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Echecs répétés du Bénin aux Jeux olympiques: Nécessité de poursuivre les réformes

Sports
Il s'impose de redéfinir les objectifs pour les jeux olympiques Il s'impose de redéfinir les objectifs pour les jeux olympiques

Aux Jeux olympiques (Jo), le drapeau du Bénin ne flotte que pour la cérémonie d’ouverture. Une situation qui perdure depuis treize olympiades. En France, du 26 juillet au 11 août dernier, lors des Jo Paris 2024, les représentants béninois n’ont pas pu vaincre le signe indien. Ils ont quitté la compétition sans la moindre médaille. Un bilan qui interpelle… 

Par   Abdul Fataï SANNI, le 16 août 2024 à 06h23 Durée 3 min.
#33es Jeux olympiques Paris 2024

La série noire continue pour le Bénin qui participe aux Jo depuis 1972. Même si Pierre de Coubertin indique dans son discours prononcé le 24 juillet 1908 sur les valeurs de l'idéal olympique que «l'important, c'est de participer», force est de constater que les Jo présentent bien des enjeux. Si des pays comme le Botswana, la Côte d'Ivoire, le Cap-Vert, la Zambie (pour rester sur le continent noir, ndlr) ont décroché au moins une médaille aux Jo Paris 2024, le Bénin pouvait aussi en faire autant. Malheureusement, les représentants béninois ont été très tôt éliminés de la compétition. Valentin Houinato en judo et Noélie Yarigo au 800 m, qualifiés directement aux rankings ; Didier Kiki au 100 m ; Alexis Kpadé au 100 m nage dos et Eliane Douillet au 50 m nage libre retenus selon le principe d’universalité des Jeux n’ont pas réussi à émerveiller le public sportif béninois. Noélie Yarigo au 800 m a tenté de bouger les lignes mais en demi-finale (après avoir passé le premier tour avec une troisième place dans sa série, ndlr) elle a été confrontée aux réalités du haut niveau qui ne ment pas. Elle finit huitième pour rejoindre logiquement ses compatriotes qui eux, ont très tôt quitté la compétition. Un nouvel échec qui doit interpeller les dirigeants à divers niveaux du sport béninois.

Voir aussi: Jeux Olympique Paris 2024 : Le Bénin avec cinq athlètes, Odile Ahouanwanou absente 

Et pourtant…

Pourtant, le gouvernement béninois injecte depuis quelques années des milliards de francs Cfa dans le sport. Aux Jo Paris 2024, les ambassadeurs béninois étaient dépassés par le niveau de la compétition. L’inquiétude à ce niveau est que la majorité vit et s’entraine en France à l’exception de Didier Kiki qui est un local. Comment se fait alors la formation à l’interne ? A quoi servent les subventions que les fédérations sportives reçoivent chaque année ? Quels sont les objectifs assignés aux fédérations pour les Jo ? Comment le ministère octroie-t-il les subventions aux fédérations sportives et sur quelle base, pour quel objectif ? Tant d’interrogations qui interpellent le ministère des Sports et les autorités à divers niveaux sur la gestion des ressources allouées aux fédérartions au Bénin.

Même si des efforts se font au niveau du gouvernement, il reste beaucoup à faire pour aller chercher une médaille olympique. En matière d’infrastructures sportives, même si des stades omnisports sont construits dans le pays, il aura fallu aussi un encadrement technique adéquat pour espérer des résultats. Le Bénin souffre d’un manque d'infrastructures sportives modernes. Les installations existantes sont vétustes (stade de l'Amitié Général MK et Charles de Gaulle déclassés par la Fifa et la Caf, les pistes d’athlétisme ne répondant pas aux normes, ndlr) et ne permettent pas aux athlètes de s'entraîner dans des conditions optimales. Cette carence freine la préparation des sportifs et limite leur potentiel à l'international. De ce fait, la construction d'infrastructures sportives modernes doit être une priorité pour l’Etat béninois. De plus, il faudra recadrer le financement du sport au Bénin qui, malgré les efforts du gouvernement, reste insuffisant. Cette insuffisance budgétaire affecte la formation des athlètes, l'organisation de compétitions locales et la participation à des stages internationaux et à des compétitions mondiales. 

Quid de la formation des formateurs ?

Au Bénin, ce volet est un problème crucial. Pour des résultats dans le futur, le Bénin doit aussi miser sur la formation des formateurs car un bon enseignant produira de bons élèves. Et sans se leurrer, le Bénin manque de coachs et formateurs qualifiés, d'experts techniques capables d'accompagner efficacement les sportifs de haut niveau. Les méthodes d'entraînement, souvent dépassées, ne permettent pas de maximiser les capacités des athlètes béninois. A cela s’ajoute la préparation mentale qui est un aspect souvent négligé dans le sport béninois. Or, la gestion du stress, la concentration et la résilience sont des facteurs déterminants pour la performance en compétition. Les athlètes béninois ont montré des signes de fragilité psychologique, affectant leur rendement.

Quant à la détection des talents, il est crucial de mettre en place des programmes de détection des « perles rares » à travers tout le pays. Des compétitions locales et régionales peuvent servir de tremplin pour identifier et former les jeunes prodiges, en leur offrant des opportunités de développement. Le projet de construction des académies départementales vient au bon moment pour encadrer ces talents dans des conditions idoines avec le suivi qu’il faut. A cet effet, le projet des classes sportives doit être repensé ainsi que l’organisation autour du championnat national scolaire et celui universitaire dont éclosent assez de talents. Et, si le Bénin veut décrocher sa première médaille olympique, il devra se lever tôt et se mettre au travail avec un programme minutieux basé sur de vraies valeurs.

C’est maintenant ou jamais !