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Barthélemy Adoukonou, promoteur de boxe: « Nous voulons porter haut l’étendard de notre pays »

Sports
Par   Pintos GNANGNON, le 24 août 2017 à 06h19

Le Bénin a toujours été l’un des précurseurs de la boxe en Afrique, avec plusieurs titres africains remportés par nos compatriotes. Barthélemy Adoukonou, ancien boxeur, entraîneur de boxe, se bat tous les jours pour mettre sur orbite la boxe béninoise. Il organise en septembre prochain un championnat mondial avec titres soutenu par le Gouvernement qui offre un ring olympique. Il nous livre ici quelques informations sur les préparatifs de l’évènement.

La Nation : Qu’est-ce qu’un championnat du monde avec titre ?

Barthélemy Adoukonou : Un championnat du monde avec titre, c’est un combat qui met aux prises deux adversaires. Ça peut être un champion en titre ou un titre vacant. Le plus souvent, le champion en titre dans la prise de la ceinture a le l'obligation d’organiser une défense chez lui. Après, d’autres pays le sollicitent et il y va.
Dans le cas d’espèce, les titres sont vacants. Il faut être du milieu pour comprendre le mécanisme par lequel on passe pour avoir accès à cette organisation. Moi, votre serviteur Barthélemy Adoukonou, je suis un promoteur. J’ai quand même un certain nombre d’années d’expériences. Je suis le représentant de l’Ibu (International Boxing Union des Etats-Unis d’Amérique) pour l’Afrique. Le président du comité exécutif est américain et vit aux Etats-Unis. Nous avons fait quelque chose avec eux depuis 2014. Pour la première fois que le gagnant a organisé un titre mondial. Ce qui a eu un succès éclatant avec nos compatriotes Ange Adjaho et Victor Kpadonou qui ont décroché avec brio ces titres-là. Malheureusement, cette situation a été décidée sur un tapis vert.

Pourquoi ?

C’est parce qu’il faut défendre les titres. Les ceintures ne sont pas la propriété du Bénin, mais celles du monde entier. Mais dès lors que vous n’avez pas organisé la défense, les institutions vous donnent quelques mois de sursis. Si vous ne réagissez pas, c’est que c’est parti. Dans le cas d’espèce, nos collègues dont je viens de citer les noms résident aux Etats-Unis. Ils sont expatriés. Je ne pense pas que les conditions dans lesquelles les choses se passaient me permettaient d’aller encore au combat.
D’abord organiser un combat simple n’est pas facile. Donc un titre mondial est une grande bataille, il faut prendre beaucoup de risques. Mais quand vous êtes un patriote, il faut savoir choisir un endroit où vous ferez la promotion de votre pays. En tant qu’ancien boxeur, entraîneur, promoteur, organisateur, moi j’ai choisi de mener cette lutte. La boxe a été la discipline de consolation des nombreux échecs des sports béninois. Là où tout le monde tombe, nous sommes debout. De 1958 à ce jour, c’est la boxe qui a vraiment fait la fierté du Bénin. Mais aujourd’hui je suis heureux qu’il y ait d’autres disciplines qui font beaucoup d’efforts, et je les félicite au passage et leur demande de continuer comme ça.

La compétition dont il est question se déroule quand ?

La compétition proprement dite devait se dérouler depuis le 5 août dernier. Mais pour des raisons que je m’abstiens d’énumérer ici, nous avons rallongé la date avec l’accord des membres des instances. Le ministre des Sports les a contactés pour leur demander de bien vouloir nous accorder encore quelques semaines encore pour ramener le ring qui a été commandé pour le Bénin ; c’est une innovation. Depuis 58 à ce jour, le Bénin n’a jamais eu un ring olympique digne du nom. Mais le Gouvernement actuel, par le biais du ministre Oswald Homéky, a voulu donner un ring flambant neuf olympique répondant aux normes internationales à notre pays. Donc le 9 septembre si tout va bien, le Bénin accueillera ledit championnat au palais des sports du stade de l’Amitié général Mathieu Kérékou.
Les pays pressentis à cette occasion sont les Etats-Unis, le Brésil, l’Espagne, la Géorgie, la Colombie, la Hongrie, l’Italie, la Belgique, la France, etc. La particularité dans ce domaine est qu’il faut être un boxeur classé, avoir un certain nombre de combats, avoir livré un combat dans les deux ou trois mois précédent le championnat. C’est en fonction de cela que quand le pays qui sollicite l’organisation du championnat s’acquitte des frais statutaires, on lui désigne officiellement des challengers. Compte tenu des dispositions que le ministère des Sports est en train de prendre, on connaîtra très tôt les adversaires et je pourrai par conséquent entrer dans les coulisses pour pirater avoir les films et les montrer aux garçons. Ce n’est que de cette manière qu’ils sauront les attitudes à adopter, une fois face à eux. C’est en ce moment que le travail technique commence.
Les Béninois attendus sont jeunes. Il s’agit de : Justin Savi, ancien champion du monde junior résidant aux Etats-Unis; Ghislain Vodounhessi qui a décroché un titre africain le 10 février dernier ; Clément Loko, un inconnu que le peuple aura le temps de découvrir ; Bénadja Gomina, un gaucher naturel. Nous voulons tourner la page de nos jours et faire la politique d’aujourd’hui, qui consiste à mettre l’accent sur la jeunesse. Ce sont des instructions que j’ai reçues de la fédération et surtout du ministre Homéky qui en fait une condition.

