La Nation Bénin...
La
professeure Dandi Gnamou est désormais la présidente de la Haute cour de
Justice. Elle a été plébiscitée, ce vendredi 1er mars, à l’unanimité
de ses douze autres collègues juges pour succéder à la précédente présidente,
Cécile Marie José de Dravo Zinzindohoué. L’élection s’est déroulée dans
l’enceinte de la haute juridiction à Porto-Novo, conformément aux dispositions
des articles 7 alinéa 2 de la loi organique sur la Haute cour de Justice ;
6 et 7 du Règlement intérieur de l’institution. La professeure Dandi Gnamou
livre ici ses impressions à chaud.
« C’est
d’abord un sentiment de joie mêlée de fierté qui m’anime. Mais aussi un
sentiment de gratitude par rapport à tous ceux qui m’ont aidée, toutes ces
personnes extraordinaires qui m’ont permis aujourd’hui d’être élue en tant que
présidente de la Haute cour de Justice. D’abord, les conseillers de la Cour
constitutionnelle qui étaient avec moi et ont toujours été d’une grande
attention, d’une grande délicatesse à mon égard. Ensuite, tous les
députés-juges de l’Assemblée nationale qui m’ont donné leur vote de façon aussi
franche et puis le président de la Cour suprême avec qui j’avais déjà eu
l’occasion de travailler par le passé. Cet ensemble de personnes m’ont vraiment
honorée en m’offrant leur vote et leurs voix pour présider aux destinées de la haute
juridiction. Mais si tout ceci a été possible c’est parce que j’ai été aussi
proposée au sein de la Cour constitutionnelle. Donc il est de bon ton de
remercier ceux qui ont eu confiance en moi en me proposant à la Cour
constitutionnelle. Je pense au bureau de l’Assemblée nationale mais aussi au
président de la République, qui ont permis que je sois membre de la Cour
constitutionnelle en ma qualité de professeure des Universités donc juriste de
haut niveau. C’est vrai, on est dans le cadre de l’élection à la tête de la
Haute cour de Justice. Mais nous sommes croyants. Rien n’est possible tant que
nous n’avons pas la grâce d’être là. Dieu fait grâce et je lui rends grâce pour
tous ses bienfaits.
Cela dit, je place mon mandat sous le signe de l’espérance. Espérance parce que jusque-là, la Haute cour de Justice n’a pas semblé donner les garanties d’être une juridiction à même d’assurer l’impunité des membres de l’Exécutif. Pas du fait de ceux qui y sont mais surtout à cause du mécanisme qui est prévu dans la Constitution et dans la loi organique de l’institution. Ce mécanisme fait que la prise en compte de la place du politique dans le processus de mise en jeu de la responsabilité des membres de l’Exécutif est bien souvent altérée. Espérance donc parce que je pense qu’avec ce mandat, la plupart des Béninois se rendront compte que l’impunité dont nous avons commencé à faire un droit de non cité avec la présence de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) aura aussi ce droit de non cité grâce à la Haute cour de Justice. Cela passe par des réformes au niveau de cette haute juridiction et aussi un engagement politique fort. L’engagement politique ce n’est pas de l’apanage du juge. Mais les propositions de réforme, la sensibilisation à la nécessité de la réforme, la solidarité et la collégialité induites par une telle haute juridiction permettront effectivement de voir dans la Haute cour de Justice, cet espoir d’une réelle responsabilité et politique et pénale des dirigeants des différents ministères. Car, la démocratie implique la redevabilité qui passe par la mise en œuvre de sa responsabilité ».