La Nation Bénin...
La Coupe d’Afrique des
Nations Côte d’Ivoire 2023 s’est achevée, dimanche 11 février dernier à
Abidjan, avec des fortunes diverses pour les sélections participantes. Entre
les résultats et les événements surprises de cette édition, il y a de grands
enseignements et des modèles dont peuvent s’inspirer les dirigeants du football
béninois.
La Coupe d’Afrique des
Nations 2023 s’est achevée depuis le dimanche 11 février dernier avec son lot
de surprises, d’émotions et surtout d’enseignements non seulement pour les
nations participantes mais aussi pour les pays absents comme le Bénin. Quart de
finaliste en 2019 en Egypte et absent aux deux dernières éditions de la
compétition au Cameroun et en Côte d’Ivoire, le Bénin, en panne de réussite,
peut bien s’inspirer des modèles de la Guinée équatoriale, de l’Afrique du Sud,
de la Mauritanie, du Cap-Vert et de la Côte d’Ivoire afin de monter en graine
avant les prochaines éliminatoires. Car, faut-il le rappeler, avec une défaite
face à l’Afrique du Sud (2-1) et un match nul face au Lesotho lors des
éliminatoires du Mondial 2026, la sélection nationale du Bénin devenue «Les
Guépards du Bénin » depuis le 17 février 2023, n’arrive pas à trouver ses
repères depuis quelques mois. Avec 1 point -1, l’équipe conduite par le
franco-allemand Gernot Rohr occupe la dernière place dans le groupe C derrière
le Rwanda (1er) avec 4 pts +2, l’Afrique du Sud (2e) avec 3 pts -1, le Nigeria
(3e) avec 2 pts, le Lesotho (4e) avec 2 pts et le Zimbabwe (5e) avec 2 pts.
C’est dire que les dirigeants du football béninois doivent prendre de nouvelles
initiatives pour relancer la dynamique et garantir une bonne fin des
éliminatoires du Mondial 2026 et une qualification à la Can Maroc 2025.
S’inspirer donc du parcours et de l’étonnante réussite de la Guinée équatoriale
et du Cap-Vert ne sera pas mauvais pour une équipe béninoise en perte de
cohésion depuis le départ de Michel Dussuyer.
Quart de finaliste de la
dernière édition de la Coupe d’Afrique des Nations, la Guinée équatoriale est
l’un des modèles de réussite de la Can ivoirienne. Sous la houlette de Juan
Micha Obiang, un technicien local, cette équipe sans aucune star mondialement
connue, a misé sur son collectif et des joueurs d’expérience comme Emilio Nsue
et Ivan Salvador qui évoluent dans de "petits" championnats en
Espagne pour écrire son histoire. Pour les experts du comité technique de la
Caf, c’est en travaillant sur la durée et en basant son jeu sur le style
espagnol que la Guinée équatoriale, 88e nation au classement Fifa, est parvenue
à tenir en échec le Nigéria, 8 fois finaliste à la Can (1-1), avant de
surclasser la Guinée-Bissau (4-2), puis d’infliger une humiliation historique
au pays hôte, la Côte d’Ivoire (4-0), aujourd’hui championne en titre.
L’école cap-verdienne
En dehors du Nzalang
national, le Bénin peut aussi aller à l’école du Cap-Vert qui a terminé en tête
du Groupe B devant l'Egypte, qui détient le record de victoires sur le
continent avec 7 titres, le Mozambique et le Ghana, quadruple champion
d’Afrique. Les « Requins Bleus » ont travaillé aussi sur la durée après leurs
participations en 2013, 2015 et 2022. Avec un sélectionneur local, le Cap-Vert
a confirmé sa constante progression en atteignant pour la seconde fois
d'affilée les huitièmes de finale de la Can.
Avec des joueurs qui ont une certaine expérience du haut niveau et une
moyenne d’âge de près de 30 ans, le Cap-Vert est resté dans la dynamique de
l’excellent travail qui est fait dans les zones Ufoa A et B qui sont les plus
représentées à la Can avec la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Ghana, le Mali, le
Burkina Faso, le Sénégal, la Guinée, la Guinée Bissau et la Gambie. En dehors
du Toulousain Logan Costa et du Bastiais Dylan Tavares, les autres joueurs
évoluent dans des championnats moins huppés en Europe.
A l’instar du Cap-Vert qui
a effectué le rappel de tous ses talents sur le continent africain, en Espagne,
en Turquie et au Portugal ; le Bénin, pays de l’Ufoa B, devrait aussi asseoir
un dispositif bien huilé pour non seulement détecter mais aussi suivre tous les
joueurs capables de défendre les couleurs nationales. Si des joueurs comme
Willy Semedo qui évolue en Chypre et Jamiro Monteiro (San José Earthquakes aux
Etats-Unis) ont pu amener le Cap-Vert en quart de finale de cette Can 2023, les
dirigeants du football béninois doivent comprendre qu’il ne s’agit pas
d’évoluer dans un championnat connu pour bénéficier d’une sélection en équipe
nationale mais qu’il est question de disposer de temps de jeu dans son club.
