La Nation Bénin...
Les députés, les
journalistes et autres risquent de ne plus avoir de représentants au sein de la
Commission béninoise des droits de l’Homme avec l’examen du projet de loi sur
l’institution enclenché ce lundi 26 février au Parlement.
Les députés ont entamé, ce
lundi, l’examen du projet de loi sur la Commission béninoise des droits de
l’Homme (Cbdh). Le projet a été introduit au Parlement par le gouvernement, par
décret n°2023-502 du 05 octobre 2023. L’adoption du texte vise essentiellement
la transparence, l’efficience, le respect des obligations souscrites par le
Bénin et permettra de se conformer aux principes de Paris et à l’article 17 du
protocole facultatif se rapportant à la convention contre la torture et autres
peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. En vertu des
dispositions de l’article 3 dudit protocole, obligation est faite à chaque Etat
partie de mettre en place un mécanisme national de prévention de la torture.
Cette obligation n’est pas encore satisfaite par le Bénin. Le gouvernement a
saisi l'occasion de ce projet de loi pour réformer la Cbdh en lui confiant le
mandat du Mécanisme national de prévention de la torture. Puisque selon une
correspondance du sous-comité de prévention de la torture, pour accepter qu’un
mécanisme national de prévention ait été désigné en vertu de l’article 17 du
protocole facultatif ou pour retirer un
Etat partie de la liste de ceux qui ne sont pas en conformité avec l’article
17, l’Etat partie doit fournir au sous-comité au moyen d’une note verbale,
certains éléments notamment une copie de l’instrument juridique portant
création du mécanisme national de prévention, que ce soit par une loi ou un
autre acte, informe la commission en charge des Lois qui a présenté le rapport
sur le dossier. Mieux, dans le cadre de l’accréditation de la Cbdh au statut A,
il est fait au Bénin certaines recommandations relatives aux représentants
politiques dans l’institution. Le sous-comité Accréditation a souligné qu’en
vertu des principes de Paris, « les représentants du gouvernement et les
députés ne devraient plus être membres des institutions nationales des droits
de l’Homme ni participer aux prises de décisions. Leur appartenance et leur
participation aux décisions prises par les organes de l’institution nationale
des droits de l’Homme peuvent avoir un impact sur l’indépendance réelle et
perçue de l’institution nationale des droits de l’Homme». De plus, à la
pratique, la loi n°2012-36 du 15 février 2013 portant création de la Cbdh au
Bénin a révélé de nombreuses insuffisances qui méritent d’être corrigées à la
faveur de l’examen et de l’adoption du projet de loi composé de 45 articles
subdivisés en 17 chapitres. Il s’est avéré nécessaire de revoir les organes et
le fonctionnement de la commission ; de conformer la procédure de sélection des
candidats aux principes de Paris et surtout de procéder à la réduction de
l’effectif des membres de la Cbdh.
De onze à sept membres
L’innovation majeure du
texte se trouve au niveau de la composition de la commission dont les membres
pourraient passer de onze à sept. Les représentants notamment des députés et de
la Société civile dont celui des journalistes sont en train d’être sortis de
l’institution. Selon le texte en examen, la Cbdh version réformée sera composée
de sept personnalités à savoir un enseignant de droit, de sociologie ou de
psychologie à l’Université ; un magistrat ayant des connaissances avérées en
droits humains ; un avocat pénaliste ; un médecin expérimenté en droits
humains; un expert ayant de solides connaissances en matière pénitentiaire et
autres questions de privation de liberté ; un expert expérimenté dans la
promotion des droits des personnes handicapées , vulnérables , des femmes, des
enfants et un expert expérimenté dans la promotion et la protection des droits
humains en général. Les sept personnalités doivent avoir au moins 10 ans
d’expérience dans leurs secteurs respectifs. Les membres de la commission portent
le titre de « Commissaire » et siègent de manière permanente. Mais cette
composition n’a pas été du goût de plusieurs députés. Ces derniers ne sont pas
contents de l’exclusion des représentants du Parlement de la prochaine
mandature de la Cbdh. L’autre chose est qu’ils trouvent qu’il y a trop de
juristes comme membres de ladite commission et qu’il n'y a aucun critère
spécifique pour l’approche Genre afin d’avoir au moins une femme. Les députés
ont fait à cet effet plusieurs amendements tendant à améliorer la composition
de cette commission. Les travaux ont buté hier sur l’examen desdits
amendements. La séance plénière se poursuit ce mardi 27 février où l’on pourra
en savoir davantage sur la composition de la Cbdh, prochaine mandature.