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«L’Afrique aide les Africains pour le relèvement et la reconstruction après Ebola». Ce thème a réuni hier mardi 21 juillet, les chefs d’Etat africains autour d’une Conférence internationale à Malabo, en Guinée Equatoriale. Le président de la République Boni Yayi a pris une part active aux assises.
La mobilisation pour la contenir n’a pas fait défaut, mais la maladie à virus Ebola a prouvé qu’elle a la peau dure. Plus d’un an après sa découverte, l‘épidémie continue de sévir en Guinée, en Sierra-Leone et accessoirement au Liberia. La Conférence spéciale des chefs d’Etat de l’Union Africaine sur le virus se veut donc un sommet décisif pour enrayer définitivement cette maladie du continent africain et surtout réfléchir aux mécanismes de reconstruction des pays touchés par cette maladie. «Il s’agit pour nous d’adopter les mesures appropriées pour endiguer définitivement cette épidémie et aider au relèvement des Etats touchés», souligne Obiang Nguéma Mbasogo, président de la République de Guinée Equatoriale. Sur le front de la lutte contre Ebola, il soutient que l’Afrique doit jouer solidaire, d’autant que le virus ne connait pas de frontière. «L’esprit d’unité et de solidarité doit sous-tendre nos efforts sur le continent africain. La lutte a besoin de la solidarité africaine. Nous sommes convaincus que l’épidémie doit nous amener à adopter les mesures de prévention dans tous les pays et d’éradication de la maladie dans les pays touchés ainsi que la reprise des activités socio-économiques dans tous les pays», martèle le président équato-guinéen.
Au 14 juillet dernier, environ 25 000 cas ont été suspectés en Guinée, en Sierra-Leone et au Liberia, avec plus de 11 000 décès enregistrés. Le virus Ebola a créé des dégâts économiques importants pour les pays affectés. L’Union Africaine estime les pertes à environ 25 milliards de dollars du Produit intérieur brut. Les secteurs miniers, des bâtiments et de l’hôtellerie ont été les plus touchés. Le personnel de santé a également payé un lourd tribut de cette épidémie, toute chose qui freine le fonctionnement normal des systèmes de santé. «Nos systèmes de santé se sont presque effondrés. Nos taux de croissance en 2014 ont décru, allant jusqu’à - 11% en Sierra-Leone. Les champs et les marchés ont été abandonnés. Les équilibres budgétaires ont été mis en mal et nous n’avons pas eu les moyens pour combattre la maladie», témoigne Ernest Baï Koroma, président de la Sierra-Leone.
Rechercher les solutions concrètes !
La conférence de Malabo sert donc de cadre pour un bilan sur la situation épidémiologique, l’étendue de la réponse apportée et les leçons apprises. Elle aborde des questions concrètes telles que la reconstruction durable post-épidémiques incluant la gestion de futures épidémies et autres urgences de santé publique, la mobilisation d’un soutien financier et matériel en faveur des trois pays touchés, la mise en place de la surveillance et du contrôle de la maladie, à travers la création des centres africains de contrôle et de prévention des maladies.
«L’épidémie nous a choquée et a été une horreur pour nous. Nous avons été obligés de faire face à une urgence sanitaire sans savoir quelles ripostes apportées. Nous sommes ici pour réfléchir sur la meilleure manière de riposter en cas d’urgence», déclare Robert Mugabé, président en exercice de l’Union Africaine. Il soutient que pour combattre définitivement cette maladie invisible, le continent n’a d’autres armes que d’accentuer la recherche ainsi que les instruments économiques pour relever les pays affectés. «Nous devons combattre les dégâts sociaux que la maladie a causés, travailler sur la construction des systèmes sanitaires et la surveillance des canaux de propagation dans la sous-région», poursuit le président du Zimbabwé. Mais la plus grande arme contre le virus insiste-t-il, c’est la solidarité des Etats africains qui doivent mutualiser les efforts et les moyens pour vaincre cet ennemi commun. Pour l’heure, il juge nécessaire de tirer tous les enseignements de cette épidémie qui a révélé les faiblesses des systèmes sanitaires africains, en l’occurrence leur incapacité à faire face aux urgences. «Nous devons donc accroître nos investissements pour créer de la résilience et accroître les performances de nos systèmes sanitaires. Nous devons mettre en place un mécanisme pour mener des recherches», préconise-t-il.
