La Nation Bénin...
Les députés ont adopté, ce mercredi, la loi n°2024-23 portant
dispositions transitoires et dérogatoires organisant le plan de carrière des
magistrats pour les nominations dans les juridictions de fond.
Le
texte prévoit désormais que pendant une période de sept ans, à compter de son
entrée en vigueur, et nonobstant toutes dispositions contraires, tout magistrat
peut, pour nécessités de service, être nommé dans un emploi légalement
correspondant aux grades immédiatement supérieurs à son grade. Toutefois, aucun
magistrat ne peut, en application des dispositions du texte, être nommé
président de juridiction ; procureur général près une Cour d’appel ; président
de chambre dans une Cour d’appel ; et président de chambre ou de section dans
les juridictions spécialisées. La nécessité de services justifiant
l’application des dispositions de la présente loi doit être spécialement
motivée par le ministre en charge de la Justice et appréciée par le Conseil
supérieur de la magistrature (Csm), encadre la loi à caractère transitoire et
dérogatoire.
En
réalité, l’adoption du texte vise à résoudre un tant soit peu la pénurie de
magistrats gradés pour occuper certains postes au niveau des juridictions de
fond, liée notamment au départ à la retraite. Le gouvernement a estimé cette
loi nécessaire pour apporter cette réforme importante au système judiciaire
béninois. Laquelle réforme est axée sur deux idées à savoir: déroger aux règles
relatives aux emplois des magistrats dans les juridictions de fond et œuvrer
pour la spécialisation des magistrats ainsi que pour le bon fonctionnement du
service public de la Justice au Bénin. Ainsi, grâce à cette loi transitoire et
dérogatoire, les juridictions de fond pourront dorénavant fonctionner
convenablement, renseigne le rapport sur le dossier présenté par la commission
en charge des Lois. Car, le problème de magistrats qualifiés qui se pose est
désormais réglé. Sur 164 emplois pour des grades spécifiques, il n’existe que
128 magistrats de grade A1-8 à A1-12 qui les occupent. Il se dégage un déficit
de 36 magistrats dans les juridictions de fond. Il est constaté aussi que 49
magistrats vont à la retraite entre 2024 et 2030. Aucun magistrat n’a le grade
A1-6 et un seul est de grade A1-7. Mieux, il faudrait environ sept années, soit
d’ici 2030 pour que les 76 magistrats ayant actuellement le grade A1-5
atteignent le grade A1-8 afin d’occuper les emplois dédiés. Or, la formation
des magistrats dure deux ans. Du coup, à l’évidence, les niveaux d’ancienneté
exigés par les textes ne pourraient être diligemment comblés quand bien même
l’effort de formation se poursuivrait. Cette solution législative est donc la
bienvenue pour régler le déficit en magistrats requis par les textes pour faire
tourner les juridictions de fond.
Le
dossier a été adopté par 81 voix pour, 28 contre et 00 abstention. Pendant que
les députés de la Majorité présidentielle trouvent la loi très pertinente et
saluent l’anticipation du gouvernement, ceux de l’Opposition, Les Démocrates,
la rejettent. Ces derniers estiment que la solution est mal trouvée. Le déficit
constaté pouvait se régler, selon eux, par le rallongement de l’âge d’admission
à la retraite des magistrats actuellement en fonction. Le ministre en charge de
la Justice, Yvon Détchénou, a apporté les éclaircissements nécessaires à la
plénière pour expliquer davantage le bien fondé du projet de loi.
Par Thibaud C. NAGNONHOU,A/R Ouémé-Plateau