La Nation Bénin...
Au
troisième trimestre 2024, la microfinance au Bénin confirme sa dynamique de
croissance avec une hausse des dépôts et des crédits. Toutefois, la qualité du
portefeuille de prêts reste un défi majeur pour le secteur.
D’après les données de la Bceao, les dépôts collectés par les Systèmes financiers décentralisés (Sfd) au Bénin ont augmenté de 2,2 milliards F Cfa au troisième trimestre 2024, soit une progression de 1,1 %. Cette croissance s’inscrit dans une tendance générale au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Umoa), où l’encours global des dépôts s'est établi à 2 459,6 milliards F Cfa, en hausse de 2,8 % par rapport au trimestre précédent.
L’encours
des crédits octroyés au Bénin a également connu une hausse de 2,5 %, avec un
montant de 6 milliards F Cfa supplémentaires. Cette progression, bien
qu'encourageante, demeure inférieure à celle observée au Togo (+9,9 %), en Côte
d’Ivoire (+4,8 %) et au Sénégal (+4,4 %). Le montant moyen des crédits par
client au sein de l’Umoa s'est établi à 139 306 F Cfa, en hausse de 3,9 % sur
le trimestre.
A
l’instar de l’ensemble de l’Union, malgré ces performances positives, le
secteur de la microfinance au Bénin fait face à un défi majeur : la qualité du
portefeuille de crédits. Le taux brut de dégradation du portefeuille dans
l’Umoa s’est détérioré, atteignant 8,9 % à fin septembre 2024 contre 8,2 % à
fin juin 2024, bien au-delà de la norme communautaire maximale de 3 %. En
glissement annuel, il est également noté une augmentation de ce taux par
rapport à son niveau de septembre 2023 (7,5 %). Cette situation est en partie
due à une augmentation de 13,2 % des créances en souffrance, qui progresse plus
rapidement que l'encours total des crédits (+4,7 %). Le Bénin n’est pas épargné par cette tendance
et compte actuellement deux structures parmi les neuf institutions de
microfinance sous administration provisoire dans l’Umoa.
Enjeux
Le
développement de la microfinance au Bénin s’inscrit dans un contexte plus large
de transformation du secteur dans l’Umoa. Le nombre total de Sfd dans l’Union
s’élève à 537, en légère baisse par rapport au trimestre précédent (539), suite
à des retraits d’agrément en Côte d’Ivoire et au Togo, indique la banque
centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.
Dans
d’autres pays, la microfinance poursuit son expansion. Le Sénégal et la Côte
d'Ivoire figurent parmi les marchés les plus dynamiques, avec des hausses
significatives des dépôts et des crédits. En revanche, le Niger affiche une
contraction notable de son encours de crédits (-3,8 %) et de ses dépôts (-2,1
%), signalant des difficultés structurelles.
Le
secteur de la microfinance au Bénin affiche une résilience certaine, soutenue
par une augmentation des dépôts et des crédits. Toutefois, la dégradation du
portefeuille de crédits et la mise sous administration provisoire de certaines
institutions appellent à un renforcement des mécanismes de gestion des risques.
La microfinance demeure un levier essentiel pour favoriser l’inclusion financière et soutenir le développement des activités génératrices de revenus au Bénin et dans toute la sous-région. Pour assurer une croissance durable, les Sfd devront améliorer leur gouvernance, diversifier leurs offres de services et renforcer l'accompagnement des bénéficiaires.