La Nation Bénin...
Les
Guépards du Bénin ont décroché, lundi 18 novembre dernier, leur billet pour la
Can 2025 au terme d’une campagne à rebondissements. Loin du stade Général
Mathieu Kérékou, Steeve Mounié et ses coéquipiers ont su relever le défi en
affichant un bilan honorable de deux victoires, deux nuls et deux défaites.
Retour sur les clés d’un exploit forgé dans l’adversité.
Au
bout de la nuit et dans le désert libyen, les Guépards du Bénin ont décroché,
lundi 18 novembre dernier, leur ticket pour la Can Maroc 2025. Steeve Mounié et
ses coéquipiers concluent de fort belle manière une campagne marquée par des
rebondissements et une résilience sans faille, en tenant en échec les
Chevaliers de la Méditerranée (0-0) au stade de Tripoli. Cette qualification,
qui contraste avec deux campagnes infructueuses lors des éliminatoires des Can
2021 et 2023, marque un exploit retentissant pour une équipe en quête de
restauration de l’honneur d’une nation où le football est bien plus qu’un
simple sport.
Lire
aussi : Can Maroc 2025 : Les
Guépards du Bénin qualifiés
Depuis
15 ans, les Guépards n’avaient plus obtenu de qualification loin de leur base.
La dernière fois, c’était en 2009 à Khartoum contre le Soudan, pour la Can 2010.
Mais au-delà de cet exploit historique, cette qualification est le fruit d'un
ensemble d'efforts stratégiques et collectifs. Contraints de jouer loin de
leurs terres à cause de la suspension du stade Général Mathieu Kérékou de
Cotonou, les Guépards du Bénin ont bénéficié d’un soutien sans précédent de la
diaspora béninoise en Côte d’Ivoire lors des matchs dits "à
domicile".
À cela s’ajoutent une reconstruction progressive de l’équipe nationale, menée avec minutie, ainsi qu’une préparation physique et mentale optimisée. Après un début difficile marqué par une défaite à l’extérieur contre les Super Eagles du Nigeria, la bande à Gernot Rohr a dû recourir à une reconfiguration stratégique et à une résilience inébranlable pour renverser la tendance et décrocher une qualification mémorable.
En Côte d’Ivoire, la diaspora béninoise a joué un rôle clé dans cette qualification. Sous l’impulsion d’Ernest Darboux, consul honoraire du Bénin en Côte d’Ivoire et premier supporter des Guépards, un vaste dispositif a été déployé pour mobiliser les supporters et unir les résidents autour de la sélection nationale. Des campagnes digitales ont permis au public d’obtenir des tickets gratuits pour se rendre au stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan où les matchs sont délocalisés. L’engagement des supporters béninois, soutenus par des artistes et influenceurs ivoiriens tels que Le Magnific et Willy Dombo, a créé une véritable ferveur populaire dans les rues d’Abidjan. Cet enthousiasme s’est étendu aux prières dans les églises et aux bénédictions dans les mosquées. Cette ferveur s’est traduite par un véritable douzième homme pour l’équipe, particulièrement lors des matchs décisifs. Face à la Libye lors de la deuxième journée, la victoire 2-1 a marqué un tournant décisif, illustrant la montée en puissance des Guépards.
Quelques jours plus tard, un éclatant 3-0 face au Rwanda a renforcé la confiance de l’équipe. Match après match, les Guépards ont montré une résilience admirable, méritant le soutien de tous. Dans les moments de doute comme face à des adversaires coriaces, ils ont su puiser dans leurs ressources collectives pour surmonter les obstacles. Ce n’est pas seulement une victoire sportive, mais une véritable leçon de persévérance, une inspiration pour une nouvelle génération déterminée à écrire les prochaines pages lumineuses du football béninois.
Mais au-delà du soutien populaire, c’est sur le terrain que la magie s’est opérée. Sous la houlette de Gernot Rohr, une nouvelle ossature a vu le jour. Le sélectionneur allemand a misé sur la jeunesse, intégrant des talents prometteurs issus de la Can Juniors 2023, tels que Dodo Dokou, Junior Olaitan, Ouorou Taminou et Imourane Hassane. Ces jeunes joueurs, animés d’une détermination sans faille, ont pris le devant des initiatives. Pour encadrer ces nouvelles recrues, des expatriés comme Cédric Hountondji, Yohan Roche, Andreas Hountondji ont apporté leur expérience, tandis que des cadres tels que le capitaine Steeve Mounié, Jodel Dossou, Tossin Ayégoun, Mohamed Tidjani, Olivier Verdon, David Kiki ont assuré une transition en douceur après les retraites internationales de Stéphane Sességnon, Michael Poté et Khaled Adénon figures emblématiques de la Can 2019.
Ce
savant dosage de jeunesse et d’expérience a permis de construire une équipe
équilibrée et compétitive, prête à relever les défis les plus ardus. A tout
cela, s’ajoute la préparation méticuleuse de l’équipe. Conscient des enjeux, le
staff technique a orchestré des stages stratégiques et des matchs amicaux face
à des adversaires de qualité comme la Côte d’Ivoire, championne d’Afrique en
titre, et le Sénégal, champion d’Afrique 2021. Ces confrontations ont permis
d’expérimenter différentes configurations tactiques et de renforcer la cohésion
du groupe, un élément clé de leur réussite.
La
Fédération béninoise de Football et le ministère des Sports, de leur côté, ont
assuré un soutien sans faille. Une organisation logistique rigoureuse, un suivi
attentif des joueurs évoluant à l’étranger, et un accompagnement moral constant
ont créé un environnement propice à la performance. Ce professionnalisme a
renforcé la confiance des joueurs et du staff, leur permettant d’aborder chaque
match avec sérénité et ambition.
Enfin, la solidité tactique imprimée par Gernot Rohr a été déterminante. Avec un système de jeu flexible, taillé sur mesure pour chaque adversaire, le sélectionneur a su tirer le meilleur parti des atouts de son équipe. Cette rigueur tactique s’est traduite par une défense compacte et une attaque redoutable, comme en témoignent les performances face au Nigeria et au Rwanda. Cette aventure, portée par une alchimie collective et une résilience inébranlable, marque le début d’une nouvelle ère où rêves et ambitions se conjuguent pour écrire une histoire qui inspire toute une nation.