La Nation Bénin...
La situation en Haïti, marquée par une escalade de la
violence, une crise sécuritaire et des violations massives des droits de
l'homme, a poussé le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme,
Volker Türk, à lancer au cours de la 54e Session du Conseil des droits de
l’homme, un appel pressant en faveur d'une intervention internationale pour
restaurer la sécurité dans le pays. La crise actuelle en Haïti ne peut plus
être ignorée, et une action coordonnée de la communauté internationale est
désormais nécessaire pour sauver des vies et stabiliser la nation.
Le dernier rapport du Haut-Commissaire met en lumière la
gravité de la situation en Haïti. Depuis le début de l'année 2023, le pays a
été témoin d'une montée en flèche de la violence, avec plus de 2 400 personnes
tuées, près de 1 000 enlevées, et plus de 900 blessées en seulement huit mois.
Cette escalade de la violence a touché toutes les communes de la zone
métropolitaine de Port-au-Prince, y compris celles qui étaient considérées
comme relativement sûres jusqu'à récemment.
La brutalité des gangs armés a atteint des niveaux
choquants, avec des actes de mutilation et de brûlure de corps diffusés sur les
médias sociaux. Les femmes et les jeunes filles sont particulièrement
vulnérables à la violence des gangs, y compris les viols collectifs. De plus,
les gangs continuent de recruter des enfants, les impliquant dans des
enlèvements et des vols, et les exposant à un avenir sombre.
L'insécurité en Haïti a aggravé une crise humanitaire déjà
préoccupante. Le nombre de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire a
presque doublé au cours des trois dernières années. Les attaques contre les
écoles par des gangs ont connu une augmentation spectaculaire, et de nombreux
professionnels de la santé ont quitté le pays, laissant les Haïtiens sans accès
à des soins médicaux essentiels.
Les institutions de l'État haïtien, y compris la Police
nationale haïtienne (Pnh) et le système judiciaire, sont aux prises avec des
problèmes graves qui sapent leur capacité à maintenir l'ordre et à garantir la
sécurité de la population. La Pnh est confrontée à de multiples problèmes. Il
n'y a pas suffisamment d'officiers de police pour couvrir tout le pays. Avec
environ 13 000 officiers en service actif et une population d'environ 11
millions d'habitants, Haïti ne dispose que d'environ la moitié du nombre
d'officiers de police recommandé par les experts en matière de maintien de
l'ordre. La police manque d'équipements de base, notamment de véhicules, de
moyens de communication, d'armes et même d'uniformes. Le moral est bas, les
policiers sont mal payés et souvent en retard.
Renforcer les institutions de l'État
La mauvaise gouvernance, la corruption et l'impunité ont
contribué à la crise actuelle en Haïti. Le rapport souligne que pour mettre fin
au cycle de violence, l'État haïtien doit demander des comptes aux responsables
des crimes et à ses propres fonctionnaires de la police, des tribunaux et du
système pénitentiaire. Le contrôle strict des dépenses publiques est essentiel
pour prévenir la corruption, et le soutien au système judiciaire est nécessaire
pour enquêter et poursuivre les personnes soupçonnées de corruption.
Le rapport met également en lumière les conditions
inhumaines dans les prisons haïtiennes, où les détenus vivent dans des cellules
surpeuplées, sans accès adéquat à l'eau, aux toilettes, ou à des conditions
sanitaires décentes. Plus de 11 000 détenus sont entassés dans des
établissements conçus pour en accueillir environ un tiers de ce nombre. Une
attention immédiate est nécessaire pour améliorer ces conditions et respecter
les droits des détenus.
Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a exhorté la
communauté internationale à agir de manière décisive face à cette crise en
Haïti. Le temps est compté, et des vies sont en jeu. La restauration de la
sécurité, le respect des droits de l'homme et le développement durable de la
nation haïtienne dépendent de l'action immédiate et coordonnée de la communauté
mondiale.