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Les examens professionnels du Certificat élémentaire d’aptitude pédagogique (CEAP) et du Certificat d’aptitude pédagogique (CAP), option Enseignement maternel et primaire ont démarré depuis le lundi 18 avril dernier dans les départements de l’Atacora et de la Donga. Pour qui connaît les pratiques qui ont cours dans le cadre du déroulement de ces examens, les appels aux comportements vertueux de la Direction des Examens et Concours semblent enrhumer le système de corruption.
«Il est interdit aux candidats d’organiser des réceptions encore moins de faire ripailles à l’endroit des commissions d’examens, tout comme ils ne doivent pas leur offrir des présents ni des enveloppes. En un mot la corruption en ces périodes d’examens est formellement réprimée », rappelle Albert N’da, secrétaire général de la Direction départementale des Enseignements maternel et primaire, pour montrer combien les autorités accordent du prix à rompre avec les actes de corruption lors du déroulement des examens professionnels du CEAP et du CAP.
A l’instar des chefs des circonscriptions scolaires de Kouandé et de Kérou qui ont été épinglés et sanctionnés l’année dernière, les indélicats, précise-t-il, subiront les rigueurs de la loi 2011-20 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin. Dans le cas d’espèce, c’est l’ordonnance 73 portant lutte contre les fraudes dans les examens qui est applicable.
Les pratiques de corruption longtemps décriées pendant la période des examens professionnels du CEAP et du CAP au Bénin résisteront-elles à ces mesures de la Direction des Examens et Concours engagée à assainir le cadre organisationnel desdits examens depuis 2013 suite à l’ampleur prise par le phénomène ?
Tout porte à le croire, selon Joseph Azantchémè, chef service des Enseignements maternel et primaire. Du moins jusqu’à l’entame de la deuxième semaine de la phase pratique des examens professionnels du CEAP et du CAP dans les départements de l’Atacora et de la Donga. « Il est vrai que depuis le démarrage de ces examens, des prétendus faits de corruption nous sont rapportés mais je pus vous dire qu’aucun de ces cas n’est encore avéré. Quoiqu’il soit difficile d’enrayer du jour au lendemain de telles pratiques il convient néanmoins de souligner que le phénomène est en recul. Nous avons foi que les mentalités vont évoluer et que ne seront admis au CEAP et au CAP que les candidats méritants. Plus besoin de soudoyer tel membre d’une commission pour espérer réussir », note-t-il, tout optimiste.
Ainsi, en prélude au démarrage de ces examens, une délégation de la Direction des Examens et Concours s’est fait le devoir de parcourir les départements aux fins de sensibiliser les acteurs à la base. Pour ce qui concerne les départements de l’Atacora et de la Donga, c’est précisément le 22 mars 2016 que ces derniers ont été entretenus par les cadres de cette direction sur les instructions relatives au déroulement des examens et les comportements que les inspecteurs des Enseignements maternel et primaire membres de commission d’examen sont censés avoir dans le cadre de ces examens.
Au total, c’est 1913 candidats dont 890 provenant du département de la Donga et 1023 de l’Atacora qui sont concernés par ces examens au titre de cette année.
Ces pratiques qui discréditent
Les examens professionnels donnaient lieu à toutes sortes de pratiques de corruption qui ont fini par jeter le discrédit sur les inspecteurs. Pour Dieudonné Bangana, chef service des Examens et Concours de la Direction départementale des Enseignements maternel et primaire, les nombreuses plaintes reçues de candidats quant aux rançonnements des membres des commissions d’examens ont tôt fait d’alerter les autorités sur les actes de corruption en cours lors du CEAP et du CAP. « Il y a des enseignants réputés pour leur absentéisme et qui savent qu’ils peuvent compter sur la fraude pour réussir à ces examens et en paient le prix. Ces candidats indélicats et leurs complices ne sont plus appelés à s’illustrer aussi négativement car ils sont passibles de sanctions graves », confie-t-il, tout en admonestant les intermédiaires que sont souvent les directeurs d’écoles. Des libéralités et autres présents sont offerts aux membres des commissions qui pouvaient à l’époque faire jusqu’à trois ou quatre examens par jour. « C’est devenu une tradition. Offrir des cadeaux aux membres des commissions d’examens est systématique », s’offusque-t-il.
Des candidats à l’approche de ces examens épargnent de l’argent ou sollicitent l’aide de leurs parents ou proches et parfois de parents d’élèves pour faire face aux dépenses relatives à ces pratiques.
Si d’aucuns saluent les décisions en cours pour assainir l’organisation des examens professionnels bien d’autres restent dubitatifs, arguant que des subterfuges pourraient relancer autrement ces actes. Certains n’excluent pas que des réceptions soient faites dans des résidences à l’abri des regards indiscrets ou que des enveloppes ne soient glissées aux inspecteurs dans la stricte intimité.
Déjà les instructions données par la Direction des Examens et Concours font état de ce que les jurys d’examen doivent fonctionner en pool afin d’éviter que le président soit le même inspecteur pour tous les candidats de la circonscription scolaire. Aussi rappelle-t-on que chaque jury d’examen est autonome et souverain. Aucune pression d’où qu’elle ne vienne ne doit influencer les décisions d’une commission d’examen et cette dernière se doit d’être impartiale. Par ailleurs, il est retenu qu’un même inspecteur ne peut présider qu’un seul examen du CAP par jour et un examen du CEAP par demi-journée.
Ces examens se dérouleront jusqu’au 22 juillet prochain puis interviendra une pause pour cause de vacances scolaires. Ils reprendront à partir du 15 octobre prochain pour prendre fin à la fin du mois de novembre.
Il est à noter également que cette année, avec le nombre écrasant de candidats, beaucoup d’inspecteurs à la retraite ont été sollicités. ?