La Nation Bénin...
Démuni de tout et du minimum, le Boxing club de Parakou n’existe que de nom. Il y a longtemps qu’il aurait déjà fermé, n’eurent été ses pugilistes qui, prenant leur courage à deux mains, continuent de maintenir la baraque debout.
Présents depuis 15 h au Centre des arts et sports (Cas) de Parakou, cet après-midi du samedi 19 mai, les pugilistes du Boxing club se préparent pour leur séance d’entraînement. En attendant l’arrivée de leur entraîneur, François Sègla Barra, c’est le plus expérimenté parmi eux, l’international Imorou Tandja, qui a pris le commandement. Au Palace sporting club de Garadima Fataou alias Boro où ils se retrouvent désormais, après avoir délaissé le stade omnisport qui abrite leur base, il est occupé à donner les dernières consignes.
Mais à peine le petit groupe constitué d’une demi-douzaine de pugilistes a-t-il entamé sa séance de mise en jambe, que l’entraîneur fit son irruption sur les lieux. La soixantaine et forçant le respect, François Sègla Barra donne l’impression d’avoir une bonne maîtrise de son métier.
Invité à présenter son club, il a indiqué qu’il a été créé depuis 2010 et compte actuellement une vingtaine de pugilistes. Le Boxing club a toujours participé aux compétitions statutaires de la Fédération béninoise de boxe et aux activités organisées sur le plan départemental. Au nombre des grands noms de pugilistes du club, François Sègla Barra cite : Garadima Fataou alias Boro, Imorou Tandja, Baba Damagui Zakari, Diallo Izath. « Garadima Fataou a été champion des poids lourds en 2016. Il se prépare pour son combat néo-professionnel qui aura lieu dans quelques mois à Parakou. Quant à Imorou Tandja, il a plusieurs fois été médaillé et participé, avec l’équipe nationale, à plusieurs combats à l’extérieur », confie-t-il, fier de lui-même. Au regard des conditions dans lesquelles ses poulains et lui travaillent, il ne pourrait en être autrement.
Des difficultés énormes
« Si ce n’est pas la passion que nous avons pour le noble art, il y a longtemps que nous aurions déjà tout laissé tomber à Parakou », avoue l’entraîneur. De tous les clubs de boxe au Bénin, le Boxing club doit apparemment être le plus démuni. Le seul signe positif, c’est qu’il peut se réjouir d’avoir un local, lequel malheureusement n’est pas équipé.
En effet, ses pugilistes s’entrainent sur la terre ferme. Il ne dispose pas de ring, de sacs et de cordes pour les exercices et la préparation physique. La ligue départementale de boxe du Borgou, selon l’entraîneur, a mené des démarches qui, jusque-là, n’ont pas abouti. « Entretemps, un ring a été amené de Cotonou, mais ils sont venus le chercher sous la promesse de nous le retourner après réparation. C’est depuis près de cinq ans. Nous attendons toujours », a signalé François Sègla Barra. « Au niveau de la ligue, ils ne sont que deux, le président et son vice-président que nous voyons souvent. Mais je dois remercier le président de la Fédération béninoise de boxe, Germain Mèhinto, qui essaie de penser à nous, en nous envoyant de la subvention », a-t-il poursuivi.
Suite au décès de l'’ex-président du club, feu Hubert Ayosso, c’est son vice-président Abdoulaye Grozo qui a pris sa succession. Sinon, qu’il y a près de dix ans que le bureau du club a été mis en place. Aujourd’hui, ses membres se préparent à procéder au renouvellement du bureau?
Imorou Tandja Wali, un espoir du noble art béninois
La vingtaine, Imorou Tandja Wali est un boxeur amateur dans la catégorie des légers, - 60 kg. Vice-champion d’Afrique, il espère devenir un professionnel dans les prochaines années. Il travaille pour cela. En témoignent sa rigueur et son sérieux à l’entraînement. Dans son club qui lui a permis de se révéler, il est considéré comme un modèle par ses collègues.
Imorou Tandja Wali a de la pugnacité, du punch et de la fougue sur le ring. Autant de qualités qui justifient sa présence en équipe nationale. Ce qui lui a donné l’occasion de représenter, à plusieurs reprises, le Bénin à diverses compétitions sur le plan africain. Tout dernièrement, il était à Conakry en Guinée. Il a malheureusement perdu en finale face à un adversaire guinéen. Il était avec Adam Salanon, un pugiliste de la catégorie des - 49 kg. Ensemble, ils ont remporté trois médailles dont une en or et deux en argent.
« On se débrouille », fait-il observer, par rapport aux difficultés que rencontre son club. Cette situation le défavorise chaque fois qu’ils participent au championnat national, face à ses homologues pugilistes de Cotonou. « Avant de les affronter, nous nous sommes déjà battus. C’est grâce à notre courage, que nous parvenons à leur tenir tête. Ils ont un ring à leur disposition et s’entraîneront de jour comme de nuit, parce qu’ils ont la lumière. C’est à même le sol que nous nous entraînons ici à Parakou avec les moyens précaires en plus », laisse-t-il entendre. « C’est l’amour que nous avons pour la discipline qui fait qu’on s’y accroche. Personne, ni la mairie, ni la direction départementale des Sports, ne vient à notre secours. A ce rythme, le noble art risque de ne plus se pratiquer à Parakou », informe-t-il.
Selon Imorou Tandja Wali, ce ne sont pas les valeurs et les talents qui manquent dans tout le septentrion. « Que ce soit à Parakou, à Kandi, à Nikki, à Malanville, à Tchaourou, les jeunes veulent s’adonner à la boxe, mais ils hésitent parce qu’il n’y a pas les moyens. Regardez les conditions dans lesquelles nous travaillons », insiste le jeune pugiliste.
Il a en vue une compétition, mais il se prépare seul. Aussi invite-t-il une nouvelle fois les autorités et les bonnes volontés à lui venir en aide ainsi qu'à son club. Un appel qu’Idrissou Mabrouck, son parrain, n’a pas du tout attendu, avant de voler à son secours. Dans la mesure de ses possibilités, il lui apporte son appui. « Ce n’est pas facile. J’essaie de l’encourager », soutient-il pour justifier sa présence aux côtés de jeune Ecureuil pugiliste.