La Nation Bénin...
Se mirer à la source de
l’artistique et de la production. Coline-Lee Toumsone-Venite, la quarantaine,
ingénieure culturelle, chargée de mission Arts et Culture à la présidence, a
communiqué sa passion, partagé son savoir-faire et livré quelques clés de réussite
à de jeunes femmes engagées dans le secteur des arts, à travers le projet
Zognidi à Ouèdo.
« Je suis née à ce moment
particulier où s’opérait une explosion artistique et culturelle à la
Martinique, à travers une volonté, une politique culturelle inédite, portée par
cet artiste, ce poète et homme politique qui était Aimé Césaire». Coline-Lee Toumsone-Venite,
chargée de mission Arts et Culture à la présidence de la République, était à
cœur ouvert avec une vingtaine de jeunes femmes engagées dans les domaines du
management culturel, de la mise en scène, de la scénographie et de la critique
d’art, à travers le projet Zognidi du Tout Gran théatr Djogbé. A partir de son
vécu, de son histoire, la Martinico-Guadeloupéenne, ancienne directrice de
l’Institut français de Cotonou, a entretenu la jeune génération sur le thème: «
Femmes artistes, entre transcendance et résistance». Née à Fort de France, elle
s’est nourrie petite fille déjà, de la présence d’artistes, de comédiens, de
metteurs en scène, de musiciens, de festivals de jazz, de la guitare, du
théâtre, de résidence d’artiste. « Ce contexte culturel, extrêmement fertile,
qui a véritablement ensemencé chez moi, ce désir et cette volonté de ne pas
être artiste mais de me mettre au service de l’artistique, et du culturel avec
surtout le sentiment que j’appartenais à un peuple aux multiples langues, aux appartenances
géographiques multiples », confie celle qui à 26 ans, est devenue première
directrice de festival à Paris, dans le cadre de ses études de troisième cycle
en coopération artistique internationale, où elle devrait soumettre un projet
d’action culturelle. Ainsi, partant de ses études en histoire, en histoire de
l’art, en ingénierie culturelle, la jeune passionnée se retrouva confrontée aux
réalités du terrain. « Il y a toute l’approche théorique sur les bancs de
l’université ou de l’école, mais une fois sur le terrain au contact des
opérateurs, des artistes, des prestataires et même des services administratifs,
l’on apprend. On apprend de ses erreurs, le plus efficacement, le plus
rapidement en matière technique, sur les notions juridiques, budgétaires,
financières, parce que dans nos métiers, il faut être parfaitement
pluridisciplinaire», recommande Coline-Lee Toumsone-Venite qui quitta sa
Caraïbe natale en 2020, à 40 ans, pour prendre la direction de l’Institut
français du Bénin.
Le souffle artistique
Elle dirigea l’Institut un
an durant, avec un intérêt appuyé pour la création béninoise, dans les arts
visuels, dans l’art contemporain, le théâtre, la musique, la danse. « J’ai
découvert un pays, petit et puissant, une puissance culturelle. Vous êtes à part.
Vous êtes dans un pays qui est un condensé de génie, de talents », témoigne
celle qui est devenue chargée de mission Arts et Culture à la présidence de la
République, aux côtés de Patrice Talon. De son passage à la télévision publique
en Martinique, à la direction d’un monument historique, monastique,
esclavagiste du 17e siècle toujours à la Martinique, Coline-Lee Toumsone-Venite
a tout partagé avec ses jeunes sœurs, qu’elle va inviter au travail, à la
persévérance, à ne pas céder au découragement et surtout à avoir pour modèle
des femmes leaders. Conseils qu’elle tient de sa génitrice dont elle parle
toujours avec beaucoup d’émotion. « On doit être à la fois dans le technique et
l’artistique en permanence pour permettre que l’idée se transforme en projet,
et que le projet se transforme en réalisation. C’est ainsi qu’on se retrouve
gestionnaire de projet. Il faut avoir plusieurs approches, être à la croisée de
plusieurs critères, tout en étant toujours et systématiquement porté par le
souffle artistique », a-t-elle insisté. Les participantes à ces échanges en
sont sorties aguerries. « Je suis sortie très enrichie de ces échanges parce
qu’elle a partagé avec nous ses expériences personnelles. Cela me montre que je
n’ai pas eu tort d’avoir choisi la chose culturelle, en particulier la mise en
scène, parce qu’il y a des femmes qui ont emprunté ce chemin avant moi, et qui
sont arrivées à un niveau qu’on peut envier», a indiqué Hosana Bekou, lauréate
du projet Zognidi. Un sentiment partagé par Tatiana Gnansounou: « Elle est
restée à l’écoute de tout le monde. Nous avons reçu assez de conseils. Ce fut
de bons moments ». Il faut noter que le projet Zognidi est une couveuse de
compétences pour renforcer les capacités managériales et techniques des femmes
dans les domaines du management culturel, de la mise en scène, de la
scénographie et de la critique d’art. Il est mis en œuvre par l’association
culturelle Tout Gran théatr Djogbé.