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Crise du football au Bénin: Les regards à nouveau tournés vers la Fifa

Sports
Par   Maurille GNASSOUNOU A/R Borgou-Alibori, le 06 mai 2016 à 08h00

Malgré les injonctions adressées par la Fifa au Comité de normalisation (Conor), le Congrès électif du nouveau Comité exécutif de la Fédération béninoise de football n’a pas eu lieu mercredi 4 mai dernier. C’est ce que les émissaires qu’elle a, de concert avec la Caf, dépêchés au Bénin, ont pu constater avant de reprendre leurs vols dans la soirée du mercredi dernier. Désormais, le Bénin n’a plus le destin de son football en mains.

Depuis mercredi 4 mai dernier, il est évident que le Bénin et son football ont donc décidé d’engager un bras de fer avec la Fifa. Ils ont choisi de passer outre les injonctions de l’instance faîtière du football mondial qui leur a demandé d’organiser impérativement à cette date, le Congrès électif du Comité exécutif de la Fbf, sous peine d’être sanctionnés.

Confiant qu’ils s’exécuteront, la Fifa avait, pour la circonstance, dépêché deux émissaires au Bénin. Il s’agit de Constant Omari Sélémani, membre du Comité exécutif de la Fifa et Me Prosper Abéga, président de la Commission d’Appel de la Caf. La Fifa l’avait déjà fait pour la rencontre initialement prévue le 4 avril dernier. Comme ce fut malheureusement le cas à l’époque, les deux émissaires ont constaté que l’élection du nouveau Comité exécutif de la Fbf n’a, une nouvelle fois, pas eu lieu, pour la simple raison que l’ordonnance N°43/2016 du 1er avril 2016 du président par intérim du Tribunal de première instance de Porto-Novo, n’a pas été rapportée. Dans sa décision, le juge demandait au Conor de suspendre jusqu’à nouvel ordre l’organisation du Congrès électif du Comité exécutif de la Fbf programmé pour les 3 et 4 avril derniers. Cette décision est toujours en cours, malgré l’existence d’un arrêt principe de la Cour suprême en 2012, qui fait office de jurisprudence en la matière.
En effet, de report en report, l’audience qui devrait permettre de vider le dossier, n’a jamais eu lieu.
Et pourtant, la Fifa, dans sa correspondance du 27 avril dernier adressée au président du Conor, Me Rafoiu Paraïso et signée par son secrétaire général par intérim, Markus Kattner, a fait un certain nombre de mise en garde au Bénin. « En ce qui concerne la décision du Tribunal de première instance de Porto-Novo, nous vous rappelons que les articles 14 et 19 des Statuts de la Fifa demandent aux associations membres de gérer leurs affaires de façon indépendante et sans l’ingérence d’aucun tiers. Dès lors et si le Congrès électif ne peut pas se tenir le 4 mai 2016 pour cette raison ou pour toute autre intervention externe à la Fbf, le cas sera référé aux instances compétentes de la Fifa afin de suspendre la Fbf », avait averti l’instance qui gère le football sur le plan mondial.

L'UNAMAB dans le débat

Mais comme pour s’inviter dans le débat, c’est le Bureau exécutif de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), qui s’est mis à rappeler à la Fifa que « … La justice, sans discrimination de pays, en ce qu’elle est une vertu et un rempart contre l’arbitraire, ne peut être soumise au bon vouloir d’une association sportive… ». L’Unamab invitera ensuite le Conor à se conformer sans délai à ladite ordonnance, demandant au gouvernement « … de se démarquer de cette pratique rétrograde et attentatoire à l’image de notre démocratie, qui consiste à s’opposer à l’exécution des décisions de justice ou à se conformer de façon sélective à celle-ci… ».
Quand bien même, il revient au Bénin de faire de son football ce qu’il aura voulu, tous les regards sont désormais tournés vers la Fifa. Après le compte-rendu que lui feront ses émissaires, elle avisera du sort du football béninois.
Avant de quitter le Bénin, mercredi 4 mai dernier en direction de Zurich par un vol d’Air France, Constant Omari et Prosper Abéga ont eu une séance de travail avec les membres du Conor. Ils étaient ensuite au cabinet du ministre en charge des Sports, Oswald Homéky. Pour éviter une suspension du Bénin, il a fait un plaidoyer à l’endroit des deux émissaires afin que la Fifa soit disposée à accorder un délai de grâce au pays. Ce qui lui permettra de finir les négociations qu’il a commencées avec toutes les parties en conflit. « Nous avons hérité d’une situation conflictuelle très avancée entre les différents acteurs et nous avons entrepris, sans grand bruit, de les rencontrer dès les premières heures de notre prise de fonction. Nos discussions avec chacune des parties ont été très fructueuses et je peux vous assurer que nous parviendrons à la réunification de la famille du football. Notre souhait est que la Fifa, bien qu’étant en droit de nous sanctionner comme annoncé, nous accorde un délai de grâce pour finaliser la médiation déjà en cours », aurait-il confié, selon certaines sources, à ses hôtes.
Espérons qu’il a été entendu par les deux émissaires de la Fifa. Toujours est-il que certains acteurs de la famille du football béninois craignent déjà la sanction et ses retombées négatives. D’autres l’appellent de tous leurs vœux. Selon eux, elle permettra au Bénin de mettre le temps à profit pour procéder à d’importantes réformes à la base au niveau de son football. Une préoccupation légitime n’est-ce pas ? Seulement, une fois suspendu, ce n’est pas facile de réintégrer à nouveau la Fifa. C’est par le point où tout a été arrêté, qu’il faut reprendre. Ainsi, à quoi aurait servi le bras de fer, si ce n’est pas pour servir la cause de quelques individus et non les intérêts du football béninois. ?