La Nation Bénin...
Lors
du lancement du premier Programme d’action du gouvernement (Pag 1), Patrice
Talon, président de la République, donnait une idée de cette initiative majeure
dans l’élan de valorisation du patrimoine culturel. Retour sur des extraits de
cette présentation sommaire faite par le chef de l’Etat, vendredi 16 décembre
2016, soit neuf mois après son élection.
Encadré
« Notre
pays est un Etat laïc. Nous n’avons pas la vocation de faire la promotion du
vodoun. Nous n’en avons pas le droit... Nous n’avons pas la vocation de faire
la promotion de la spiritualité vodun. Nous n’avons pas l’intention de faire la
promotion de la religion vodun. Mais nous devons reconnaître que nous avons une
histoire, une origine. Nous entendons souvent les Européens dire que l’Europe
occidentale est de culture judéo-chrétienne. Pourtant, tous les pays d’Europe
sont laïcs et revendiquent leur histoire, leur culture qui provient de
l’activité spirituelle de leurs aïeux. Il convient de rappeler que les
communautés humaines, quelque soit l’époque et quelque soit la région, ont
développé l’expression culturelle et artistique à partir des besoins spirituels...
Nos parents étaient des païens. Et ils ont créé les danses, le dessin et les
masques qui constituent nos patrimoines et inspirent nos artistes. L’Afrique
est de culture vodun. Aujourd’hui, l’Afrique est laïque, musulmane, catholique
et même bouddhiste parfois. Mais elle est de culture vodun. Nous allons
commercialiser nos valeurs culturelles. Nous allons révéler au monde ce
patrimoine si intense, si riche, si beau. Le monde aura du plaisir à le
découvrir. Aller s’asseoir dans une arène pour voir les “guèlèdè” danser n’a
rien de spirituel. Ce n’est pas une adhésion à la spiritualité vodun. Combien
de fois les touristes vont visiter la mosquée de Casa, parce que c’est une
œuvre architecturale extraordinaire. Combien les touristes vont en Chine, en Inde
visiter les temples. Pourtant ils ne sont pas touristes... Le Bénin fera
autant. Les autres savent profiter de leur culture ; ils savent la vendre. Les
autres n’ont pas de complexe. Nous serons aussi décomplexés et nous allons
vendre au monde entier ce que nous avons. Nous allons investir massivement pour
révéler au monde ce que nous avons de particulier. En cela, je voudrais que les
uns et les autres aient la grandeur et l’ouverture d’esprit qu’il faut pour
accompagner cette politique d’investissement et de politique de promotion des
valeurs que nos parents nous ont laissées. Leurs valeurs culturelles, la
manière dont ils dansaient... Aujourd’hui, les Brésiliens commercialisent au
plan touristique des mets qui étaient les seules façons de manger de leurs aïeux
esclaves. Et c’est devenu pour eux un patrimoine culinaire. Le passé, quelque
soit sa douleur, quelque soit la souffrance qu’il a pu infliger à nos aïeux
peut devenir un patrimoine commercialisable... Nous allons réinventer les
reliques de l’esclavage parce que c’est l’histoire de l’humanité. Nous allons
créer cet espace dans lequel on va revivre ce qu’était l’esclavage, il y a 200
ou 300 ans... »
Transcription :
Joël C. TOKPONOU