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Prise en charge sociale des grossesses précoces à Glazoué: Salomé 17 ans, et déjà confrontée aux souffrances maternelles

Société
Par   Maryse ASSOGBADJO, le 15 juil. 2015 à 06h22

Les grossesses précoces chez les adolescentes restent encore une question d’actualité dans les villes et contrées du Bénin. A Glazoué, une commune du département des Collines, le phénomène se vit avec acuité. Dans le cadre de l’édition 2015 de la Journée mondiale de la population (JMP), un reportage a été réalisé sur le sujet par le Réseau des journalistes et communicateurs en population et développement avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa), et du Fonds français Muskoka dans cette commune du Bénin. Les recherches d’informations ont révélé le cas de Salomé, une fille de 17 ans enceinte de sept mois et dont l’avenir semble hypothéqué.

Jeudi 10 juillet 2015. 11h35, Salomé franchit les portes du Centre de promotion sociale (Cps) de Glazoué. Les yeux larmoyants, la jeune fille se dirige vers le chef du centre (C/Cps), Aïssatou Sakou. Enceinte à 17 ans, Salomé est originaire du village de Sowoué dans l’arrondissement de Kpakpaza, localité située à environ 5 km de Glazoué centre. A cette période de la vie où le corps de la jeune fille est en pleine croissance, celle-ci doit déjà affronter les responsabilités liées à la maternité. Encore enfant elle-même, elle porte une grossesse de sept mois. Orpheline de père et fille d’une couturière, Salomé est prise en charge par une ONG de la place qui assure sa formation professionnelle. C’est d’ailleurs l’ONG qui a porté l’information de sa grossesse au niveau du C/Cps de ladite localité après l’avoir découvert. Salomé est apprenti tisserande. Presqu’à terme, l’adolescente se remet totalement au service de cette institution délocalisée du ministère en charge de la Famille.

Un destin récupéré par le Cps de Glazoué

A peine, a-t-elle connu son premier rapport sexuel qu'elle est tombée enceinte. «Je me suis retrouvée enceinte à la suite du premier rapport sexuel que j’ai eu avec mon copain, un élève de la classe de 4è. Ses parents ont interrompu ma formation professionnelle pendant un long moment. Ils m’ont obligée à habiter chez eux pendant que leur enfant continuait ses études. Mais grâce à la vigilance des responsables d'une ONG de la place et l’intervention des assistants sociaux de Glazoué, j’ai pu rejoindre mon atelier de formation. A l’étape actuelle de la situation, les parents de mon copain se sont engagés auprès du C/cps pour assumer les besoins de la grossesse. Ils ont été contraints à me déposer des vivres et de l’argent à la fin de chaque mois auprès du C/cps. C’est pour vous dire combien, les filles mères ont besoin des services du Cps». Ainsi donc se résume la mésaventure de Salomé qui dans deux mois sera mère.
Son témoignage peint la situation des grossesses précoces à Glazoué. Comme elle, beaucoup d’autres adolescentes subissent ce même chemin de croix pour faire assumer la responsabilité aux auteurs de leurs grossesses souvent non désirées.
Selon les propos de Aissatou Sakou, ce genre de situation est très fréquent en milieu scolaire à Glazoué.
En 2014, la localité a enregistré deux cent dix-neuf (219) cas de grossesses précoces dont soixante six élèves filles, révèle Françoise Montchéwa, sage-femme au centre hospitalier de Glazoué. L’hôpital dans lequel elle exerce a connu à lui seul, quatre-vingt-seize accouchements. Dans ce lot, trente-six étaient des élèves, a-t-elle déploré.
Si Salomé n’a pas souffert d’une quelconque résistance de ses «beaux-parents», tel n'est pas souvent le cas pour d’autres adolescentes qui se retrouvent dans la même situation. Selon les explications de la C/Cps Aissatou Sakou, le centre se trouve souvent confronté au refus de certains parents et auteurs des grossesses précoces. Ces personnes refusent de répondre aux convocations du Cps. Pour les y contraindre, le centre fait parfois recours aux compétences des forces de l’ordre. Ce qui peut conduire jusqu’à l’emprisonnement des auteurs.

Cps : une mission empreinte d’embûches

Depuis sa prise de fonction au Centre de promotion sociale de Glazoué en octobre 2014, Aïssatou Sakou confie qu’elle est confrontée à quelques difficultés dans l’accomplissement de sa mission. Lesquelles sont liées au manque cruel de ressources humaines pouvant répondre aux sollicitations des personnes vulnérables qui ont recours au centre. A cela s’ajoutent les difficultés liées aux moyens matériels et financiers. Elle confie également ne pas disposer d’une cagnotte financière suffisante pouvant lui permettre de répondre aux besoins liés au suivi des grossesses précoces dans les cas probants où les auteurs disparaissent. Les services offerts dans ce centre se limitent seulement à l’écoute et à l’orientation de ces filles dont la situation financière laisse à désirer.
Aïssatou Sakou lance un cri de cœur à l’endroit du ministère en charge de la Famille et des partenaires sensibles à la prise en charge sociale totale des grossesses précoces dans un milieu encore rural comme Glazoué.