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Moussa Latoundji, ancien capitaine des Ecureuils: «Le football béninois mérite des dirigeants de type nouveau»

Sports
Par   Sabin LOUMEDJINON, le 25 janv. 2016 à 05h17

Footballeur adulé et choyé par ses fanatiques, Moussa Latoundji l’a été. Taille moyenne, la quarantaine, et le visage juvénile, l’emblématique capitaine des Ecureuils, affectueusement appelé «Capi», est simplement un footballeur épanoui. Joueur, international, capitaine puis entraîneur, le natif de Porto-Novo revenu au bercail depuis quelques semaines pour participer à la reconstruction du football de son pays, souhaite qu’il y ait à sa tête, des dirigeants de type nouveau pour le gérer autrement aux fins de le sortir des sentiers battus et de l’imposer dans le concert des nations.

La Nation : Moussa Latoundji, vous avez contribué à l’écriture de l’histoire du football de ce pays. Rappelez- nous brièvement le parcours qui a été le vôtre ?

J’ai commencé ma carrière de footballeur très jeune avec les Dragons de l’Ouémé. Ensuite je suis allé monnayer mes talents au Nigeria au sein du Julius Berger. Quelques années après, je me suis retrouvé à Metz en France. C’est de là que j’ai rallié directement l’Allemagne où j’ai évolué pendant 7 bonnes années au sein de Energy Cosmos. C’est au sein de ce club que j’ai terminé ma carrière, de façon prématurée pourrai-je dire. Après, je suis rentré en 2008 pour devenir entraineur de football. J’ai entraîné les Dragons de l’Ouémé puis US Kraké de Sèmè. J’ai également dirigé les Ecureuils cadets. Je n’oublie pas que j’étais au Brésil avec les moins de 13 ans pour leur formation. Au retour, j’ai pris l’équipe nationale version joueurs locaux. Cette équipe a fait le tournoi de l’Uémoa, et a disputé la finale. Après, il y a eu Accra, avant que je ne me rende au Gabon pour entraîner un club.

L’aventure gabonaise est-elle terminée ?

Aujourd’hui, je suis chez moi au Bénin par- ce que j’estime que ça ne va pas. J’ai envie de faire quelque chose pour mon pays; apporter ma contribution à ce football qui m’a procuré beaucoup de joie. C’est pour cela que je suis rentré au bercail.

Que faire pour que le ballon roule vraiment au Bénin ?

Ecoutez, l’initiative des anciens qui a consisté à rassembler tous les footballeurs autour de la question du décollage de cette discipline, j’y ai pensé. Je fais partie de ceux qui croient que tant qu’il n’y aura pas les anciens dans les staffs, et j’entends par cette expression ceux qui ont vécu le football, les choses vont toujours piétiner. Il faut des dirigeants de type nouveau pour le football de ce pays. Car, il est toujours difficile pour celui qui n’a jamais touché du pied le ballon, de comprendre certaines réalités. Mais le constat malheureusement est que la plupart de ceux qui dirigent le football chez nous aujourd’hui sont de cette catégorie. C’est chez nous au Bénin qu’on parle de maffia. Souffrez que je dise que normalement une maffia travaille avant de gagner son pain. Je dis et je le répète, il y a des talents au Bénin, mais il faut associer les anciens pour que le football décolle.

Quel est l’évènement qui vous a le plus marqué au cours de votre carrière de footballeur ?

Ah! C’est bien l’équipe nationale. Je n’oublierai jamais cette CAN 2004 en Tunisie. C’était la première participation des Ecureuils à une phase finale de cette grande fête du football. J’avoue aujourd’hui qu’il n’y a plus rien qui puisse dépasser cela dans ma vie de footballeur. Car, être footballeur et jouer pour son pays, c’est sublime. J’ai encore en souvenir l’hymne national qui résonnait dans tout le stade. Toute ma pensée est allée subitement vers ma famille, tout le Bénin …. C’était émouvant. Ce sont des moments qu’il faut vivre. J’avoue que cela m’a beaucoup touché. Malheureusement ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Est- ce par modestie que vous n’évoquez pas votre statut de premier buteur béninois à la CAN ?
(Large sourire) Pour moi, est-ce que cela compte. Il faut viser loin. Le pays dispose de joueurs plus talentueux que moi, qu’il faut promouvoir. Mais nous n’avons pas la chance de les avoir ainsi. C’est dur et c’est difficile. Ceux qui sont là aujourd’hui ont tout clôturé. Ils ne veulent plus quelqu’un d’autre en dehors d'eux. Je ne sais pas si les choses pourront marcher ainsi. Cela semble une aberration que ce soit ceux qui ont été une fois aux affaires qui soient candidats pour gérer le football. On doit ouvrir la porte à tout le monde pour que chacun arrive pour donner ses idées, apporter sa pierre à l’édification pour la bonne marche de notre football. Aujourd’hui nous lisons la déception sur tous les visages des jeunes?