La Nation Bénin...
Ancien joueur professionnel de rugby, Mathieu Diebolt a fait carrière dans plusieurs clubs français et a porté les couleurs des équipes de France jeunes. Aujourd'hui en voyage au Bénin, il porte son regard sur le développement du rugby en Afrique, l'avenir du rugby à 7 et l'évolution du championnat français.
La Nation : Bonjour Monsieur. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Mathieu Diebolt : Je m'appelle Mathieu Diebolt, ancien joueur de rugby professionnel. J'ai évolué dans plusieurs clubs français, notamment à Biarritz, Bourgoin et Castres. J'ai eu l'honneur de représenter la France dans les catégories jeunes, des moins de 19 ans aux moins de 21 ans, ainsi qu'en équipe universitaire. En 2000, j'ai remporté le titre de champion du monde avec l'équipe de France universitaire. Malheureusement, une blessure m'a contraint à mettre un terme à ma carrière en 2008. Aujourd'hui, je me trouve au Bénin aux côtés de mon amie Koumiba Djossouvi (marraine de Baobab rugby club de Cotonou), qui souhaitait me faire découvrir les richesses de ce pays et les initiatives mises en place pour le développement du sport.
Vous avez une certaine connaissance du rugby africain. L'Afrique du Sud domine cette discipline, mais comment appréciez-vous le niveau des autres nations africaines ?
J'ai un lien particulier avec le rugby africain, notamment grâce à mon ami Jean-Baptiste Goblet, qui a en charge le développement du rugby à l'Île Maurice, notamment du rugby à 7. Il existe indéniablement des talents sur le continent. Cependant, l'Afrique du Sud se distingue par un jeu basé sur la puissance physique et la rigueur, tandis que d'autres nations africaines misent davantage sur la rapidité et l'agilité. Des pays comme l'Ouganda ou le Kenya excellent dans le rugby à 7, un format qui correspond bien à leurs atouts naturels. En Europe, on commence à s'intéresser à ces joueurs et à les tester en rugby à 15, mais l'adaptation reste complexe. Le rugby à 7, en revanche, constitue une véritable passerelle. J'ai récemment suivi les finales du championnat de France de rugby à 7, le Super Seven, et j'ai pu observer deux joueurs burkinabés invités par des clubs français, qui ont réalisé de très belles performances. Le développement est en cours et doit se poursuivre chaque année.
Lequel préférez-vous entre le rugby à 15 et le rugby à 7 ?
J'ai grandi avec le rugby à 15, mais j'ai appris à apprécier le rugby à 7. Ce dernier est plus accessible. Il comporte moins de règles, est plus rapide, spectaculaire et permet d'observer des différences marquantes entre les joueurs. Son avenir me semble prometteur.
Pour un continent en pleine émergence dans cette discipline, quel format de jeu recommanderiez-vous ?
Sans
hésitation, le rugby à 7. Les joueurs africains possèdent des qualités
physiques et athlétiques remarquables. En Europe, nous devons travailler pour
acquérir ces aptitudes, tandis qu'ici (en Afrique), elles sont naturelles. En
revanche, l'aspect tactique et technique doit encore être développé. Le rugby à
7 constitue une formidable opportunité pour mettre en valeur ces talents et
favoriser l'émergence de joueurs africains sur la scène internationale.
Le Top 14 est considéré comme l'un des championnats les plus relevés au monde. Quel est votre avis à ce sujet ?
Le
Top 14 est sans doute le championnat le plus exigeant au monde. Il attire les
meilleurs joueurs, possède des effectifs très fournis (souvent entre 50 et 55
joueurs par équipe) et génère un spectacle de haute qualité. Sa popularité ne
cesse de croître, avec des stades pleins chaque week-end. La forte compétition,
accentuée par la relégation des deux dernières équipes chaque saison, ajoute
une pression supplémentaire et renforce l'intensité des matchs. C'est
aujourd'hui l'une des vitrines du rugby mondial.
Avez-vous une prédiction sur l'équipe qui pourrait s'imposer cette saison ?
Selon moi, la lutte se jouera entre Bordeaux et Toulouse, comme la saison dernière. Ces deux clubs possèdent un effectif profond et misent sur de jeunes talents, ce qui leur confère un avantage certain.
Le rugby français semble avoir traversé une période difficile. Comment analysez-vous cette évolution ?
Entre
2010 et 2020, l'équipe de France a connu des années compliquées, en raison d'un
manque de talents dans certaines générations.
Toutefois, un renouveau s'opère depuis cinq ans, avec un changement de mentalité profond. Auparavant, nous jouions pour ne pas perdre. Aujourd'hui, nous jouons pour gagner, et cela fait toute la différence. Avec cette nouvelle dynamique, je suis convaincu que l'équipe de France s'installera durablement dans le top 3 mondial. Il ne s'agit que du début d'une belle aventure.