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1er sommet Arabie Saoudite - Afrique: Le Bénin obtient 36 milliards F Cfa pour financer quatre projets

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Patrice Talon a décroché 36 milliards F Cfa de financement  saoudien pour la construction de trois lycées  et d'une école normale supérieure Patrice Talon a décroché 36 milliards F Cfa de financement saoudien pour la construction de trois lycées et d'une école normale supérieure

Le Bénin sort heureux du premier sommet Arabie Saoudite - Afrique tenu en novembre dernier à Riyad. La délégation conduite par le président Patrice Talon a décroché 36 milliards F Cfa de financement saoudien pour la construction de trois lycées et d'une école normale supérieure.

Par   Ariel GBAGUIDI, le 11 déc. 2023 à 06h52 Durée 3 min.
#1er sommet Arabie Saoudite - Afrique
A Riyad, le sommet Arabie Saoudite - Afrique a été précédé, la veille, d’une conférence économique de haut niveau, meublée de panels sur des thématiques liées, entre autres, au numérique à l’énergie, la sécurité alimentaire régionale et mondiale, au tourisme et au développement durable. Lesquels panels ont été sanctionnés de manière séquentielle par des cérémonies spécifiques de signatures d’accords de financement de projets ainsi que de mémorandums d’entente. Au total, 356,6 milliards F Cfa de financement ont été alloués aux Etats africains.
Ce sommet, le premier du genre, restera gravé dans les annales de la coopération bénino-saoudienne. Car, la délégation béninoise emmenée par le chef de l’Etat Patrice Talon s’honore de plusieurs accords d’un montant total de 36 milliards F Cfa destinés à financer quatre projets. En effet, Romuald Wadagni, ministre d’Etat chargé de l’Economie et des Finances, a signé avec le Fonds saoudien de développement un accord de financement de 22 milliards F Cfa pour la construction d’un lycée scientifique de haut niveau à Porto-Novo et d’une école normale supérieure moderne à Parakou. De même, il a signé avec le Fonds de l’Opep, un accord de financement de plus de 14 milliards F Cfa pour la construction de deux lycées techniques et professionnels modernes à Djougou et Ouidah. A ces quatre financements, s’ajoute le paraphe d’un accord de don pour le programme saoudien de forages d’eau dans plusieurs départements.
A en croire Dr Mohamed Al Jaadan, ministre saoudien des Finances, à l’ouverture de la conférence, le partenariat avec les pays africains est solide et ne cesse de se développer dans les domaines de l’énergie, de l’éducation et de l’agriculture, entre autres. Et le royaume considère l’Afrique comme une destination et un partenaire de choix pour les investissements. De son côté, le prince héritier Mohamed bin Salman, premier ministre, a insisté sur la volonté mutuelle du royaume saoudien et des pays africains de renforcer leur coopération en vue de contribuer à la paix et à la sécurité régionale et internationale.
Aussi, au cours de la conférence économique, Dr Mohammad Al Jasser, président de la Banque islamique de développement (Bid) a-t-il, au nom du Groupe de coordination arabe, annoncé un nouveau programme de 50 milliards de dollars à l’Afrique pour la période 2023-2030.
Leçons à tirer

