La Nation Bénin...
Le
gouvernement a adopté le document de Politique nationale d’alimentation et de
nutrition, mercredi dernier en Conseil des ministres. Désormais, toutes les
actions qui seront menées dans ce domaine suivront la vision qu’incarne ce
document dont la finalité est le développement humain durable.
Réduire
la malnutrition et concrétiser la vision selon laquelle « à l’horizon 2033, le
Bénin est un pays où chaque personne jouit d’une sécurité alimentaire et d’un
état nutritionnel optimal ». Tel est le but de la Politique nationale
d’alimentation et de nutrition 2024-2030 adoptée, en Conseil des ministres,
mercredi dernier.
En
fait, l’analyse de la gouvernance institutionnelle du secteur de l’alimentation
et de la nutrition dans notre pays révèle une fragmentation sectorielle, un
besoin accru de coordination et la nécessité d’une vision stratégique intégrée.
Au
constat, le dispositif actuel de prévention et de prise en charge de la
malnutrition révèle des défis liés à l’insécurité alimentaire, la qualité des
aliments et des insuffisances dans les interventions de nutrition. Cette
situation engendre des prévalences du retard de croissance et de l’anémie chez
les enfants. Ces troubles nutritionnels carentiels ont des conséquences graves
sur les potentiels cognitif et productif de ces adultes de demain et sont
sources d’obésité, de diabète et d’hypertension artérielle.
L’élaboration
de la Politique relève de la nécessité de disposer d’un document fédérateur des
interventions liées à l’alimentation et à la nutrition, pour une réponse
coordonnée des différents acteurs dans le domaine. Les orientations
stratégiques mettent l’accent sur la création d’un environnement favorable à la
mise en œuvre des interventions, la lutte contre toutes les formes de
malnutrition, d’insécurité alimentaire, de toxi-infection alimentaire et de
retard psychomoteur, ainsi que le renforcement du programme d’alimentation en
milieu scolaire.
Quatre
défis majeurs sont identifiés dans le document à savoir la performance du cadre
institutionnel, la capacité du Bénin à satisfaire aux besoins alimentaires et
nutritionnels en quantité et en qualité, l’offre de services et soins liés aux
maladies nutritionnelles et le développement des services sociocommunautaires
et éducationnels en faveur de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Pour
y parvenir, quatre programmes seront coordonnés par le Conseil de l’alimentation
et de la nutrition. Il s’agit du Programme d’appui institutionnel pour
l’amélioration des environnements alimentaires (Paiaea), du Programme national
d’alimentation, de nutrition et de développement de la petite enfance
(Pnandpe), du Programme de renforcement de l’alimentation scolaire (Pras) et du
Programme de la nutrition adéquate de la femme enceinte et de suivi du fœtus
(Pnaff). Leur mise en œuvre contribuera à résorber la persistance de la
malnutrition qui explique un essor des maladies non transmissibles telles que
le diabète, les maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle, le
cancer.
Inquiétant
Dans la région de l'Afrique de l'ouest, la lutte contre les carences en micronutriments est une priorité absolue en matière de santé publique. Malgré les progrès accomplis, les carences persistent, en particulier dans les groupes vulnérables tels que les femmes en âge de procréer et les enfants. La prévalence de l'anémie, qui touche une femme sur deux et un enfant sur trois, associée à des taux importants de retard de croissance et d'insuffisance pondérale à la naissance, souligne la gravité de la situation. Ces carences pèsent lourdement sur les économies de l'Afrique de l'Ouest, car elles nuisent à la productivité, à l'immunité, au développement cognitif et à la santé physique.
En
effet, l'Afrique de l'Ouest est la région où le fardeau de la dénutrition est
le plus lourd en Afrique. La prévalence du retard de croissance (30,9 %) et de
l'émaciation (6,9 %) y est plus élevée que les moyennes mondiales (22 % et 6,7
%, respectivement). Les femmes en âge de procréer souffrent également d'un
niveau élevé de problèmes de santé liés à la nutrition et à des carences en
micronutriments, comme l'anémie (51,8 %). Les dernières données du rapport mondial
sur la nutrition montrent qu'aucun pays d'Afrique de l'ouest n'est en passe
d'atteindre l'objectif en matière d'anémie pour les femmes en âge de procréer.
Les femmes sont plus exposées aux carences en micronutriments en raison de
leurs besoins plus élevés et de la faible diversité de leur régime alimentaire
puisqu'elles mangent souvent en dernier. En général, les régimes alimentaires
en Afrique de l'ouest sont monotones et manquent d'une diversité suffisante
pour améliorer l'apport en micronutriments.
De
petits pas
Le Bénin présente une prévalence de 31,3% de retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans. Selon les résultats de l’Analyse globale de la vulnérabilité à la sécurité alimentaire (Agvsa) menée en 2017 par l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (Insae), 9,6 % de la population sont en insécurité alimentaire, soit 1,09 million de personnes. L’insécurité alimentaire présente des disparités régionales, les ménages ruraux sont davantage touchés (12 % modéré et 1 % sévère) que les ménages urbains (7 % modéré). Cette étude révèle aussi qu’en moyenne 42,9 % des ménages sont en sécurité alimentaire limite. Pour ce qui concerne les enfants, l’Enquête Démographique et de Santé du Bénin (Edsb 2017-2018) révèle que 32 % des enfants de moins de 5 ans sont atteints d’un retard de croissance ou de malnutrition chronique (ils sont trop petits pour leur âge) et 11 % en sont atteints sous la forme sévère, 5 % sont émaciés ou souffrent de malnutrition aiguë (ils sont trop maigres par rapport à leur taille), 1 % présente une émaciation sévère et 2 % un surpoids. Aussi, environ 7 enfants de 6 à 59 mois sur 10, soit 72 % sont anémiés.
Au
regard de ce tableau peu reluisant, le gouvernement s’est engagé pour la
promotion et la mise à niveau du capital humain au service du développement
durable et inclusif. Ainsi, en lien avec le Plan national de développement
(Pnd), le sous-secteur nutrition et sécurité alimentaire s’est doté des
documents sectoriels comme, le Plan stratégique de développement du secteur
agricole (Psdsa, 2017-2025) et le Plan national d’investissements agricoles et
de sécurité alimentaire et nutritionnelle (Pniasan, 2017-2021), l’Examen
stratégique national Faim zéro au Bénin à l’horizon 2030 et la Politique du secteur
de la santé pour la nutrition (Pssn, 2016-2025). La mise en œuvre de ces
différentes stratégies fait appel donc à la disponibilité de ressources
adéquates et suffisantes■