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Romuald Hazoumé, président de la Fédération béninoise de cyclisme: « Le vélo, c’est un travail de longue haleine »

Sports
Par   Eklou, le 11 mai 2018 à 12h02

Président de la Fédération béninoise de cyclisme et directeur général du Tour cycliste international du Bénin, Romuald Hazoumé évoque à travers cet entretien l’organisation de la quinzième édition de cet évènement à laquelle prennent part des coureurs de sept pays du continent, et les chances de voir le Bénin tenir un jour tête aux grands ténors de cette épreuve de la petite reine.

La Nation : Qu’est-ce qui a motivé le comité d’organisation du quinzième tour cycliste international du Bénin à lancer officiellement l’évènement dans la ville de Natitingou ?

Romuald Hazoumé : Les Béninois où qu’ils se trouvent ont le droit de pouvoir profiter du sport béninois. Depuis que je suis venu à la tête de la Fédération, j’ai fait un pari à partir d’un simple constat : le sport cycliste béninois est confisqué dans le sud or il y a des athlètes bien sûr dans le sud mais il n’y a pas que des athlètes dans le sud. Il y a des athlètes partout dans le pays et j’ai fait le pari d’aller les chercher partout où ils sont. C’est pourquoi nous avons organisé cette course statutaire à Banikoara où il y a eu 1200 coureurs qui étaient inscrits et heureusement qu’on ne les a pas tous transportés sinon ç’aurait été une catastrophe pour cette course-là. On n’a pas la logistique nécessaire qu’il faut pour les gérer. Bien sûr qu’on s’est préparé mais quand on a vu ce que 200 personnes ont fait, on s’est demandé par où on pourrait passer s’il y avait 1200 coureurs parce qu’il n’y avait pas la police pour assurer la sécurité ni un staff technique nécessaire pour gérer un tel effectif. Il faut comprendre que les gens de Banikoara étaient très heureux de nous accueillir. Là, ils se sont rendus compte que non seulement c’est un sport gratuit mais qui draine également du monde et le maire de la commune l’a si bien compris en assistant de bout en bout à la course. Habituellement à quoi assistons-nous dans ces genres d’initiatives ? C’est que très souvent les autorités ne viennent que pour le lancement ou pour la clôture. Il a compris qu’il y avait un enjeu et que c’est un cadeau qu’on faisait à sa commune. Et comprenez aussi que ce n’est pas à lui que nous faisons ce cadeau mais à la population. Et comme aujourd’hui nous faisons le même cadeau à la population de Natitingou. Que les autorités s’en saisissent comme l’ont fait le préfet et le représentant du maire en marquant l’évènement par leur présence. Je trouve ça formidable. Nous ne sommes pas venus pour nous arrêter à Natitingou. Nous partons pour Tanguiéta et comme la voie n’est pas bonne nous lancerons la course à Toucountouna. Nous avons le devoir de changer l’itinéraire du tour à toutes ses éditions.

Quel intérêt y-a-t-il à pérenniser la tenue du tour comme vous le défendez aujourd’hui?

L’intérêt, c’est de développer le sport, de respecter le cyclisme béninois parce que pendant quinze ans, nous n’avons pas tout été respectés. Nous n’étions plus invités. Nous n’intéressions plus aucun pays. Moi, une fois arrivé, j’ai voulu changer les choses et il faut le faire. Vous voyez déjà, le cortège a été sécurisé depuis Cotonou jusqu’à Natitingou. Tous les directeurs départementaux de la police ont été instruits par le directeur général de la Police républicaine pour sécuriser le cortège. C’est dire qu’il y a un intérêt pour le gouvernement de pouvoir accompagner ce que nous faisons parce qu’il y va de la réputation de notre pays. Et cette réputation, pour rien au monde, je n’accepterais qu’on la touche.

Y-a-t-il espoir de voir les Béninois triompher au terme de cette compétition ?
Non…Non. Il faut comprendre que le vélo c’est un travail de longue haleine. Pendant quinze ans, nous n’avons pas existé. Pendant quinze ans, on a eu des gens qui sont montés à vélo, qui n’ont jamais fait du vélo et qu’on a envoyés à l’extérieur pour faire du vélo. Aujourd’hui nous changeons l’image. Donc il nous faudra deux à trois ans pour pouvoir placer quelqu’un. Mais sachez une chose, grâce au partenaire officiel, nous avons les moyens de participer à tous les tours de la sous-région. C’est en participant à des compétitions internationales qu’on arrive à être compétitifs. Et fort de cela, dans deux ans nous allons dépasser la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso. Nous allons les battre. Ne comptez pas avoir un Béninois qui gagne cette année mais comptez avoir de Béninois qui vont se battre parce que la sélection a été des plus rudes?