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Renforcement de la gouvernance et de la démocratie participative: Appel à instaurer la confiance dans les institutions publiques

Société
Les parlements nationaux et les partis politiques enregistrent des niveaux de confiance  moindres, avec respectivement 37 % et 24 % de personnes Les parlements nationaux et les partis politiques enregistrent des niveaux de confiance moindres, avec respectivement 37 % et 24 % de personnes

L’Ocde appelle les décideurs à instaurer la confiance dans les institutions publiques dans un contexte où une bonne partie de la population ne croit pas trop en elles, à l’issue d’une enquête menée dans 30 pays membres. Inclusion, engagement civique et politique sont des leviers identifiés pour améliorer la perception citoyenne du processus décisionnel et atténuer les vulnérabilités.

 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 28 août 2024 à 07h46 Durée 2 min.
#Démocratie et gouvernance

La part de la population qui fait état d’une confiance faible ou nulle dans les gouvernements nationaux est de 44 %, supérieure à celle dont la confiance est élevée ou modérément élevée (39 %), d’après les résultats de la 2e édition de l’enquête sur la confiance de l’Ocde. Menée en octobre et novembre 2023 dans 30 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde), elle a porté sur les déterminants de la confiance dans les institutions publiques.

Dans les pays qui ont participé aux deux éditions de l’enquête, indique le document, la confiance dans les gouvernements nationaux a baissé de 2 points de pourcentage (pdp) en moyenne depuis 2021 où la première a été menée. De manière spécifique, l’enquête révèle que la confiance dans la police (63 %), le système judiciaire (54 %), la fonction publique (45 %) et les autorités locales (45 %) est supérieure à celle dont bénéficient les gouvernements nationaux (39 %). Les parlements nationaux et les partis politiques enregistrent des niveaux de confiance moindres, avec respectivement 37 % et 24 % de personnes.

La baisse générale de la confiance dans l’appareil étatique est attribuable en partie aux femmes et aux personnes ayant un faible niveau d’instruction, dont la confiance dans les gouvernements nationaux a diminué de 5 pdp. Globalement, les personnes qui s’estiment en situation d’insécurité financière et celles qui s’identifient comme appartenant à un groupe objet de discrimination font état, de manière constante, de niveaux de confiance inférieurs vis-à-vis du gouvernement de leur pays. Entre ceux qui estiment avoir leur mot à dire sur ce que fait le gouvernement et ceux qui pensent ne pas l’avoir, l’écart de confiance est de 47 pdp.

Avoir son mot à dire

Un écart net est noté entre les niveaux de confiance concernant les interactions courantes avec l’administration, déterminants majeurs de la confiance, et la confiance dans la capacité du gouvernement à prendre des décisions importantes sur des questions stratégiques complexes qui impliquent des arbitrages entre les intérêts de différents groupes de la société. Une majorité des personnes ayant récemment utilisé les services publics concernés se disent relativement satisfaites des systèmes de santé (52 %), d’éducation (57 %) et des services administratifs (66 %) de leur pays. Plus de la moitié des enquêtés (52 %) estiment que les institutions publiques utilisent leurs données personnelles uniquement à des fins légitimes et qu’ils seront traités de manière équitable s'ils demandent à bénéficier d’une allocation ou d’une aide publique.

En revanche, 37 % des personnes interrogées estiment que le gouvernement de leur pays concilie les intérêts des différentes générations. Environ 40 % d’elles pensent qu’il parviendra à réguler les nouvelles technologies de manière adéquate ou à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les dix prochaines années. Plus préoccupant, seulement 30 % des enquêtés estiment que le système politique leur permet d’avoir leur mot à dire, que les avis formulés lors de consultations publiques seront pris en compte ou que leurs gouvernements parviennent à se prémunir contre l’influence du monde des affaires. De plus, 38 % croient en l’efficacité des fonctions de contrôle et de contre-pouvoir du parlement.

Les médias ne sont pas en reste : 22 % des personnes qui préfèrent ne pas suivre l’actualité politique accordent au gouvernement une confiance élevée ou modérément élevée, contre 40 % de ceux qui suivent cette actualité d'une façon ou d'une autre.

Que faire ?

L’enquête sur la confiance (Ocde, 2024) indique que la majorité de la population est satisfaite des informations disponibles sur les services administratifs (67 %). En revanche, seulement 39 % des personnes interrogées considèrent que la communication portant sur les réformes de politique publique, un déterminant important de la confiance, est adéquate. Dans cette veine, seulement un tiers des enquêtés pensent que les statistiques publiques sont fiables, faciles à trouver et à comprendre.

C’est dire donc que les pouvoirs publics ont du grain à moudre pour répondre aux attentes croissantes de leurs citoyens. L’Ocde appelle alors au renforcement des processus qui sous-tendent la gouvernance démocratique. Il est question de faire en sorte que les voix des citoyens soient entendues, de renforcer la séparation des pouvoirs et les contre-pouvoirs, recommande l’Organisation. Aussi, elle suggère de s’appuyer davantage sur des éléments concrets, transparents et vérifiables lors de la prise de décision, et de concilier les intérêts des différentes catégories de population pour améliorer la confiance, notamment dans les gouvernements nationaux.

Des solutions plus constructives et plus inclusives sont à rechercher en vue d’améliorer la participation des citoyens et leur influence sur les processus décisionnels. Les pouvoirs publics gagneraient, selon l’Ocde, à communiquer plus activement sur les éléments d’appréciation, les travaux de recherche et les statistiques qui sous-tendent leurs décisions, et à s’assurer que les données sont ouvertes et vérifiables. De plus, il convient d’expliciter les effets des réformes sur les citoyens et de promouvoir un paysage médiatique sain, pluriel et indépendant, qui procède aux vérifications et équilibrages nécessaires dans l’écosystème informationnel.

La confiance dans l’ensemble des institutions pourrait également tirer profit de l'intégrité et la lutte contre la corruption, du renforcement du contrôle et des contre-pouvoirs au sein du système politique