La Nation Bénin...
Les travaux de démolition du chantier envisagé autrefois
pour accueillir le siège de l’Assemblée nationale et qui a montré de grosses irrégularités,
ont démarré depuis quelques jours. D’aucuns se demandent ce qui se trame, ce
qu’il en sera de ce dossier devant la justice, pourquoi détruire alors que le
nouveau site retenu est toujours en construction ? José Tonato, ministre
du Cadre de vie et des Transports, chargé du Développement durable explique et
donne les fondements de cette opération.
« Les travaux de démolition ont démarré simplement parce que ce site doit recevoir un nouveau projet notamment une arène culturelle. C’est dans le cadre de la mise en œuvre des différents projets inscrits au Programme d’action du gouvernement. Tout comme Parakou, Porto-Novo est l’une des villes retenues pour recevoir une arène culturelle de grande envergure. Le site est très bien adapté pour le projet : au bord de la lagune où un aménagement paysager sous forme d’un parc urbain va s’installer ; et l’arène culturelle qui est comme une salle polyvalente des arts et de la culture va se mettre en place. C’est donc en prévision du démarrage de ce projet que les travaux de démolition de l’ancien chantier de l’Assemblée nationale ont été enclenchés », explique José Tonato, ministre du Cadre de vie et des Transports, chargé du Développement durable. Il est alors question de libérer le site pour permettre au projet d’arène culturelle de la ville de Porto-Novo de se mettre en place. En outre, le ministre José Tonato rappelle que les travaux de démolition ont été autorisés en Conseil des ministres courant juillet dernier et la présente opération n’est que la phase d’exécution. Il rassure de la fiabilité et de la viabilité du nouveau projet sur ce même site aux conditions sensibles. « Vous savez c’est un remblai sur un périmètre relativement hydromorphe. Nous sommes en bordure de lagune. Donc ce n’est pas un sol qui a une portance relativement élevée. Un bâtiment de quatre étages, lourd en béton, n’était pas forcément la chose la mieux adaptée. C’est pourquoi nous envisageons sur ce site un parc urbain. Le terrain sera planté à 80 %. C’est un espace vert, un poumon vert pour la capitale Porto-Novo et l’arène culturelle est comme une salle de spectacle d’un seul niveau, en structure relativement légère et semi ouverte. C’est donc un bâtiment adapté à la qualité du sol », a expliqué José Tonato. Il rassure de ce que toutes les étapes d’instruction du projet sont suivies. « Il y a eu les esquisses, l’avant-projet sommaire ; et avant de faire l’avant-projet détaillé, les essais et les études géotechniques ont été régulièrement faits pour que la construction soit réalisée selon les normes… Par rapport à la construction de l’arène culturelle de Porto-Novo, nous n’avons aucune inquiétude quant à sa capacité à tenir sur ce site ».
Une procédure qui suit son cours
La démolition ne doit pas se lire comme un effacement de ce
dossier et un abandon des charges à l’encontre des contrevenants. Le ministre
du Cadre de vie et des Transports, chargé du Développement durable évoque les
conclusions de l’audit diligenté sur ce chantier qui paraissait menacé,
dangereux. « Nous avons dû commettre un bureau international d’études qui
a fait un audit et dont nous (le Garde des Sceaux d’alors et moi) avons
présenté les résultats devant la Représentation nationale qui a ensuite
autorisé le gouvernement à suspendre définitivement les travaux sur ce site…
Les investissements qui ont été faits sont de l’ordre de plus de 22 milliards
de nos francs. Mais le bâtiment n’est pas utilisable. Le sol n’est pas bon, la
portance est mauvaise, la structure est totalement mal dimensionnée. Vous
verrez vous-mêmes que les murs ne sont pas d’aplomb, les poteaux ne sont pas
rectilignes, les poutres et chaînages, n’en parlons pas… Le bureau d’études a
déclaré non viable, non stable, non solide cette infrastructure. La seule conclusion
qui en découle, c’est la démolition des travaux », souligne le ministre
José Tonato.
Depuis 2018 où l’audit a été réalisé, le gouvernement n’a
pas ordonné immédiatement la démolition du chantier puisqu’il y a une procédure
judiciaire qui est en cours. « Le dossier est pendant devant la Cour de
répression des infractions économiques et du Terrorisme (Criet) et la plupart
des fonctionnaires de l’Etat impliqués dans la gestion de ce dossier
ont été écoutés ; les entreprises incriminées ont été entendues. La
procédure judiciaire suit son cours mais nous avons formellement obtenu le
quitus pour pouvoir démolir ce chantier et démarrer les travaux », nuance
le ministre du Cadre de vie et des Transports, chargé du Développement durable.
A l’en croire, les mis en cause dans ce dossier répondront de leurs actes.
« Je voudrais rassurer toute la population béninoise de la poursuite de la
procédure judiciaire et de la volonté du gouvernement de situer les
responsabilités des uns et des autres et de sanctionner conformément à nos
textes. Cette volonté est intacte mais il faut laisser la justice faire son
travail et décortiquer le dossier. Nous avons déjà vu que certains
entrepreneurs, maîtres d’œuvre, architectes, urbanistes et autres
fonctionnaires ont été écoutés et gardés dans les liens de la détention pendant
un certain temps ! Il y a des entreprises qui ont perçu la totalité des
avances de démarrage et qui n’ont jamais rien fourni comme prestation. Donc il
y a encore de nos sous en circulation et ce n’est pas le rôle du gouvernement
de rendre justice. La procédure suit son cours à la Criet. Et la démollition ne
signifie pas coup de balai sur tout le dossier », assure le ministre José
Tonato.
Quid du nouveau siège en construction ?
C’est connu de tous. Il y a un nouveau chantier de
l’Assemblée nationale qui est en cours. Les travaux ont démarré depuis 2021 et
devraient être livrés septembre dernier. Un rendez-vous manqué du fait de
certaines difficultés qui ont déjà été prises en compte au dire du ministre du
Cadre de vie. « La marque de fabrique de ce gouvernement, c’est zéro éléphant
blanc… Nous allons finir le chantier de l’Assemblée nationale qui est en
cours. L’entreprise chinoise qui réalise les travaux avait commencé à
avoir des difficultés à avancer. Nous sommes entrés en discussion avec eux et
nous avons contenu leur contrat dans les limites du gros œuvre. Le gros œuvre
est pratiquement à 95 % d’exécution. Pour les travaux de finition, nous avons
recruté une deuxième entreprise qui est plus outillée techniquement. C’est
l’entreprise qui construit le Centre des affaires maritimes et le musée de
Porto-Novo, qui va faire la finition du siège de l’Assemblée nationale
pour que le chantier soit livré dans les meilleurs délais », fait savoir José
Tonato, ministre du Cadre de vie et des Transports, chargé du Développement
durable. Le nouveau siège de l’Assemblée nationale est en construction sur le
domaine de l’ex-Gendarmerie à proximité de l’actuel siège (le palais des
Gouverneurs).