Ils doivent donner les moyens au sélectionneur Gernot Rohr et à son staff
technique pour suivre les joueurs béninois évoluant dans tous les championnats
du monde afin de réussir une bonne sélection avant le démarrage des
éliminatoires de la Can 2025 et la suite des éliminatoires du Mondial 2026 où le
Bénin est attendu par le Nigeria, vice-champion d’Afrique et le Rwanda en juin
prochain.
La recette
sud-africaine
Un championnat local bien organisé est un tremplin pour la sélection nationale. C’est ce que l’Afrique du Sud a compris depuis quelques années et elle en a donné la preuve lors de la Can ivoirienne. En se basant sur une ossature locale, les Bafana Bafana de l’Afrique du Sud ont disputé pour la première fois depuis 24 ans, les demi-finales d’une phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations ; avec une sélection dont la majorité des joueurs évoluent sur le sol sud-africain. Sur les 23 joueurs retenus par le sélectionneur Hugo Broos, 20 jouent chaque week-end sur les pelouses du championnat local, la Premier Soccer League. En dehors de l’attaquant Percy Tau qui porte le maillot d’Al Ahly en Égypte, de Sphephelo Sithole qui joue à Tondela (Portugal) et de Mihlali Mayambela qui est à Aris Limassol (Chypre), tous les autres joueurs de la nation arc-en-ciel évoluent en Afrique du Sud. Cela a permis au technicien belge Hugo Broos d’asseoir une équipe solide et de finir la compétition sur le podium, sans une vedette européenne. À la tête de la sélection des Bafana Bafana depuis 2021, il a donc bénéficié de la puissance du championnat sud-africain, tiré vers le haut par le Mamelodi Sundowns (détenu par le richissime Patrice Motsepe, également président de la Caf). D’ailleurs, pour atteindre son objectif, l’entraineur sud-africain s’est basé sur 9 joueurs du Mamelodi Sundows, vainqueur de la Ligue des champions africaine 2016 et de la Ligue africaine 2023. Le Bénin doit s’inspirer de ce modèle en organisant mieux ses championnats. Il s’agira pour les dirigeants de donner plus de moyens financiers et d’infrastructures aux clubs locaux pour bien animer les différents championnats nationaux. La mise en place de structures techniques appropriées pour suivre les joueurs est également importante pour détecter les meilleurs joueurs locaux. Tout comme le championnat égyptien durant la décennie 2000, le championnat sud-africain est bien organisé et constitue l’un des meilleurs viviers du continent dont les pays comme le Bénin, pourraient s'inspirer afin d’avoir une bonne ossature pour leur sélection nationale.
Focus sur l’objectif !
Au-delà des modèles de
réussite dans ce tournoi, le Bénin doit tirer aussi des enseignements du
parcours de la Côte d’Ivoire, pays hôte, qui au plan administratif, a fait
preuve d’audace lors du tournoi. Ce faisant la Côte d’Ivoire devient le premier
pays ayant remporté le tournoi après avoir changé de sélectionneur en cours de
route. C’est dire qu’il faut se fixer des objectifs avant toute compétition et
prendre des décisions importantes si les résultats ne convergent pas vers
l’objectif fixé. Qu’il vous souvienne que sous l’égide du technicien français
Jean-Louis Gasset, la Côte d'Ivoire a terminé la phase de poules avec trois
points dans le groupe A ; suite à sa défaite 1-0 contre le Nigeria et son
unique victoire 2-0 contre la Guinée-Bissau lors du match d'ouverture. Frôlant
l'élimination de son équipe dès la phase de poules, la Fédération ivoirienne de
Football (Fif) a décidé de se séparer du sélectionneur français et de son
adjoint Ghislain Printant pour « résultats insuffisants». C’est ainsi que Jean-Louis
Gasset est remplacé par l’ancien international Ivoirien Emerse Fae. Cette
décision a été importante dans la suite du tournoi avec le nouveau management
incarné par un staff local qui a conduit l’équipe jusqu’à la victoire finale.
Il ne faut donc pas attendre que l’équipe nationale s’enlise totalement avant
de prendre les décisions qui s'imposent pour l’avenir. Un signal fort pour les
dirigeants du football béninois qui doivent reconsidérer le cahier des charges
de l’actuel sélectionneur du Bénin Gernot Rohr. Si son objecif est de qualifier
le Bénin pour le Mondial 2026, il va falloir redéfinir clairement les choses
avant les 3e et 4e journées prévues pour le mois de juin prochain, afin que les
responsabilités soient situées au lendemain de ces sorties.