Lors de ses échanges avec la presse nationale, vendredi dernier, Dr Zul-Kifl Salami, chargé de mission du chef de l’Etat et ancien ministre d’Etat, a fait savoir que cette conférence de haut niveau est historique pour l’Arabie Saoudite et les pays africains. Ceci pour plusieurs raisons. Entre autres, l’Arabie Saoudite est une puissance économique qui entend abandonner désormais les canaux du multilatéralisme pour porter directement elle-même le développement et la croissance en Afrique.
« C’est un message novateur, inédit et extrêmement fort. C’est ce que le ministre saoudien des Finances a immédiatement annoncé dans son discours en disant en quelque sorte ‘‘non on ne vient pas ici pour s’amuser. C’est l’histoire que nous sommes en train de réécrire…’’. Son intervention a été suivie, le lendemain, du message non moins fort du prince héritier », a indiqué le chargé de mission du président béninois. En gros, le royaume veut jouer un rôle central dans le développement de l’Afrique.
Des ministres et princes saoudiens faisaient partie des panélistes lors de la conférence, à l’instar de la princesse Haifa bin Mohamed Al Sound, vice-ministre du Tourisme, qui a animé le panel dédié à ce secteur. Ce qui, selon Dr Zul-Kifl Salami, est rare et constitue un signal fort confirmant l’effectivité de la nouvelle dynamique de l’Arabie saoudite dans ses relations avec l’Afrique. Le caractère novateur du sommet, dit-il, réside aussi dans son format de sept panels structurés autour des signatures d’accords et de mémorandums d’entente.
Cette volonté du royaume saoudien de porter le développement de l’Afrique sera propulsée par le fonds saoudien de développement et le fonds souverain encore appelé ‘‘Saudi public investiment fund’’ d’un capital de 700 milliards de dollars. « Ce n’est pas petit ! C’est à nous maintenant de nous organiser pour capitaliser cette nouvelle donne », a souligné Dr Zul-Kifl Salami.
L’après sommet

Pour profiter de la cagnotte disponible, le Bénin doit intensifier ses relations avec l’Arabie saoudite et particulièrement avec les institutions financières du royaume, a insisté l’ancien ministre d’Etat. Par exemple, le pays doit accélérer les études sur ses projets d’investissements. Toujours en termes de matérialisation rapide de cette dynamique, Dr Zul-Kifl Salami a insisté sur la réactivité des relations de travail des autorités béninoises avec leurs homologues saoudiens et une meilleure appropriation de leurs procédures de financement.
Le Bénin ne doit également pas perdre de vue que le secteur privé saoudien est détenteur d’une manne financière et que leur horizon traditionnel n’est pas l’Afrique en raison de la perception négative qu’il a de l’environnement des affaires et de l’administration des pays africains. Pour attirer l’attention des investisseurs privés saoudiens, le Bénin doit poursuivre et promouvoir encore plus les notes des agences de notation, ses efforts de bonne gouvernance, d’assainissement du climat des affaires, de lutte contre la corruption, la lenteur administrative pour montrer que les choses évoluent dans le bon sens, a suggéré 
Dr Zul-Kifl Salami. « Le Bénin, qu’on le veuille ou non, a des leçons à donner sur le plan de la transparence budgétaire, le respect des normes internationales de gouvernance, la célérité dans l’action. Ce sont autant de choses que nous devons expliquer. Ce qui nous permettra d’améliorer cette perception négative que les investisseurs du golfe en général ont de l’Afrique », a-t-il soutenu. Le Bénin a l’ambition de devenir un hub économique en Afrique. Cette vision est portée en partie par la Gdiz. Le chargé de mission du président de la République suggère que ce modèle de Gdiz soit dupliqué dans d’autres villes du pays pour attirer les investissements directs étrangers. Le pays doit aussi mettre en avant ses potentialités extraordinaires à financer pour renforcer sa croissance économique, telles que l’agriculture et le tourisme qui est l’un des pôles majeurs du Bénin en matière de création de la richesse.
« La réussite du Bénin dans cette nouvelle Arabie saoudite repose admirablement sur la parfaite symbiose entre la vision 2030 du prince héritier Mohamed Bin 
Salman et la vision du président Patrice Talon. Cette symbiose dans la conduite du développement de nos deux pays devrait être expliquée aux autorités saoudiennes et fortement capitalisée en termes de promotion accélérée des investissements saoudiens au Bénin», a recommandé Dr Zul-Kifl Salami. Il ajoute qu’une action concrète est d’ores et déjà en cours dans cette optique. Cette action concerne, explique-t-il, un projet de construction d’un complexe industriel par le conglomérat saoudien et sud-coréen dans la Gdiz. Ce complexe servira de levier pour l’afflux de l’investissement privé saoudien au Bénin.