La Nation Bénin...
Depuis
la matinée du mercredi 22 mai, au niveau de la frontière entre le Bénin et le
Niger à Malanville, il n’est plus possible d’assurer le transport des personnes
et de leurs biens, puis des marchandises, par voie fluviale. Alors que les
autorités nigériennes l’ont maintenue fermée de leur côté, Cotonou vient tout
simplement d’en décider ainsi. Dépêché sur les lieux, un fort contingent de la
Police républicaine veille au respect de la mesure.
La
crise entre le Bénin et le Niger, suite au refus des autorités de ce pays
d'ouvrir leur frontière au niveau du Poste de contrôles juxtaposés à Malanville
connait, depuis ce mercredi 22 mai, un nouveau rebondissement. Désormais, le
transport sur le fleuve Niger ne sera plus le moyen pour assurer les échanges
entre leurs populations.
En
effet, face à l’intransigeance du Niger à garder fermée de son côté la
frontière entre les deux pays, le Bénin a voulu une nouvelle fois donné de la
voix. Il a décidé de procéder à la fermeture du contournement par voie fluviale
de leur frontière, dans les deux sens.
La loi du tout pour tout
Pour ce faire, il a déployé le long du fleuve, dès les premières heures de la matinée de ce mercredi 22 mai, un contingent de la Police républicaine. C’est pour veiller à la mise en œuvre de la mesure d’interdiction du trafic fluvial entre les deux pays. Les conducteurs des barques et autres pirogues n’étaient plus autorisés à embarquer ou débarquer les personnes et les marchandises sur les rives du fleuve, qu’elles soient béninoises ou nigériennes. Jusqu’à nouvel ordre, les barques ne sont plus autorisées à traverser la frontière béninoise, par la voie fluviale.
Comme
on pouvait s’y attendre, cette décision a pris de court bon nombre de
personnes. Il s’agit surtout des voyageurs en provenance du Niger pour Cotonou,
Lagos et Lomé, habitués à profiter de la distance moins longue, de l’assurance
et de la sécurité qui règnent sur le corridor béninois. Les barques qu’ils ont
empruntées n’ont pas pu accoster à Malanville, pour leur permettre de
poursuivre le voyage à bord des bus des compagnies de transport de leur pays.
En
route pour le Niger, d’autres passagers restent bloqués à Malanville. Plutôt
que de retourner pour aller prendre par Lomé ou le Burkina Faso, ils sont là à
se tourner les pouces, espérant que la situation évoluera dans les prochaines
heures.
Informés
de la nouvelle, alors que l’un de leurs bus venait d’arriver à Parakou, les
responsables de l’une de ces compagnies de transport ont dû convaincre les
passagers de ne pas prendre le risque de continuer le voyage jusqu’à
Malanville. Moussa Zouder, l’un des passagers, ne savait plus à quel saint se
vouer. En route pour Gaya, de l’autre côté de la frontière de Malanville, il
craint qu’on l’oblige à engager des frais supplémentaires, s’il faut aller
prendre par Lomé ou le Burkina Faso.
En
effet, pendant longtemps, le Bénin avait, dans son souci de continuer à
entretenir des relations de bon voisinage et de paix avec le Niger, toléré ce
type de transport qui permettait à leurs populations de continuer à échanger et
faire leurs trafics. Ceci, bien que Niamey ait préféré ne pas rouvrir sa
frontière, malgré la levée des barrières du côté béninois. Décidé à aller
jusqu’au bout, le Bénin rappelle que sa seule voie officielle de transport pour
communiquer avec le Niger reste désormais celle terrestre, via le pont qui les
relie à Malanville.
Avant
cette nouvelle mesure, arrivés au niveau de la frontière béninoise, les
personnes et les biens étaient soumis aux différents contrôles de la police et
de la douane. Ceux en route pour le Niger pouvaient ensuite descendre vers les
embarcadères ou débarcadères le long du fleuve à Malanville et reprendre leur
voyage, une fois l’autre rive atteinte. Quant à ceux venus du Niger, après
avoir rempli les formalités au niveau de la frontière béninoise, ils montaient
à bord des bus de leur pays en stationnement pour continuer.
Une alternative trouvée
Du côté des points d’embarquement qui, à la faveur de la situation, se sont multipliés, il n’y avait pas d’activités. On en dénombre plus de cinq dont l’embarcadère de Tounga.
C’est
vrai que depuis lundi 6 mai dernier, le gouvernement avait suspendu la sortie
des produits alimentaires du Bénin. Face à leur cherté en terre béninoise, il
avait décidé de mettre fin à l’exportation des céréales notamment le maïs, en
appelant les forces de sécurité et de défense à veiller au respect de la
mesure. A cet effet, ces dernières ont multiplié les opérations
d’arraisonnement des produits au niveau de cette frontière où le transport
fluvial donnait libre cours à tous les trafics. A Malanville, les portes de
sortie avaient été fermées au maïs et autres céréales, sur le fleuve.
Par
ailleurs, la fermeture de cette frontière du côté du Niger empêchant certaines
marchandises à destination des populations du Nigeria notamment des régions de
Kano, Kwara, Kaduna, via le port de Cotonou, de leur parvenir comme par le
passé, le Bénin a également pris une autre décision. Désormais, c’est par la
frontière de Ségbana, au Bénin, qu’elles leur seront acheminées.
Selon
les informations recueillies, l’objectif est de renforcer l’interaction sociale
et économique qui existe entre le géant de l’Est et le Bénin. C’est dans ce
cadre qu’une séance d’échanges a eu lieu, mardi 21 mai dernier au poste
frontalier de Ségbana, entre des délégations des deux pays. La rencontre a
porté sur la relance des activités relevant des secteurs du commerce et du
transport, puis l’amélioration des échanges.
Toujours, selon les mêmes informations, la délégation béninoise était composée du ministre de l’Economie, des Finances et de la Coopération, Romuald Wadagni, du ministre des Affaires étrangères, Olushegun Adjadi-Bakary, puis de la directrice générale de la Douane, Adidjatou Hassan. C’est depuis la fermeture des frontières suite au coup d’Etat survenu le 26 juillet 2023 à Niamey, que le trafic de ce côté, entre le Bénin et le Nigeria, a également été bloqué. Ainsi, une alternative vient d’être trouvée par les deux pays, pour contourner cette situation qui perdure. C’est à travers un corridor passant par Sègbana, reliant le Bénin à l’Etat de Kebbi, au Nigeria.