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Décès dans le milieu musical malien: Amadou Bagayoko n’est plus

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Amadou Bagayoko Amadou Bagayoko

Figure emblématique de la musique malienne, le guitariste formait avec Mariam Doumbia un duo mondialement reconnu. Il s’est éteint ce 4 avril à l’âge de 70 ans.

Par   Lhys DEGLA, le 04 avr. 2025 à 22h40 Durée 3 min.
#Décès #Musique

Le Mali perd l’une de ses plus grandes icônes musicales. Le musicien Amadou Bagayoko, membre du duo Amadou & Mariam est décédé ce vendredi 4 avril à Bamako, à l’âge de 70 ans. Son décès, survenu à la suite d’une maladie a été confirmé par sa famille, son manager Yannick Tardy ainsi que par le ministre malien de la Culture, Mamou Daffé qui a exprimé sa « consternation ».

Selon les proches, Amadou ressentait une fatigue importante ces derniers jours. Transporté en clinique, il s’est éteint subitement dans l’après-midi. Cette disparition endeuille le monde musical malien et international.

Né à Bamako le 24 octobre 1954, Amadou Bagayoko montre très tôt un goût prononcé pour la musique. Il commence les percussions à deux ans avant de s’essayer à l’harmonica et à la flûte. Mais c’est la guitare, empruntée à un oncle qui deviendra son instrument de prédilection. À l’adolescence, il se passionne pour Jimi Hendrix, John Lee Hooker, Led Zeppelin ou encore les musiques afro-cubaines. Dès 1968, il intègre plusieurs formations dont l’orchestre national du Mali et les Ambassadeurs du Motel, où il joue aux côtés de Salif Keïta.

Atteint de cécité suite à une cataracte congénitale, il entre en 1975 à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako. C’est là qu’il rencontre Mariam Doumbia. En 1980, le duo se forme sur scène et dans la vie. Ensemble, ils partagent une passion commune pour la musique et l’engagement social. À l’Institut, ils participent à des campagnes de sensibilisation et forment un orchestre où Mariam est chanteuse principale et Amadou chef d’orchestre.

Leur carrière prend un tournant décisif avec la sortie en 1998 de «Sou Ni Tilé», leur premier album distribué en Europe. Le titre «Mon amour, ma chérie.» les propulse sur la scène internationale. En 2004, ils atteignent une notoriété mondiale avec «Un dimanche à Bamako» produit par Manu Chao. L’album est un succès critique et public, couronné par une Victoire de la musique.

Toujours curieux, ouverts à la fusion des genres, Amadou & Mariam multiplient les collaborations : Damon Albarn, Tiken Jah Fakoly, Keziah Jones, Matthieu Chedid… Leur discographie, de Welcome to Mali (2008) à Folila (2012) incarne une richesse sonore et un message fort : inclusion, amour, liberté. Ils parcourent les scènes du monde entier, se produisant en première partie de Coldplay ou encore lors de l’ouverture de la Coupe du monde 2010.

Leur dernier projet: «La vie est belle», un best of publié en 2024, rassemblait des inédits et des titres cultes. Lors de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Paris, ils ont ému le public en interprétant «Je suis venu te dire que je m’en vais», comme un adieu prémonitoire.

Avec la disparition d’Amadou Bagayoko, c’est une voix, une guitare et une conscience qui s’éteignent. Mariam Doumbia perd son compagnon de vie et de scène. Le Mali, lui, perd un de ses plus dignes ambassadeurs culturels tandis que le monde pleure un génie.