La Nation Bénin...
La
récente bavure policière à Natitingou a provoqué un tollé sans précédent au
sein de l’opinion publique nationale. Acteurs de la société civile et
politiques de tous bords s’en sont préoccupés, appelant les populations au
respect de la loi et les policiers à plus de professionnalisme.
Acteurs
de la société civile et politiques de la mouvance et de l’opposition, nombreux
sont les acteurs, associations et élus à élever la voix pour condamner la
récente bavure policière à Natitingou. Jamais au Bénin, un excès de la part
d’un agent de police n’a suscité autant de réactions. Le cas de Natitingou
est-il un cas de trop ?
En
effet, c’est l’une des rares fois où la police béninoise essuie autant de
critiques au sein de l’opinion publique nationale après un excès de zèle d’un
ou de plusieurs de ses agents. Port obligatoire de casque pour les conducteurs
d’engins à deux roues, libération des espaces publics, port obligatoire de
masque aux temps forts de la Covid-19…, chaque opération lancée a toujours son
lot de violences policières suivies de sanctions contre les agents coupables.
Sauf que cette fois-ci, le communiqué rendu public et les sanctions prononcées
par la direction générale de la police, n’ont pas suffi à calmer les nerfs. De
nombreux acteurs ont déploré ces faits de violences dont certains agents de
police censés protéger les populations, sont coutumiers.
Dans
un communiqué en date du 16 avril dernier, Me Alexandrine Saïzonou Bedie,
présidente du Conseil d’administration de Wanep-Bénin, un réseau
d'organisations de la société civile engagées dans l'édification de la paix,
s’est indignée des « méthodes musclées de certains agents de police », après
avoir dénoncé également les actes d’incivisme de certains citoyens. La
Fondation Malèhossou et d’autres associations de la société civile sont aussi
intervenues sur le sujet. Il en est de même des députés du parti Les Démocrates
qui ont interpellé le gouvernement à l’Assemblée nationale. Le parti Bloc
républicain s’est aussi penché sur la question lors de la première session
ordinaire 2024 de son bureau politique, la semaine écoulée. Bien avant,
Abdoulaye Gounou, l’un des députés de ce parti, a exprimé sa colère sur une
radio de la place, ajoutant que ces abus policiers lui donnent « l’idée
d’initier une loi portant procédure disciplinaire contre les agents en uniforme
pour extirper des rangs de la police ces individus particulièrement violents ».
Le parti Union progressiste le Renouveau (Upr) n’est également pas resté en
marge du débat. Ce lundi 22 avril, l’Upr a annoncé avoir échangé avec Alassane
Séidou, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, sur la question, et
a formulé cinq recommandations à l’endroit du gouvernement pour la réussite de
l’opération de contrôle et répression des infractions au Code de la route.
Il
ne doit pas échapper aux hommes en uniforme que cette levée de boucliers est
l’expression du ras-le-bol d’une grande partie de l’opinion nationale face à
leurs excès, et qu’ils doivent, à l’avenir, faire preuve de professionnalisme
dans la répression des infractions. Il en va de la bonne image de l’institution
policière. Mieux, les agents de police ne sont pas au-dessus de la loi, mais
bien au contraire, ils se doivent de montrer le bon exemple en respectant en
premier les lois de la République. C’est sans doute dans ce sillage que de
jeunes juristes ont saisi la Cour constitutionnelle afin qu’elle puisse
condamner la bavure survenue à Natitingou, et que son verdict constitue une
leçon pour tout agent en uniforme.
Il
est également important que les autorités compétentes prennent des dispositions
pour dissuader, à l’avenir, toutes dérives autoritaires des fonctionnaires de
police sur un citoyen lambda à mains nues.