La Nation Bénin...
La Cour d’appel d’Abomey a effectué, ce jeudi
12 octobre, sa rentrée judiciaire 2023-2024. Au cours d’une audience
solennelle, le premier président de cette cour, Jacques Hounsou a passé au
peigne fin le thème de cette année intitulé "Les défis du volume et de la
complexité des affaires en matière foncière". C’est en présence de la
famille judiciaire du Bénin et de plusieurs autorités politico-administratives.
Toute la famille judiciaire était représentée,
hier jeudi, à la Cour d’appel d’Abomey pour prendre part à la rentrée
judiciaire 2023-2024. Le président Jacques Hounsou et le procureur général
Christian Atayi étaient heureux de compter parmi les invités le président de la
Cour suprême, Victor Dassi Adossou et le représentant du ministre de la
Justice, Gilbert Togbonon et autres. La rentrée judiciaire a porté sur le thème
"Les défis du volume et de la complexité des affaires en matière
foncière".
La loi n° 2013-01 portant Code foncier et
domanial en République du Bénin définit les nouvelles dispositions légales en
matière, entre autres, des modes d’accès à la propriété, des droits réels
immobiliers, de la copropriété, des délais applicables aux opérations liées au
foncier et aux terres domaniales, des étapes de la procédure de confirmation de
droits fonciers, de la procédure de confirmation des droits à partir du plan
foncier rural, de l’expropriation pour cause d’utilité publique, etc.
A travers les 543 articles du Code foncier
béninois transparaissent la volonté de l’Etat de réaffirmer son droit de
détention du territoire national, les droits des individus et l’assurance de la
protection du droit de propriété foncière. De même que, comme nouveautés, la
prescription présomptive du droit de propriété qui ne s’applique cependant pas
au domaine public de l’Etat, la copropriété, le certificat de propriété
foncière qui remplace le titre foncier, l’encadrement légal de l’expropriation
pour cause d’utilité publique, comme de la notion de domaine public de l’Etat
et des collectivités publiques, la gestion des ressources naturelles. Ce sont
des dispositions que les tribunaux mettent en exécution pour réduire le flux
des contentieux fonciers.
La terre comme valeur marchande
A l’ouverture de l’audience solennelle, Me
Zacharie Baba Body, représentant des professions judiciaires, plante le décor
de la rentrée. Il passe en revue les péripéties des professions judiciaires
face aux nombreux dossiers fonciers référés devant les tribunaux.
« Les Béninois sont des férus des tribunaux
quand il s’agit de litiges fonciers et domaniaux », indique Me Zacharie Baba
Body. Il fait observer que la nouvelle Cour spéciale créée pour connaître des
différends fonciers compte déjà plus de 8 000 dossiers sur sa table. Me Baba
Body n’occulte pas non plus la délicatesse et la sensibilité des dossiers
fonciers dans une société où la terre a une valeur marchande et est souvent
source de litiges interminables.
Pour que la justice puisse traiter efficacement
et dans le délai ces dossiers, l’avocat plaide pour un allègement de la masse
de travail affectée à chaque magistrat. Selon lui, « rendre justice a un coût
mais pas de prix ». C’est un des moyens de vaincre les écueils.
A la suite de Me Baba Body, le procureur
général près la Cour d’appel d’Abomey, Christian Atayi, a dans ses réquisitions
mis l’accent sur le nombre insuffisant de magistrats qui doivent faire face à
une masse considérable de dossiers. Pour freiner un tant soit peu l’insécurité foncière,
le procureur général dit espérer des efforts de la chancellerie pour la
spécialisation des magistrats et l’amélioration du cadre de travail. C’est la
thérapie pour effectivement imprimer un nouvel élan aux tribunaux sous la
juridiction de la Cour d’appel d’Abomey.
Le président de la Cour d’appel d’Abomey,
Jacques Hounsou propose la même thérapie pour faire face à l’insécurité
foncière. A cet effet, il dira que sur les huit tribunaux (Abomey, Lokossa,
Aplahoué, Savalou, Dassa, Savè, Comé et Covè) de son ressort, seuls six sont
opérationnels. Savè et Covè attendent toujours d’être ouverts. Et les chambres
foncières et pénales sont les plus sollicitées. Alors, pour le compte de cette
rentrée judiciaire, le président Hounsou souhaite le désengorgement des autres
tribunaux qui passe par l’ouverture des tribunaux de Savè et de Covè.