La Nation Bénin...
Me Adrien Houngbédji n’est pas rancunier. En effet, lors de son discours de lancement de la session budgétaire 2015, il a rendu hommage à Feu Mathieu Kérékou, ancien président de la République du Bénin décédé le mercredi 14 octobre dernier. Celui-là même sous qui il a été détenu politiquement au temps fort de la Révolution avant de prendre le large pour l’exil en France. Il a reconnu les qualités exceptionnelles du Camélon, son ancien bourreau même s’ils fumeront tous deux ensemble le calumet de la paix après l’avènement de la Conférence nationale de Février 1990.
A l’endroit du Feu général Mathieu Kérékou, Adrien Houngbédj a laissé entendre que «…ce qui nous rassemble ici ce matin, c’est en effet, et à divers titres, l’Etat ; la passion de le servir. Et puisqu’il s’agit du service de l’Etat, comment pourrions-nous, en cette solennelle occasion, et sans vouloir anticiper sur les justes hommages qui lui seront rendus par la Nation, comment pourrions-nous ne pas évoquer et saluer la mémoire de celui qui, 30 années durant, en fut la figure emblématique et le plus grand serviteur ». Pour le président de l’Assemblée nationale, la disparition du général Mathieu Kérékou est celle d’un grand homme d’Etat, dans la pleine acception du terme. Il trouve donc mérités les témoignages qui affluent des quatre coins du monde. « Du 26 octobre 1972 aux 24 et 25 février 1990, proclamation de la souveraineté de la Conférence nationale, et du 24 mars1991 au 6 avril 2006, putschiste d’abord, marxiste-léniniste ensuite, et enfin démocrate libéral, ni ange ni démon, le général Mathieu Kérékou est assurément le plus grand homme d’Etat du Bénin post colonial », postule le président de l’Assemblée nationale. « Le reconnaître et le dire n’effacent en rien les erreurs qui furent commises. Le reconnaître et le dire ne discréditent en rien les combats légitimes qui furent menés, en son temps, contre un régime d’oppression », précise Me Adrien Houngbédji qui a fait ainsi allusion à la gestion du président Mathieu Kérékou sous la période révolutionnaire pendant laquelle il a aussi fait les frais du régime despotique dirigé alors de main de fer par l’illustre disparu. «… la repentance de l’un et sa conversion à l’Etat de droit, et l’aptitude des autres à tourner la page, pour construire ensemble le pays, constituent sans nul doute, le ferment de cette démocratie apaisée et de cette stabilité, dont le Bénin reste le modèle, 25 ans après la Conférence nationale», souligne le président de l’Assemblée nationale avant d’inviter toute l’assistance à se lever pour une minute de silence à la mémoire de l’homme du 26 octobre 1972.