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Jour 2 du procès Dangnivo: Les tests génétiques confirment la mort de la victime

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Les deux experts conviés à la barre, ce mercredi 12 mars, deuxième jour du procès Dangnivo, ont confirmé, après des tests, que le patrimoine génétique du corps exhumé à Womey au domicile de Codjo Cossi Alofa est à « 99,99 % » conforme à ceux des parents ou alliés du défunt.

Par   Ariel GBAGUIDI, le 13 mars 2025 à 09h40 Durée 3 min.
#procès Dangnivo

Dangnivo est-il vraiment mort ? Le premier expert à répondre à la question est le Français Guillaume Monique, médecin légiste intervenu par visioconférence. Il avait été commis par la famille Dangnivo pour une contre-expertise. Après des tests osseux en 2024, le spécialiste a établi un lien de parentalité de 99,99 % entre le corps exhumé au domicile de Codjo Cossi Alofa à Womey et les prélèvements effectués chez les parents et alliés du défunt Pierre Urbain Dangnivo.

Ses travaux corroborent ceux du professeur Anatole Laleye, membre de l'équipe d'experts dépêchée au domicile de Alofa à l'époque des faits. Le biologiste confirme à la barre qu’il avait conclu, en 2018, que le corps exhumé est celui de Dangnivo, après comparaison des tests biologiques du défunt avec ceux de cinq de ses proches. Le spécialiste béninois affirme avoir mené des travaux sur des parties molles des restes du défunt. La tension monte entre Anatole Laleye et Me Olga Anassidé quand cette dernière cherche à comprendre pourquoi il a travaillé sur des parties molles alors que d’autres parties des restes étaient encore chez lui et que le crâne du défunt se trouve aussi dans son laboratoire. Sa réponse à la question ne satisfait pas les avocats de la partie civile qui insistent et reviennent à la charge avec d’autres questions. Au final, le biologiste répond qu’il ne sait pas si le crâne fait partie des pièces à conviction, vu qu’il n’a pas le droit de toucher aux scellés pour découvrir ce qui est à l’intérieur.

Le troisième expert de la journée, Dr Clément Kpadonou, médecin légiste, est celui qui a constaté les faits à l’époque. Il a rappelé le processus allant de sa saisine par le procureur pour exhumer le corps au dépôt de son rapport, passant par l’autopsie proprement dite. Son travail avait décelé, entre autres, des lésions faciales contondantes (écrasement facial) chez la victime et le niveau de décomposition du cadavre qui ne permet pas d'identifier le sexe de la victime. Les débats entre l’expert et la partie civile ont achoppé, entre autres, sur la taille réelle du cadavre retrouvé chez Alofa et la date réelle du scellé suite aux premiers constats. Me Olga Anassidé conteste, en effet, que Pierre Urbain Dangnivo ne mesurait pas 1,67 mètres comme l’a mentionné le rapport du légiste. L’expert répond qu’il s’agit d’une mesure approximative étant donné que le cadavre était déjà en état de putréfaction avancée. Aussi, affirme-t-il, qu’il ne lui avait pas été demandé de faire une autopsie anatomopathologique du corps. Sur la question des scellés, il dit ne pas être la personne responsable des scellés. A cet égard, le ministère public a promis de faire tout ce qui est de son pouvoir afin que le tribunal puisse écouter la personne responsable des scellés.

Contradictions 

Enormément cité dans le dossier, le contrôleur général de police Enock Laourou a été auditionné lors du deuxième jour du procès Dangnivo, en qualité de témoin. En 2010, il était à la tête des services de renseignement au niveau du Port de Cotonou, mais en 2015, au moment où Alofa s’était évadé de prison, il était le directeur général du renseignement béninois.

« Comment avez-vous appris l'affaire Dangnivo », lui demande le juge. « Comme tout le monde, j’ai appris par voie de presse qu'il y a eu disparition », répond le contrôleur général dans sa narration des faits, qui soutient que Alofa s’est évadé. Mais l’intéressé infirme: « Comment je vais m'évader alors que j'étais menotté ». A la demande du tribunal de savoir si Enock Laourou faisait partie de ces personnes qui lui auraient rendu visite et entretenu quand il était en prison, Alofa répond « non ».

Dans la suite du procès, le juge demande à savoir comment le fugitif Alofa avait été retrouvé en son temps, suite à l’évasion. Enock Laourou dit avoir tracé le numéro de téléphone qu’il utilisait en prison. « C’est faux ! Personne n’utilise de téléphone portable en prison », réplique Alofa. Toutefois, ce dernier reconnait avoir appelé des contacts béninois depuis le Togo. Il dit avoir acheté une carte Sim à Hilacondji à 12 000 F Cfa quand il y avait été déposé par des hommes encagoulés. Selon les explications du contrôleur général, Alofa a été localisé le lendemain de son évasion. « J’ai informé mon homologue du Togo… Il s’est déplacé après et il a par la suite changé de numéro», explique Enock Laourou, ajoutant que Alofa a été extradé deux jours après son arrestation au Togo. « C’est faux ! Le 15 mars 2015, je me suis moi-même rendu à la police togolaise et je leur ai demandé de me remettre à la justice béninoise et non à la police béninoise », répond le principal accusé. « Après mon extradition vers le Bénin, on m'a affecté 58 gardes du corps en prison. Je ne pouvais rien faire sans que l'un d'entre eux ne soit présent», confie le principal accusé. Son conseil, Me Théodore Zinflou, ajoute que deux sergents lui avaient été également assignés quand il a été commis d’office. Mais qu’il s’en était plaint avant que les deux ne soient rappelés.

En ce qui le concerne, le co-accusé dit reconnaître Enock Laourou. A en croire Donatien Amoussou, des gendarmes du Gign l’avaient sorti de sa cellule à Missérété pour le conduire chez Enock Laourou. « Il m'a dit d'accepter que je suis le complice d'Alofa et que je sais comment Dangnivo est mort », charge Donatien Amoussou. La promesse était qu'il sortirait de prison le plus vite possible, une fois le crime avoué. Le prévenu dit avoir fait 62 jours d’isolement en guise de punition suite à son refus. « Tout ce qu’il dit est faux ! », rétorque Enock Laourou.

L’audience s’est poursuivie avec l’audition de Bernard Lani Davo cité dans le dossier. La suite du procès est à découvrir dans nos prochaines publications.