La Nation Bénin...
Le
dixième tour des enquêtes d’Afrobarometer a livré ses résultats. L’étude s’est
penchée sur plusieurs thématiques dont les violences basées sur le genre notamment
à l’égard des filles et des femmes, et l’interruption volontaire de grossesse.
La vulgarisation des résultats du sondage d’opinion a été faite, ce mercredi 15
mai, en présence d’acteurs étatiques du domaine, ceux de la société civile
spécialisée et d’universitaires.
Les
citoyens béninois pensent que les violences basées sur le genre (Vbg)
précisément à l’endroit des filles et femmes ne sont pas courantes dans leur
communauté. De même, ils pensent que le harcèlement et la discrimination des
femmes sont rares ou inexistantes. C’est ce que révèle le 10e round des
enquêtes d’Afrobarometer au Bénin dont les résultats ont été vulgarisés, ce
mercredi.
L’étude
a porté sur plusieurs thématiques. Elle a été conduite sur l’ensemble du territoire
béninois, en ville comme en milieu rural. Pour la restitution, les auteurs de
ce sondage d’opinion se sont essentiellement focalisés sur les Vbg et la santé
sexuelle et reproductive y compris l’interruption volontaire de grossesse
(Ivg).
« Trois quarts (76 %) des Béninois disent que la violence contre les filles et les femmes n'est pas courante dans leur communauté. Mais près du quart (24 %) disent que ce problème est fréquent. La majorité (56 %) des enquêtés estiment qu'il n'est jamais justifié pour un homme de battre sa femme. Cependant 43 % pensent que cet acte est justifié », a présenté Jean-Luc Houngbeme, directeur exécutif de Innovante recherche en économie et gouvernance (Ireg), institut ayant mené l’enquête au Bénin pour le compte d’Afrobarometer.
Sur
la question de la discrimination ou du harcèlement, « pour plus de six
répondants sur 10 (64 %), il est « quelque peu » ou « très probable » que les
gens croient aux femmes ou aux filles qui se plaignent d'être victimes de
discrimination ou de harcèlement », note-t-on.
Les cinq principales causes des Vbg au Bénin, selon les résultats de l’enquête, sont la pauvreté (23 %), le manque de respect ou le mensonge (15 %), les problèmes financiers (11 %), la consommation d'alcool ou de substances toxiques (9 %) ou encore le refus d'obtempérer (7 %).
Concernant
l’Ivg, l’étude conclut que « la majeure partie des citoyens béninois affirment
que la pratique de l'Ivg est rare ou inexistante dans leur communauté et sont
contre cet acte, mais pensent que c'est justifié si la grossesse représente un
risque pour la santé de la mère porteuse ou résulte d'un viol ou d’un inceste
».
Aussi,
le sondage montre-t-il que les Béninois revendiquent une autonomie des femmes
dans le choix et le moment du mariage ainsi qu'en ce qui concerne leur
procréation. Dans un communiqué, Afrobarometer explique, sur ce point, que
l’étude révèle que la majorité des citoyens souhaitent que les filles et les
femmes soient libres de prendre les décisions concernant leur mariage et leur
procréation. « Les Béninois pensent que les grossesses ne devraient pas être un
obstacle pour la scolarisation des filles et que les contraceptifs devraient
être accessibles à toute personne mature afin de prévenir les effets inattendus
des rapports sexuels notamment les grossesses indésirées. D’ailleurs, plus de
troisquarts des répondants soutiennent que les écoles enseignent l’éducation à
la sexualité aux jeunes afin de les aider à prendre de meilleures décisions »,
détaille le communiqué.
Résultats non unanimes
La publication des conclusions de l’enquête a soulevé des interrogations au sein de l’assistance. Presque tous les participants ont émis des réserves par rapport aux résultats de l’étude qui vient, selon eux, contredire les réalités sur le terrain et des enquêtes précédentes au Bénin. Pour les intervenants, cela donne l’impression que tout va bien dans le pays. De plus, disent-ils, l’enquête ne cible pas certains aspects des Vbg tels que celles faites par le biais de moyens électroniques. Les intervenants ont aussi cherché à mieux comprendre la méthodologie adoptée dans cette enquête.
A toutes les interrogations et observations, Jean-Luc Houngbeme et son équipe ont apporté des réponses et souligné que l’étude a été menée à un instant T et que ses résultats peuvent changer à un autre instant. Il fait également savoir que l’étude ne rapporte que l’opinion des citoyens et non des faits vécus. Le directeur exécutif rappelle en outre que l’Ireg est ouvert à des suggestions et d’autres collaborations.