La Nation Bénin...
« Quelle contribution des citoyens pour un processus électoral équitable et apaisé en 2026 ? », tel est le thème de la conférence-débat organisée par la coalition internationale Tournons la Page (Tlp), samedi 13 septembre dernier à Cotonou. Juristes, politologues et experts électoraux ont échangé avec le public sur les enjeux de confiance, de responsabilité et de participation.
A quelques mois des élections générales de 2026, la coalition internationale Tournons la Page (Tlp) prend des initiatives pour la sensibilisation citoyenne. Samedi 13 septembre dernier à Cotonou, une conférence-débat a réuni universitaires, acteurs politiques et société civile autour d’un thème d’actualité : « Quelle contribution des citoyens pour un processus électoral équitable et apaisé en 2026 ? ». Trois intervenants ont nourri les échanges : Me Zakari Baba Body, avocat au barreau et ancien ministre ; Bah Febron, doctorant en sciences politiques et secrétaire général de TLP Bénin et Georges Otchéré, expert électoral. Ensemble, ils ont confronté leurs analyses sur l’état de la démocratie béninoise et les conditions d’une participation citoyenne crédible. Pour Me Zakari Baba Body, la clé de la confiance démocratique réside dans le respect scrupuleux de la loi par tous les acteurs. « C’est une question de responsabilité de chacun et de tous », a-t-il affirmé. Selon lui, les tensions électorales naissent souvent des manipulations et contournements de la loi par les institutions ou les acteurs politiques.
« Ces manipulations sont à la base de l’effritement de la confiance. Les citoyens finissent par se dire que leurs voix ne comptent pas », a-t-il dénoncé.
Me Baba Body en appelle donc à un sursaut civique et institutionnel: « Le pouvoir appartient au peuple, à vous, à moi, à nous tous. Les élus ne sont que des délégataires. Si chacun joue sa partition conformément à la loi, pourquoi y aurait-il des tensions ? ».
Une confiance jamais réellement établie
Une analyse partagée mais nuancée par Bah Febron. Pour le secrétaire général de Tlp Bénin, la méfiance n’est pas nouvelle : «J’ai le sentiment que la confiance n’a jamais existé entre gouvernés et gouvernants au Bénin depuis 1990». Selon lui, la démocratie béninoise, née de la Conférence nationale, a reposé sur des fondements fragiles : absence de financement transparent de la vie politique, lutte contre la corruption inaboutie, marchandisation du jeu électoral. « Le premier déterminant du vote béninois, c’est l’argent, pas autre chose », a-t-il fait observer. Bah Febron appelle à une «rééducation citoyenne » et à des réformes en profondeur pour bâtir une véritable nation, condition préalable à une démocratie solide. « Le Béninois ne sait pas ce que c’est que le bien commun. Tant que nous restons dans cette approche limitative, il sera difficile de construire une démocratie substantielle », a-t-il averti.
Le rôle du leadership et de l’exemplarité
De son côté, l’expert électoral Georges Otchéré a replacé le débat dans une perspective plus large. Pour lui, la méfiance n’est pas propre au Bénin : « C’est partout. En France aussi, l’engouement autour de la politique s’effrite. La question, c’est le leadership ». Selon lui, les citoyens s’inspirent du comportement de leurs leaders. «Si les politiques montrent richesse et arrogance, tout le monde veut suivre ce modèle. Beaucoup de jeunes ne s’engagent plus par conviction mais pour espérer avoir leur part », a-t-il déploré. Il plaide pour un retour à l’exemplarité et à la valorisation des espaces collectifs d’apprentissage de la citoyenneté, notamment à l’école et dans les associations. Pour M. Otchéré, «le leader politique doit être le phare de la société», rappelant que sans repères positifs, les jeunes risquent de réduire l’action politique à un simple moyen d’enrichissement.
Au terme des débats, un consensus s’est dégagé : la qualité du processus électoral de 2026 dépendra non seulement des institutions, mais aussi de l’engagement citoyen. Chacun, à son niveau, a un rôle à jouer pour que la transparence, l’équité et la paix guident les élections à venir.
La qualité du processus électoral de 2026 dépendra non seulement des institutions, mais aussi de l’engagement citoyen