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Poursuivi pour parricide (28e et dernier dossier):Le cas Enock Laly Kiti examiné à la prochaine session

Société
Par   Didier Pascal DOGUE, le 14 avr. 2015 à 06h37

La Cour d’assises de la Cour d’appel de Cotonou a appelé, vendredi 10 avril dernier, le 28e et dernier dossier inscrit à son rôle. C’est le premier président de la Cour d’appel, Félix Dossa qui a présidé la composition devant connaître des faits de parricide qui étaient reprochés à Enock Laly Kiti. Il était assisté de Thierry Damase Ogoubi et de Thérèse Kossou comme assesseurs. Pour les jurés, Léopold Pascal Marcellin Bada, Jean Louis Couao-Zotti, Alain Pascal Adjiwanou et Louise Olympiade Hounmènou, ont siégé. Prosper Bienvenu Djossou avait la mémoire de l’audience tandis que Julien Tiamou a représenté le ministère public. Le bâtonnier, Me Cyrille Djikui était commis pour la défense de l’accusé.

Le dossier de Enock Laly Kiti qui répondait du parricide commis sur sa mère a été renvoyé à la prochaine session pour une bonne administration de la justice, parce qu’il n’était pas en état d’être jugé. C’est ce qu’a retenu la cour présidée par Félix Dossa après les observations de Me Cyrille Djikui, son avocat et les réquisitions du ministère public, Julien Tiamou.
Les faits remontent au vendredi 5 août 2011. Ce jour-là, aux environs de 14h, au quartier Adogléta à Akpakpa dans la ville de Cotonou, Enock Laly Kiti, de retour de l’église, partage un plat d’ignames frites et de galettes avec sa sœur Rachelle Laly Kiti et sa mère Philomène Kounou. Peu après, il poignarde ensuite celle-ci à 5 reprises à l’épaule gauche, à l’aide d’un couteau.
Profitant du cafouillage né des appels au secours de sa sœur qui l’a surpris dans ses agissements, il prend la clé des champs.
Grièvement blessée et gisant dans une mare de sang, Philomène Kounou est transportée au cabinet Don divin sis à Adogléta où elle rend l’âme quelques instants après son admission.
Interpellé et inculpé de parricide, Enock Laly Kiti ne reconnait pas les faits. Il ressort du certificat médical établi par Dr David K. Djanta, médecin diplômé d’Etat le 24 août 2011, que ce sont les coups de poignard reçus et les blessures à elle faites, qui ont causé sa mort.
Selon l’expert commis pour l’examen médico-psychologique et psychiatrique de l’accusé, «avant toute appréciation objective de l’état de santé mentale de l’accusé au moment des faits, il serait adéquat que des examens paracliniques (exemple scanner cérébral) soient faits et qu’il y ait d’autres entretiens avec l’inculpé et l’un de ses parents, notamment le père.
Qu’il serait par conséquent plus adéquat de faire ces examens et entretiens avant le jugement par la Cour d’assises du sieur Enock Laly Kiti».
Le bulletin n°1 du casier judiciaire de l’accusé ne porte trace d’aucune condamnation.
Après l’appel dudit dossier et la vérification de l’identité du prévenu, la défense représentée par Me Cyrille Djikui, Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Bénin, a fait des observations qui ont, dans un premier temps, conduit la cour à se retirer pour décider de la suite. Puis revenue pour rendre sa décision, la défense a, sur la base de ses constats, proposé la remise en liberté du prévenu afin qu’il aille se soigner.

Les hésitations de l’expert

«Nous avons constaté et relevé les hésitations de l’expert. C’est le dysfonctionnement de l’appareil judiciaire qui est en cause, sinon le dossier ne devait pas être enrôlé pour cette session. Ce qui ne doit pas être préjudiciable à l’accusé», a fait remarquer Me Cyrille Djikui, qui a donc profité, sur la base des examens complémentaires requis par l’expert commis, pour solliciter la mise en liberté provisoire de l’accusé. «Son père, ses frères et sœurs, ses tantes le réclament. Il a besoin d’être soigné et ce n’est pas en prison ; j’implore votre sens d’humanisme», a insisté la défense, demandant au président et à la cour de prendre en compte les réalités de chez nous.
«La justice a bien fonctionné. Les faits sont suffisamment graves ; le ministère public requiert le maintien en détention de l’accusé qui ne peut se soustraire à la justice», a répliqué Julien Tiamou qui s’est empressé d’ajouter que la défense était à court d’arguments. Une réplique qui n’était pas du goût de la défense qui a contre-répliqué.
Pour Me Cyrille Djikui, le ministère public instruit à charge et à décharge. Le ministère public est fonctionnellement irresponsable, relève-t-il, pour retenir que le rapport d’expertise ne permet pas de prendre le dossier en l’état, bien que le Bâtonnier soutienne sa disponibilité à le plaider en l’état. «Quel que soit le contenu de ce rapport, je le plaiderai en venant suppléer à la carence de la poursuite ; je suis révolté qu’on me dise que je suis à court d’arguments ; soyons humains, soyons justes et responsables», oppose la défense.
Et la cour se retire à nouveau pour délibérer. Et elle revient quelques minutes après pour annoncer que le dossier, sur la base des conclusions du rapport d’expertise n’est pas en état d’être examiné et jugé. Ainsi, pour Félix Dossa, afin de faciliter une bonne administration de la justice, la cause a été renvoyée à la prochaine session de la Cour d’assises. Rendez-vous probablement pour juillet prochain.