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Gouvernance publique: Les entreprises d’État à l’épreuve des réformes

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Alors que les entreprises publiques jouent un rôle central dans le développement économique du pays, leur gestion reste un défi permanent. Le gouvernement du président Patrice Talon a été contraint de dissoudre certaines d'entre elles pour mauvaise gouvernance et inadéquation avec les objectifs de développement, tout en réformant d'autres pour les mettre aux normes de transparence et de performance.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 25 sept. 2024 à 06h54 Durée 2 min.
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« Nous ne pouvons plus tolérer la gestion approximative des ressources de l’Etat. Chaque franc doit être compté, et cela passe par des audits rigoureux et réguliers des entreprises publiques », déclarait le président de la République Patrice Talon, lors d’un discours sur l’état de la nation. Cette déclaration reflète la détermination du gouvernement à assainir la gestion de ces entités publiques, après plusieurs années de mauvaise gouvernance et de gaspillage des fonds publics. Face aux exigences de bonne gouvernance, la transparence dans le contrôle des comptes des entreprises est devenue un impératif. Les entreprises publiques sont soumises à des audits réguliers menés par la Cour des comptes et l’Inspection générale des finances (Igf) qui ont été renforcées et dynamisées. Ces organismes ont pour mission de garantir la conformité avec les normes comptables en vigueur et de vérifier l'utilisation à bon escient des fonds publics. Pourtant, malgré le travail titanesque de ces organismes, des défis structurels et opérationnels persistent. Des audits ont révélé des détournements de fonds et une gestion hasardeuse dans des secteurs stratégiques entraînant la dissolution de certaines entreprises et la restructuration d’autres. En réponse aux critiques sur la gestion opaque de ces entreprises, le gouvernement a pris des mesures hardies et a entrepris des réformes destinées à renforcer les contrôles. Parmi les exemples notables, on peut citer la dissolution de la Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (Sonacop), Bénin Télécoms Sa, Libercom Sa, le Fonds routier, la Compagnie béninoise de navigation maritime (Cobenam). D’autres entreprises comme la Société nationale pour la promotion agricole (Sonapra), le Centre régional pour la promotion agricole (Cerpa), I'Office national d'appui à la sécurité alimentaire (Onasa) ont également été liquidées en raison d’une gestion inefficace. Tout récemment, trois autres structures, l’Agence béninoise de valorisation des résultats de la recherche et de l’innovation technologique (Abevrit), le Centre béninois de la recherche scientifique et technique (Cbrst) et le Fonds national de recherche scientifique et de l’innovation technologique (Fnrsit) ont également été dissoutes. Inutile de citer les structures budgétivores en charge des petites et moyennes entreprises dont il a été mis fin aux activités d'une dizaine. Pour ces entreprises, des liquidateurs ont été nommés pour gérer les affaires courantes et assurer la transition vers de nouvelles structures plus conformes aux normes de gouvernance modernes.

Pour une gestion plus transparente

Dans le cadre de la réforme du secteur public, plusieurs entreprises ont été restructurées pour se conformer aux normes internationales et produire plus de résultats. C’est le cas de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) qui a été réformée et restructurée avec de nouvelles missions pour devenir une nouvelle entité plus performante incluant une meilleure gestion des ressources et des audits plus rigoureux. Le secteur de l'agriculture a été également touché par ces réformes, avec la réorganisation du Cerpa et de la Sonapra en de nouvelles structures visant à soutenir la production agricole de manière plus efficace et transparente. Ces réformes ne se sont pas faites sans résistance, puisque les vieilles habitudes ont souvent la peau dure, dit-on. Les anciennes pratiques de gestion, souvent marquées par l'opacité, sont difficiles à éradiquer. Toutefois, le gouvernement s'est montré ferme en appliquant des sanctions contre les dirigeants d’entreprises impliquées dans des scandales financiers, y compris des partisans les plus fidèles au régime. Face à ces défis persistants, des initiatives ont été également prises pour améliorer la transparence financière dans les entreprises publiques. Ainsi, le gouvernement a lancé un projet de digitalisation des processus de gestion, avec l’objectif de moderniser les outils de contrôle et de garantir une meilleure traçabilité des transactions. Cette réforme, appuyée par des partenaires techniques et financiers, vise à renforcer l’efficacité des audits et à prévenir les fraudes. Malgré ces progrès réalisés, le chemin vers une transparence totale reste parsemé d’embûches. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour garantir une transparence totale, bien que le contrôle des comptes des entreprises publiques au Bénin ait connu des avancées significatives. La mise en œuvre rigoureuse des réformes, l’amélioration des compétences en audit et l’adoption de systèmes de gestion numériques sont autant de pistes à suivre pour garantir une gestion plus transparente des entreprises publiques. Il est aussi important de promouvoir la publication régulière des rapports d’audit et leur accessibilité au public pour assurer plus de transparence■