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Editorial de Paul AMOUSSOU: Question de mandat

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Le président Macron qui s’emporte contre la limitation du mandat présidentiel ! Loin d’être anecdotique, la question a fait débat il y a peu. Mais pas davantage, dans le contexte d’une démocratie établie comme la France où on ne peut prêter la même intention à Macron qu’à Macky Sall ou à Faure Gnassingbé de vouloir s’éterniser au pouvoir. Ce qui donne un fond sérieux à la problématique : n’en déplaise aux “démocrates” puristes, la limitation du nombre de mandats est-elle pertinente?

 Dans le contexte africain de renouveau démocratique faisant suite aux tendances despotiques, c’est sans doute une belle trouvaille pour favoriser l’alternance au sommet de l’État et contenir toutes velléités de règne éternel. Cette perspective favorise l’alternance, synonyme de renouvellement du personnel politique, de changement de logiciels de gouvernance et surtout de moyen de sanction contre toute gouvernance décadente. Ce qui signifie que, dans un système démocratique, on devrait pouvoir compter sur l’expression du suffrage universel pour sanctionner, décider si un dirigeant mérite ou non de continuer d’exercer les pouvoirs conférés à la puissance publique. C’est le sens du jeu démocratique, tel que pratiqué en Allemagne dont le chancelier peut demeurer au pouvoir tant que les électeurs le veulent bien.

L’exemple du président Franklin D. Roosevelt est édifiant à ce propos, car il a pu faire exceptionnellement trois mandats à la Maison Blanche en raison de l’excellence de sa gouvernance. Ce qui signifie qu’à la tête d’un État, un dirigeant peut s’illustrer par ses œuvres, si remarquables que son maintien peut relever de l’œuvre d’utilité publique.

Aussi, même avec la possibilité de renouveler son mandat, un dirigeant peut naturellement arriver en fin de parcours et ne plus pouvoir se représenter. Cas récent de la chancelière Angela Merkel.

Dans le cas de limitation de mandat, il faut compter avec le phénomène de fin de règne, perturbateur de l’action publique, car lorsqu’ils sont au gouvernement ou occupent des postes de responsabilité au sein de l’appareil d’État, les acteurs politiques ne se déterminent que par rapport à l’échéance suivante, encore plus à mesure que l’épilogue du pouvoir du moment s’approche. Ce qui fait perdre ses moyens au maître du jeu jusque-là. Gros handicap pour l’action publique, que déplore Macron qui égrène les jours comptés de son ultime quinquennat, et qui amène Talon à fixer une ligne rouge à ses collaborateurs: pas d’activisme politique avant six mois des prochaines échéances électorales! Une position intenable pour un politique qui veut continuer à faire carrière et garder pignon sur rue. Il serait curieux de voir si les passagers du bateau de la Rupture s’en tiendront à la ligne Maginot tracée par le chef sans manœuvrer pour prendre pied sur le prochain bateau !

Par   Paul AMOUSSOU, le 04 févr. 2024 à 23h34 Durée 3 min.
#Edito de Paul AMOUSSOU