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Industrie textile au Bénin: Les préalables à l’instauration de la « marque Bénin »

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Le textile se présente comme un des secteurs d’avenir pour  l’entreprenariat jeune et féminin Le textile se présente comme un des secteurs d’avenir pour l’entreprenariat jeune et féminin

La filière textile au Bénin se présente comme l’un des secteurs d’avenir pour l’entreprenariat jeune et féminin. Les multiples opportunités qui s’y trouvent retiennent de plus en plus leur attention. Si l’accompagnement et les investissements suivent, le textile est appelé à devenir sous peu un important pilier pour le développement. 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 28 août 2024 à 06h55 Durée 2 min.
#Industrie textile au Bénin

La filière textile à partir de la filature de la matière première coton notamment, compterait plus de 71 000 professionnels au Bénin dont seulement 1,3 % seraient formalisés. Ces données émanent d’un récent recensement national. Ceci implique une part significative de l’activité informelle au regard de la dynamique en cours au niveau de cette filière. Dans son diagnostic pays Bénin pour le secteur privé, datant de mars 2023, la Banque mondiale soulignait que « les risques et les vulnérabilités associés à l’économie informelle touchent les femmes de manière disproportionnée, puisque 95 % de la main-d’œuvre féminine occupe un emploi vulnérable et/ou informel ». Les données spécifiques de l’entrepreneuriat des femmes dans la filière textile au Bénin ne sont pas disponibles. Pour autant, en prenant pour base d’observation les 14 piliers de l’indice mondial de l’entrepreneuriat (Gei), une récente étude de la Bad en est venue à la conclusion qu’il est « possible de réaliser une analyse empirique de la situation de l’entrepreneuriat des femmes dans cette filière au Bénin ». Les femmes béninoises ont librement accès aux dispositifs nationaux pour la création d’entreprise et l’État, à travers toutes ses institutions, met en œuvre de nombreux dispositifs pour encourager et simplifier l’entrepreneuriat des femmes en général, indique le document. Lequel note « une présence naturelle des femmes dans la filière textile, même si elle est fondamentalement informelle. Cela constitue en tout cas un point de départ positif favorable pour l’inclusion. Pour renforcer cet atout, l’État et les partenaires techniques et financiers sont invités à instaurer des programmes incitatifs pour le recrutement de femmes dans les entreprises qu’ils seraient amenés à soutenir financièrement dans le cadre d’un plan national concerté de dynamisation de la filière textile au Bénin.

Des atouts

Outre la présence féminine appréciable, d’autres atouts se dégagent encore pour le pays et pourraient être capitaux pour booster son développement. Le Bénin a le potentiel de devenir une destination recherchée dans la sous-région pour la qualité de son enseignement initial et continu aux métiers textiles. Les contenus pédagogiques auront d’autant plus de valeurs pour les apprenants s’ils sont axés sur les besoins et les réalités culturelles locales en matière de consommation des produits textiles. « Typiquement pour ce qui concerne la confection pour l’habillement, la base de l’enseignement devrait partir du pagne tissé et des différentes formes de drapés qui sont les fondements culturels sur l’ensemble du continent africain », appuie Nathalie Adikpéto Daouda, consultante experte pour le secteur privé béninois.

Pour porter ces idées et projets, il faut soumettre le secteur à des mécanismes innovants pour faciliter l'accès aux financements aux petites et moyennes entreprises et aux start-up. « Les financements sont disponibles au Bénin contrairement à la pensée répandue chez les entrepreneurs locaux. Mais l’accès à ces fonds est conditionné par des critères strictes de gestion du risque client par les banques commerciales aussi bien que les investisseurs public et privés », analyse Nathalie Adikpéto Daouda au terme d’une étude sur les opportunités dans le textile béninois. Selon elle, des « critères d’évaluation sont encore trop éloignés de la réalité et des capacités réelles socio-économiques des entrepreneurs du Bénin ». Typiquement, l’exigence de garanties foncières en contrepartie des prêts bancaires, est particulièrement difficile à assumer pour la majorité des artisans de la filière, et plus spécifiquement pour les femmes et les jeunes, relève-t-elle. Le facteur risque pour les prêteurs étant ainsi trop élevé, de fait le coût de l’argent en ressort très au-delà des capacités des emprunteurs locaux. « Ces taux sont clairement inadaptés si l’on tient compte de la faible rentabilité des entreprises », note-t-elle. Dans ce contexte, les banques commerciales ainsi que l’État et les partenaires techniques et financiers d’une part, les opérateurs du secteur privé d’autre part, doivent nécessairement se réinventer pour sortir de cette impasse. Les acteurs de la filière en tout cas ne dorment pas sur leurs lauriers. L’année dernière, une rencontre avec les acteurs du secteur privé a été une nouvelle occasion de réaffirmer leur volonté de proposer aux marchés locaux et internationaux, des solutions textiles de meilleure qualité, susceptibles de valoriser la « marque Bénin ». Il faut pour ce faire, partir de la filière coton existante et la faire progresser sans pour autant perdre de vue la multitude de fibres naturelles disponibles sur le territoire national, particulièrement la fibre de feuille d’ananas. Elles présentent chacune des atouts économiques et sociaux qui peuvent permettre au Bénin de se hisser dans les très hautes sphères de l’industrie textile à l’échelle mondiale, indique le rapport intitulé « dynamiser la filière textile au Bénin »■