La Nation Bénin...
Quelques
retards dans la pluviométrie font craindre des résultats peu reluisants pour la
campagne agricole 2024-2025. Mais comptant avec les nombreuses mesures prises
en amont, et relatées par Luc Achille Oniloudé, directeur général de l’Agence
territoriale de développement agricole pôle 4, (Atda4), les fruits pourraient
bien tenir la promesse des fleurs.
La Nation : Quelles sont les actions menées en amont pour la réussite de la campagne agricole 2024-2025 ?
Luc
Achille Oniloudé : L’année dernière, il y a eu un déficit en Npk. Mais cette
année, des cargaisons de Npk ont été réceptionnées par le ministre de
l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, et mises à la disposition des
producteurs. Ainsi, nous avons assuré la disponibilité en intrants,
c’est-à-dire des semences. Pour la production d’anacarde, la projection était
la mise à disposition des producteurs de 488 000 plants performants pour la
campagne en cours, de même que la réhabilitation d’environ 1 000 hectares
d’anciennes plantations. Pour le manioc, 1 224 331 tiges ou boutures certifiées
sont mises à disposition des producteurs. C’est grâce à l’accompagnement du
gouvernement qui a doté l’Agence de 250 millions francs Cfa pour compléter le
budget, que l’Agence arrive à accompagner les producteurs de manioc afin qu’ils
aient des tiges saines, des boutures saines, en vue de booster la production.
En ce qui concerne le soja, cette année, nous avons réussi à décrocher un
financement d’un montant de 100 millions francs Cfa pour accompagner la
filière.
Ne
craignez-vous pas que les difficultés de pluviométrie plombent vos efforts ?
Il
faut aussi noter que la campagne passée, les perturbations au niveau de la
pluviométrie ont fait chuter un peu les quantités surtout au niveau du maïs. La
non stabilité des quantités de pluie a entraîné la réduction des tonnages au
niveau de la région, ce qui, à coup sûr, a aussi entraîné la hausse des prix,
parce que le marché, c’est l’offre et la demande. Mais pour la campagne
2024-2025, cela est corrigé par l’introduction des variétés à haut rendement
qui permettent d’avoir rapidement du vivrier sur le territoire, afin de
satisfaire les besoins, sans oublier que les éleveurs ont aussi ces matières à
savoir le maïs, les tourteaux de soja pour nourrir leurs animaux. Avec les
espèces hybrides introduites d’abord pour booster le rendement, sur la même superficie,
si vous suivez les techniques, vous pourrez avoir quatre ou six fois la
production. On est donc sûr qu’on pourrait atteindre les objectifs. On s’est
positionné sur le maïs et le riz pour l’instant. Peut-être les années à venir,
nous allons nous positionner sur le soja.
Quelles
sont les filières qui sont du ressort du pôle 4 ?
Il
faut dire que c’est une Agence qui couvre 16 communes et dont la mission, comme
celle de toutes les autres Agences de développement agricole, est d’assurer la
promotion des filières agricoles. Au niveau du pôle 4, trois filières phares
sont à promouvoir. Il s’agit de la filière anacarde, la filière manioc et la
filière soja. Mais, d’autres filières qui soutiennent ces filières phares à
savoir le maïs, la filière lait et viande, et œuf de table s’y greffent. Le
pôle 4 se positionne également pour accompagner les transformateurs à travers
la mise à disposition des équipements et matériels de travail. Pour la filière
anacarde, nous accompagnons les producteurs d’amendes de cajou. Au niveau du
soja, les petites unités sont appuyées à travers quelques équipements pour
faciliter la production du fromage de soja, du lait de soja, et en ce qui
concerne le manioc aussi, nous nous positionnons pour accompagner les
transformateurs avec des équipements motorisés pour faciliter l’épluchage et
autres.
Donc,
l’Agence a travaillé à mettre en place un mécanisme, un protocole pour
identifier les bénéficiaires, pour catégoriser les types de matériels, afin de
permettre aux producteurs de quitter un niveau N pour un niveau N plus un. Nous
accompagnons le transformateur lambda qui souhaite aller vers une unité plus
professionnelle. Nous identifions le type d’équipements à mettre dans son
système afin d’améliorer et de faciliter les techniques de transformation. Dans
ce cadre, nous sommes en collaboration avec la Sonama qui a des équipements
spécifiques. Ainsi, des tracteurs sont mis à la disposition de l’Agence pour
faciliter la tâche aux producteurs, et ceci à des prix compétitifs. C’est pour
vous dire que la campagne 2024 augure d’une meilleure production que celle de
2023, d’autant plus que les engrais spécifiques Npk, urée, etc., sont mis à
disposition à temps, et les accompagnements techniques n’ont pas fait défaut.
Qu’en
est-il du Conseil agricole?
Cette
année, nous avons reçu une dérogation spéciale pour positionner des ressources
sur le Conseil agricole. Le Conseil agricole avait aussi fait un peu défaut
l’année dernière, mais nous avons obtenu une autorisation spéciale pour
accompagner les acteurs. Donc, nous serons plus présents sur le Conseil
technique spécialisé, c’est-à-dire le Conseil d’accès au marché, le Conseil de
gestion des exploitations agricoles, le Conseil des organisations
professionnelles agricoles. Je voudrais exhorter les acteurs à se positionner
sur tout ce qui a été prévu par le gouvernement afin de pouvoir bénéficier de
ces facilités et améliorer leur productivité pour la mise en marché des
produits.
Quels
sont les acquis de la campagne 2023-2024 ?
Pour ce qui concerne la filière anacarde, déjà pour la campagne 2023-2024, il a été produit 203844 tonnes de noix d’anacarde. Il a été mis en place 54 000 sachets de biofertilisants pour booster la production. Il a été aussi réhabilité près de 32 000 ha d’anciennes plantations. Pour ce qui concerne le soja, il a été produit 441 468,8 tonnes de soja sur le plan national. A ce niveau également, nous avons accompagné les producteurs avec les biofertilisants, soit 59 686 sachets. Au niveau du maïs, au niveau du pôle, il a été produit 256 341 tonnes de façon globale. Pour la filière manioc, il a été transformé, toutes catégories confondues, que ce soit gari, tapioca et autres, près de 3 990 041 tonnes de manioc.
Qu’avez-vous
à dire pour conclure cet entretien?
Je
voudrais demander aux producteurs de toujours se positionner pour capitaliser,
utiliser tous les intrants mis à leur disposition par le gouvernement, à
travers les subventions et d’être assurés qu’il y aura les techniciens qui vont
les accompagner afin que les délais techniques soient respectés pour la
réussite de chaque campagne.