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Charles Bèwa, président des Tigresses de Cotonou, à propos du football féminin: « Il n’y a pas de motivations de la part des dirigeants du sport chez nous »

Sports
Par   Christian HOUNONGBE, le 12 avr. 2018 à 08h12
[caption id="attachment_28787" align="alignnone" width="1024"]Charles Bèwa, président des Tigresses de Cotonou[/caption]

Rencontré en marge de la deuxième édition du tournoi de football féminin doté du Trophée « Milôkpéhou », Charles Bèwa, président fondateur des Tigresses de Cotonou, présente l’état des lieux et projette l’avenir du football féminin au Bénin.

La Nation : Quel regard avez-vous sur le football féminin dans notre pays ?

Charles Bèwa : Une appréciation négative. Chez nous, les filles ne sont pas en championnat et souvent elles sont laissées à elles-mêmes. Il n’y a aucun accompagnement de la Fédération béninoise de football ni du ministère en charge des Sports. Personne ne nous encourage. Nous sommes laissés à notre sort.

Que faut-il faire aujourd’hui pour que le football féminin puisse décoller au Bénin ?

Il n’y a pas de miracle. Il faut que les autorités sportives prennent leur responsabilité afin de faire du football féminin une priorité comme le football masculin, en motivant les filles à jouer au ballon.

Est-ce que vous pensez que la faute incombe seulement aux autorités ?

Oui, car c’est d’abord eux qui dispose des moyens d’accompagnement. De plus, c’est eux qui définissent les politiques de développement du sport dans notre pays.

Comment se passe la collaboration entre vous et les parents des joueuses ?

Ce n’est pas facile notre collaboration. Sinon, certains parents accompagnent leurs filles dans la pratique du football en leur achetant des équipements. En tant que responsable de clubs féminins, on aide parfois les parents à suivre le cursus de leurs filles en leur payant la scolarité ; et les filles sont libres de venir à l’entrainement.

Parlez-nous de l’histoire du football féminin au Bénin?

Le football béninois a commencé au Bénin en juillet 1974. C’est à partir de cette année-là que les Béninoises ont commencé par jouer au football. Je peux dire que de 1974 à 1979, nous sommes restés entre nous. A partir de 1988, on a commencé par sortir. Personnellement, je suis entré au football féminin en 1986. Notre premier exploit, c’était en 1991 où on a été deuxième d’un tournoi international au Nigeria. Dans les années 2000, on a participé à des tournois et compétitions sous-régionales. Malheureusement, c’est la descente aux enfers depuis plus d’une décennie.

Un football féminin qui s’adosse sur les filles nigérianes ?

Vous venez de poser un réel problème. C’est ce qui décourage la plupart de nos joueuses. Lors des éliminatoires de la Can féminine en 2006, nos filles ont été laissées en rade au profit des joueuses nigérianes. C’est bien triste mais c’est l’occasion d’en parler. Cette gestion du football féminin est également à dénoncer. Souvent deux ou trois sont souvent sélectionnées et c’est tout.

Comment les responsables de clubs de football s’organisent-ils pour aller contre ses pratiques ?

Nous avons désormais mis en place une association des clubs de football féminin pour évaluer tout ce qui se fait dans le secteur et nous défendre au besoin. C’est d’ailleurs ce qui a favorisé l’organisation du dernier championnat du football féminin chez nous.

Pour conclure cet entretien, un message à l’endroit des membres de la Fédération béninoise de football et du ministère en charge des Sports ?

Il faut qu’ils pensent davantage à nous soutenir moralement et financièrement. Qu’ils organisent régulièrement le championnat. Les filles viennent régulièrement à l’entrainement et n’attendent que les compétitions pour montrer de quoi elles sont capables. En absence de compétitions, certaines filles vont à l’extérieur du pays. Nos joueuses sont actuellement au Togo où elles jouent dans le championnat togolais.