 mars 2025 à 15h12 Durée 3 min.
#Gaston Dossouhoui, ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche #Modernisation de l’élevage
Le modèle traditionnel de pâturage naturel a montré ses limites. La pression foncière, la croissance du cheptel et les restrictions sur la transhumance imposent une refonte des pratiques d’élevage au Bénin et dans la sous-région. 
« On ne peut plus se contenter du pâturage naturel aujourd’hui. Et de plus en plus, la charge pastorale, même dans les pays côtiers, n’est plus tenable pour nos cheptels. Il y a plus d’animaux que de disponibilité de fourrage », a averti Gaston Dossouhoui, ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, à l’occasion de l’atelier régional de capitalisation sur la gestion des stocks de proximité en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Désormais, l’alimentation du bétail doit reposer sur une production agricole dédiée. Le ministre appelle à une véritable révolution des mentalités. « Il faut que cette logique entre dans les esprits, notamment de certains éleveurs qui pensent qu’il est absurde de cultiver de l’herbe pour nourrir les animaux», a-t-il indiqué. 
Pour atteindre cet objectif, Gaston Dossouhoui propose une approche intégrée. Il s’agit d’abord de valoriser les résidus de récolte en les mettant à la disposition des éleveurs, au lieu de les laisser se détruire. Ensuite, il faut encourager la culture du fourrage sur des parcelles agricoles dédiées, afin d’assurer une production suffisante pour le cheptel. Enfin, la structuration d’une filière commerciale de fourrage permettra d’assurer la disponibilité de cette ressource sous forme de foin ou d’ensilage, en facilitant son stockage et sa distribution. « Nos politiques doivent maintenant tendre à aider les producteurs fourragers à acquérir des équipements de compression pour transformer le fourrage en briquettes commercialisables, disponibles en boutique comme du pain », a souhaité le ministre.

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Prévenir les conflits

L’autre défi est de réduire les tensions entre agriculteurs et éleveurs en favorisant la sédentarisation. De nombreux éleveurs vivent depuis des décennies sur des terres qui leur sont plus tard arrachées. « Il n’est pas normal que des personnes ayant passé 40 ou 50 ans sur une terre soient encore considérées comme des nomades et privées de droits fonciers », s’est offusqué Gaston Dossouhoui. Cette situation, selon lui, alimente les tensions et entrave la paix sociale. Le gouvernement béninois a donc décidé de sécuriser les terres occupées par les éleveurs en les intégrant au cadastre national.
Désormais, ces terrains leur sont officiellement attribués, leur garantissant ainsi une stabilité et une reconnaissance juridique. L’objectif est aussi d’aménager des parcelles fourragères d’au moins 10 hectares avec un forage productif, garantissant l’accès à l’eau et au pâturage à proximité. Cette initiative vise à limiter les déplacements des troupeaux et à prévenir les conflits avec les agriculteurs. Selon le ministre, la transhumance a montré ses effets néfastes en facilitant divers trafics et en engendrant des conflits territoriaux. « Nous avons osé dire non à la transhumance internationale, car ses conséquences sont dramatiques », a-t-il rappelé. 
En ce sens, plusieurs programmes sont en place pour sédentariser les éleveurs, notamment le projet de campements pastoraux sécurisés. « Nous construisons un campement pilote à Gogounou sur 1 200 hectares, où 98 exploitants disposeront de 10 hectares chacun, avec un accès garanti à l’eau et aux commodités essentielles (marchés, écoles, centres de santé) », a informé le ministre. D’ici quelques années, quatre autres campements similaires devront voir le jour pour renforcer la paix sociale et l’autosuffisance des éleveurs. En parallèle, 126 campements sont déjà accompagnés avec des aménagements pastoraux allant de 20 à 25 hectares chacun, favorisant la production de fourrage et son orientation vers le marché. « L’objectif est de faire en sorte que le fourrage devienne un produit accessible à tous, pour éviter la famine des animaux et garantir une viande de meilleure qualité », a souligné le ministre Gaston Dossouhoui. Avec ces initiatives, le Bénin veut non seulement moderniser son élevage, mais aussi en faire un secteur durable et rentable, tout en préservant la cohésion sociale. La balle est maintenant dans le camp des éleveurs et des agriculteurs, appelés à s’approprier cette nouvelle vision