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Croissance économique en Afrique subsaharienne: Le Fmi note « une reprise timide et coûteuse »

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de l’exercice 2023, Ph : DR Après quatre années mouvementées, les perspectives pour l’Afrique subsaharienne s’améliorent progressivement de l’exercice 2023, Ph : DR Après quatre années mouvementées, les perspectives pour l’Afrique subsaharienne s’améliorent progressivement

L’activité économique reprend modestement en Afrique subsaharienne. La pénurie de financement pénalise la région où près des deux tiers des pays s’attendent néanmoins à une croissance en hausse, qui devrait passer de 3,4 % en 2023 à 3,8 % en 2024 puis à 4,0 % en 2025, selon le Fmi.

 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 23 avr. 2024 à 06h25 Durée 3 min.
#Croissance économique #Afrique subsaharienne

La reprise économique devrait se poursuivre au-delà de cette année en Afrique subsaharienne, d’après les projections du Fonds monétaire international (Fmi). La croissance devrait atteindre 3,8 % en 2024 et 4,0 % en 2025 après 3,4 % l’année dernière, selon le rapport Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne (Fmi, avril 2024). Près des deux tiers des pays de la région s’attendent à une croissance en hausse. En parallèle, mentionne le document, le taux médian d’inflation qui a pratiquement été divisé par deux, en passant de près de 10 % en novembre 2022 à environ 6 % en février 2024, devrait maintenir cette tendance.

Seulement, la situation actuelle de la région en matière de mobilisation de ressources reste préoccupante. Les Etats de la région sont encore en proie à des manques de financements, des coûts d’emprunt élevés et des risques de refinancement, dans un contexte où la mobilisation des recettes publiques nationales reste faible. Toutefois, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Kenya ont émis des euro-obligations en début d’année, à la faveur de l’assouplissement des conditions financières mondiales. Cela met un terme à une période de près de deux ans pendant laquelle la région n’avait plus accès aux marchés internationaux de capitaux. Les ratios de dette publique se sont stabilisés, et certains flux de capitaux amorcent un retour dans la région, estime le Fmi.

Ces difficultés de financement, indique le rapport, contraignent les pays à réduire certaines dépenses publiques essentielles et à réaffecter au service de la dette des fonds censés financer leur développement.

Les besoins de financements bruts extérieurs des pays à faible revenu d’Afrique subsaharienne devraient dépasser les 70 milliards de dollars par an au cours des quatre prochaines années, soit 6 % du Produit intérieur brut (Pib), selon le Fmi.

Avec la rareté des sources de financement concessionnel, les Etats se tournent vers d’autres solutions, qui se caractérisent souvent par des coûts plus élevés, une plus grande opacité et des échéances plus courtes.

 S’adapter !

 En 2023, les paiements d’intérêts par les Etats ont représenté

12 % des recettes publiques (hors dons) en moyenne, soit plus du double du niveau observé il y a dix ans. Le secteur privé n’est pas non plus épargné par la hausse des taux d’intérêts, souligne le Fmi.

C’est dire que la pénurie de financements constitue un risque baissier majeur pour l’activité économique auquel s’ajoutent d’autres chocs mondiaux éventuels tels qu’un affaiblissement de la demande extérieure et les risques géopolitiques. En outre, la crise sécuritaire et l’instabilité politique croissante et de fréquents chocs climatiques laissent perplexes les analystes. L’année 2024 sera critique pour l’Afrique subsaharienne où doivent se tenir 18 élections de portée nationale, signalent-ils.

Par ailleurs, les chocs climatiques sont de plus en plus fréquents et étendus, notamment les inondations et les sécheresses dont la gravité a atteint des niveaux inédits.

Au regard de cette conjoncture, le Fmi appelle les pays à s’adapter à ces difficultés en agissant de manière prioritaire dans trois domaines. Primo, il s’agit d’améliorer la situation des finances publiques en augmentant les recettes publiques, dans un contexte où l’emprunt coûte plus cher et où les possibilités de financement se réduisent, tout en veillant à la protection sociale et à la préservation des moyens de subsistance des plus vulnérables.

Secundo, l’accent est mis sur la coordination des politiques budgétaire, monétaire et de change. La politique monétaire devrait rester axée sur la stabilité des prix, en permettant aux pays de disposer des marges de manœuvre nécessaires pour baisser les taux d’intérêt, préconise le Fmi.

Tertio, des réformes structurelles sont nécessaires pour permettre de diversifier les sources de financement et l’économie. Elles concernent l’accélération de l’intégration commerciale et l’amélioration du climat des affaires en vue d’attirer davantage d’investissements directs étrangers. Les regards sont tournés vers la communauté internationale et les banques de développement multilatérales et régionales pour favoriser un avenir plus inclusif, durable et prospère.