La Nation Bénin...
Le gouvernement a déclaré aux députés, ce jeudi, que
l’homosexualité est enseignée dans les curricula à l’école pour en dénoncer le
caractère pervers et sensibiliser les apprenants. La question d’actualité posée
par le député Nourénou Atchadé de l’Opposition parlementaire a été examinée par
l’Assemblée nationale dans le cadre du contrôle de l’action
gouvernementale.
L’Exécutif vide une fois pour de bon le débat sur
l’enseignement ou non de l’homosexualité à l’école. Il a apporté, ce jeudi, ses
éléments de réponse aux députés, à travers le ministre des Enseignements
maternel et primaire, Salimane Karimou. Le gouvernement a clarifié que
l'expérience en cours au Bénin n'a rien à voir avec l'enseignement sur
l'homosexualité. Il s'agit de l'infusion pédagogique des concepts de
l'éducation à la santé sexuelle dans les curricula. C'est l'apprentissage d'un
comportement responsable dont la démarche éducative vise à apporter aux élèves
des informations objectives et des connaissances scientifiques pour les sortir
de l'ignorance. L'éducation à la santé sexuelle est essentielle, selon le
ministre Salimane Karimou, pour garantir que les élèves reçoivent des
informations précises, complètes et non stigmatisantes concernant leur corps,
leurs relations et leurs droits.
L'éducation à la santé sexuelle et non l'homosexualité a
été infusée dans les programmes d'études à la maternelle, au primaire, au
secondaire général et à la formation technique et professionnelle. Elle
s’insère dans le cadre de la réforme du système éducatif béninois impulsée
depuis les états généraux de l'éducation de 1990. Laquelle réforme, rappelle le
ministre, a induit la nécessité de la scolarisation pour tous, notamment pour
les filles. A cette nécessité s'ajoute l'exigence du maintien à l'école qui devient
un défi important face à la recrudescence des grossesses précoces, mariages
forcés, violences sexuelles et des Ist/Vih/Sida en milieu scolaire. Ainsi, à la
page 5 du Guide de l'enseignant de Sciences de la vie et de la terre (Svt)
classe de 5e infusé, où la situation d'apprentissage porte sur « reproduction
et développement chez les animaux... », il est plutôt recommandé : « l'adoption
de relations interpersonnelles hétérosexuelles saines », a précisé le
gouvernement. Plus loin, dans le même Guide querellé, l'homosexualité est
désignée comme : « non conforme à la référence sociale », note Salimane
Karimou. Le gouvernement ajoute par ailleurs que globalement, la gouvernance de
l'initiative « Éducation à la santé sexuelle » n'autorise pas que les enseignants
s'écartent de ce qui fait partie de la culture béninoise. Cette initiative
dispose d'ailleurs d'un comité de pilotage et d'un comité technique mis en
place par arrêté. Le comité de pilotage a, entre autres, pour rôle, d'approuver
la démarche méthodologique ainsi que les outils élaborés sous le guidage du
comité technique. Le gouvernement a distribué le Guide aux députés pour leur
permettre de toucher du doigt les réalités de ses éléments de réponse.
Tous satisfaits…
Répondant toujours aux préoccupations de l’auteur de la
question d’actualité, le député Nourénou Atchadé, le ministre Salimane Karimou
précise que les relations amoureuses entre individus du même sexe ne sont pas
spécifiquement criminalisées au Bénin. Cependant, le pays n'offre pas non plus
de protection juridique spécifique auxdits individus. « Ce qui est très clair,
c'est qu'une telle pratique est aux antipodes de nos valeurs culturelles »,
martèle l’autorité ministérielle. « Chaque culture a sa propre richesse et sa
propre histoire. Le gouvernement du Bénin prend au quotidien des mesures
actives pour promouvoir et célébrer ces valeurs notamment à travers
l'éducation», a poursuivi le ministre. La réflexion en cours sur la gestion de
la croissance démographique au Bénin, rassure Salimane Karimou, n'a rien à voir
avec une quelconque orientation sexuelle. « Le Bénin est un pays souverain qui
fait des choix en fonction de la vision de développement clairement et
librement définie dans divers documents de planification pour guider sa
croissance économique, sociale et environnementale », conclut le représentant
du gouvernement.
Le ministre Salimane Karimou a été par la suite appuyé dans
ses explications par son collègue en charge des Enseignements secondaire,
technique et de la Formation professionnelle, Yves Kouaro Chabi. Ses éléments
de réponse ont rassuré et convaincu tous les députés surtout ceux de
l’Opposition parlementaire dont l’auteur de la question d’actualité,
l’honorable Nourénou Atchadé, président du Groupe parlementaire Les Démocrates.
Les députés se proposent de descendre sur le terrain afin de dissiper les inquiétudes
des populations qui ont pris peur suite à la rumeur distillée sur la question
dans l’opinion publique par un enseignant du secondaire.