Le 27 juillet 2014, une pareille compétition a été organisée. Rappelez-nous comment cela s’était passé !

Les gagnants étaient nos compatriotes Ange Adjaho et Victor Kpadonou. Ce dernier a gagné face à un Américain. C’était un combat âprement disputé. Le Bénin a eu le mérite de gagner. Sur les douze (12) reprises, le Bénin avait cent-dix-huit (118) points et l’autre avait quatre-vingt-neuf (89) points. La différence est énorme. C’est ainsi que les deux Béninois qui ont participé au championnat ont décroché le titre pour la première fois pour le Bénin.

Cette compétition n’a pas eu de suite ?

Pas du tout ! Puisqu’il faut faire la défense six mois après. Malheureusement, on ne l’a pas fait et les titres sont partis depuis. C’est pourquoi nous voulons corriger pour inonder le marché. Partout, vous allez voir les boxeurs béninois dans les grands classements mondiaux et continentaux.

Vous voulez organiser une compétition continentale et mondiale, mais est-ce que les problèmes de personnes sont enfin réglés ?

Le Bénin est champion dans ça. Mais je m’en fous éperdument. J’ai choisi de faire la promotion de mon pays. Les qu’en dira-t-on ne sont pas importants. Je tiens à souligner que le plus important pour moi, c’est de porter haut mon pays. Donc je ne fais guère attention aux problèmes pouvant me détourner de mon objectif, dont les guerres des personnes. Je ne me soucie pas de ce que les gens pensent ou font contre ma personne. Ils font ce qu’ils veulent, mais n’ont pas ce qu’ils veulent.

Est-ce que le niveau de la boxe béninoise aujourd’hui nous permet d’espérer ?

Cette question a deux volets. Parlant de la boxe amatrice, il est vrai que cela est le rôle premier de la fédération béninoise. Le président de la fédération et le comité se battent pour que les choses reviennent à la normale. Le championnat national aura lieu très prochainement, et ce n’est qu’après cela, que nous détecterons ceux qui sont aptes à intégrer l’équipe nationale.
Sur le plan amateur, le Bénin va rencontrer le Mali ou le Sénégal. C’est dans cette compétition que nous pourrons mettre nos boxeurs en jambe pour les autres africaines ou mondiales. Ils ont été éliminés la dernière fois au Congo, mais ce n’est que partie remise. Dans les tout prochains jours, il n’y aura pas de problème.
Mais en ce qui concerne la boxe professionnelle dont je suis l’un des acteurs, je suis sûre des jeunes qui participeront au championnat. Je n’entends pas organiser un évènement pour ternir l’image de mon pays. C’est notre façon à nous de boucher la jarre trouée de Guézo.

Avez-vous un appel à lancer ?

Je voudrais remercier le chef de l’Etat, le ministère des Sports, le président et de tous les membres de la Fédération béninoise de boxe et de tous les acteurs de la boxe béninoise.
Je demande à tout le monde de s’unir pour porter le Bénin afin que ce soit une fête populaire sportive. Le Gouvernement et la fédération ont décidé de jouer leur partition. Mais je demande aux sponsors de bien vouloir se mobiliser autour du championnat car un évènement de cette envergure ne court pas les rues. C’est un combat international.
Au peuple béninois, je demande de ne pas faire attention à ma personne, mais plutôt à cet évènement qui révèlera notre pays au monde entier. Je m’excuse en passant, auprès de ceux que j’ai offensés d’une manière ou d’une autre.
Sowéto est un nom qu’on ne peut jamais oublier au Bénin. Nous allons ramener des jeunes capables d’être à côté de Sowéto dont l’ombre va certainement planer dans la salle, le jour du combat. Il fut mon directeur technique avant de s’en aller le 15 décembre 1990. Cela fera donc 17 ans qu’il nous a quitté. Je saisis donc cette occasion pour demander à tout le monde d’avoir une pieuse pensée pour lui et de faire quelque chose pour sa fille Germaine.
Les séances d’entraînement de nos boxeurs ont commencé le 02 février dernier. J’attends les instructions du ministre pour les loger dans un hôtel sécurisé de la place pour continuer le travail. Car pour le moment ils sont chez Coi. Ils sont déterminés et prêts à boxer tout de suite?