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Manifestations de la fête du 1er août : Pourquoi a-t-on mis fin à la célébration tournante ?

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Par   Bruno SEWADE, le 30 juil. 2015 à 23h03

Le Bénin s’apprête à célébrer demain samedi 1er août, pour la quatrième fois, la fête de l’indépendance à Cotonou après les fêtes tournantes qui ont pris fin à Natitingou en 2011. Pourquoi a-t-on renoncé à cette expérience qui a permis à chaque ancien chef-lieu de département de bénéficier des infrastructures même si ces dernières sont aujourd’hui inachevées par endroits ?

Lorsqu’en 2007, le gouvernement a décidé en Conseil des ministres de la célébration tournante de la fête du 1er août dans chaque département, tout le peuple béninois avait applaudi. Car, il s’agit d’une initiative qui devrait permettre de réaliser des infrastructures dans chaque chef-lieu de département qui accueille les manifestations.

Après la ville d’Abomey dans le département du Zou en 2007 comme terre d’expérimentation, ce sont respectivement les villes de Parakou en 2008, Lokossa en 2009, Porto-Novo pour le cinquantenaire en 2010 et Natitingou en 2011. Ces différentes villes ont accueilli pour la première fois ces manifestations sous l'ère du renouveau démocratique. Cotonou étant la seule ville qui a tout le temps bénéficié de ces manifestations. Et chacune desdites villes a bénéficié des infrastructures selon les besoins. Rues pavées ou bitumées et pavoisées aux couleurs nationales; salles de Conseil des ministres construites ou aménagées pour accueillir tous les membres du gouvernement; réhabilitation des stades, construction des logements même si ce n’est pas dans le cadre des manifestations, badigeonnage et réfection des bureaux des préfectures qui étaient dans un état de délabrement total; éclairage public mis au point, etc. Dans tous les cas, toutes les villes n’ont pas été logées à la même enseigne. Les réalisations ont été faites selon les besoins de chaque ville. Même si aujourd’hui ces infrastructures ne sont plus en bon état.

Un petit bilan

En faisant un petit bilan, on se rend compte que la ville d’Abomey qui a servi de cobaye à cette fête tournante n’avait pas eu grand-chose. A part, la réhabilitation de la villa présidentielle, de la tribune officielle du stade municipal de Goho, des chaussées allant de la Place Goho à la préfecture, plus rien d’autres. Huit ans environ après cette célébration, les filles et fils de cette ville historique se demandent si réellement ils ont bénéficié des infrastructures.
Quant à la ville de Lokossa dans le département du Mono, elle semble être logée à la même enseigne qu’Abomey. Elle a bénéficié du traitement similaire. La salle du Conseil des ministres, la Place de l’Etoile rouge badigeonnée, la rue ayant servi à faire le défilé réfectionnée, de la terre rouge sur le stade, puis le démarrage de la construction des logements sociaux qui n’a jamais été achevée.
Ces deux villes n’ont pas été logées à la même enseigne que Parakou, Porto-Novo et Natitingou qui ont apparemment bénéficié de plus d’infrastructures même si ces dernières n’ont jamais été achevées. Dans ces villes, le gouvernement a plus investi surtout à Porto-Novo où il s’agissait du cinquantenaire.
Après les anciens chefs-lieux de départements, l’initiative est apparemment mise entre parenthèses. Or, après ces anciens chefs-lieux de départements, il était prévu que les villes secondaires comme Ouidah, Abomey-Calavi, Bohicon, Kandi,… commencent à accueillir ces manifestations. C’est ainsi que la ville d’Abomey-Calavi a été prévue pour abriter les manifestations de cette année. Mais au dernier moment, le Conseil des ministres a délocalisé lesdites manifestations pour Cotonou. Et quelles étaient les raisons de ce revirement ? Seul le gouvernement peut donner d’amples explications.
Dans tous les cas, la célébration de la fête de l’indépendance dans une ville serait une occasion pour faire des réalisations dans cette ville. Une initiative qui devrait régler le problème du développement équilibré des différentes régions du pays. Certains diront que l’Etat n’a pas les moyens pour faire de gros investissements chaque année dans les communes pour les manifestations de la fête de l’indépendance.

Régler la question des disparités régionales

Le gouvernement peut par cette politique régler la question de la réduction des disparités régionales qui représentent aujourd’hui un défi pour le Bénin.
En effet, le développement équilibré et durable de l’espace national constitue l’un des cinq axes prioritaires de la Stratégie de croissance pour la réduction de la pauvreté (SCRP) en cours. La réduction de l’enclavement des zones de production, notamment agricoles, constitue un objectif important du Programme d’investissements structurants (PIS). Les autorités pour achever leur politique d’inclusion spatiale, doivent promouvoir davantage les pôles d’activités régionaux et l’emploi dans les zones rurales, améliorer la gestion du rythme de l’urbanisation et travailler à la maîtrise de la croissance démographique.
Pour réussir cette politique, le gouvernement devrait saisir comme boussole les différents Programmes qui ont été signés avec les partenaires techniques et financiers dans le cadre du développement des villes secondaires. Des programmes qui prennent en compte la majorité des villes secondaires qui devraient accueillir les manifestations de la fête du 1er août si l’option de la célébration tournante était toujours en vigueur.