Accent sur l'investissement
Le conclave de Sipopo, qui fait suite à la conférence des Nations Unies sur la relance post-Ebola tenue le 10 juillet dernier à New-York, met l’accent sur l’investissement dans la santé publique, le renouvellement des systèmes de santé et la réponse aux épidémies, la mise en place de systèmes nationaux de santé dotés de ressources humaines compétentes, de ressources financières suffisantes. La gestion post-Ebola intègre également des domaines tels que la relance des systèmes d’éducation, la reprise des investissements étrangers ainsi que le redémarrage des activités agricoles, industrielles et commerciales. Ces déterminants de la croissance avaient été réellement mis à mal par la fermeture des frontières, les différentes périodes de quarantaine et l’évacuation des investisseurs étrangers.
Ebola en net recul
Bien qu’elle continue d’être une urgence de santé publique à portée internationale, la maladie à virus Ebola a enregistré un net recul dans les trois pays les plus touchés en Afrique de l’Ouest, à savoir la Guinée, la Sierra-Leone et le Liberia. Grâce aux efforts consentis par les gouvernements de ces Etats et les partenaires techniques et financiers, la lutte contre l’épidémie a enregistré des succès éclatants, notamment au Liberia. Ce pays, sévèrement touché, a atteint le 9 mai dernier, zéro nouvelle infection, le dernier cas confirmé ayant été enterré le 27 mars dernier. La projection optimiste indique que la Guinée et la Sierra Leone se rapprochent de zéro nouvelle infection en août prochain. Mais la vigilance reste toujours de mise. Alors que la fin de l’épidémie a été prononcée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), une surveillance de routine, le 29 juin dernier, a permis de déceler un nouveau cas confirmé dans ce pays.
«La victoire contre Ebola est presque acquise. Toutefois, les défis en matière d’éducation du fait du virus continuent. Nous sommes convaincus que nos frères africains sont déterminés à nous accompagner. Nous devons donc mettre en place les moyens pour répondre aux urgences et élaborer des stratégies à long terme », soutient le président sierra-léonais, Ernest Baï Koroma pour qui l’Union africaine doit être à l’avant-garde de l’amélioration de l’image de marque des pays touchés pour bénéficier des appuis pour répondre aux divers défis créés par le virus Ebola.
Le Bénin annonce 500 millions F CFA de soutien
Un million de dollars, soit environ 500 millions F CFA, c’est la cagnotte que le Bénin entend apporter pour contribuer aux efforts de reconstruction post-Ebola en Guinée, en Sierra-Leone et au Liberia. Le président de la République a fait cette annonce hier, lors de la séance de communication des dons des pays africains aux Etats touchés par cette épidémie. Ce soutien, indique Boni Yayi, vient en renforcement à la contribution du Bénin au Fonds de solidarité mis en place au niveau de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ainsi que le pot conjoint des Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). « Nous sommes de cœur avec nos frères et sœurs des pays victimes. Nous allons certainement nous concerter et nous continuerons d’exprimer notre solidarité », affirme-t-il, saluant au passage le leadership exercé par le président en exercice de l’Union africaine, Robert Mugabé et le président de la Guinée Equatoriale, Obiang Nguéma Mbasogo qui ont inspiré l’initiative de soutien Africain à la reconstruction socio-économique post-Ebola en Guinée, en Sierra-Leone et au Liberia .
Plusieurs autres pays ont annoncé des soutiens financiers aux trois pays affectés par la maladie Ebola. En l’occurrence la Guinée Equatoriale qui a annoncé une contribution de 3 millions de dollars, soit environ 1,5 milliard de francs CFA.
Par Gnona AFANGBEDJI, Envoyé spécial à Malabo