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Politique nationale d’Alimentation et de Nutrition 2024-2033: Un document de référence pour réduire la malnutrition

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Le gouvernement a adopté le document de Politique nationale d’alimentation et de nutrition, mercredi dernier en Conseil des ministres. Désormais, toutes les actions qui seront menées dans ce domaine suivront la vision qu’incarne ce document dont la finalité est le développement humain durable.

Par   Joël C. TOKPONOU, le 31 juil. 2024 à 08h54 Durée 3 min.
#Politique nationale d’Alimentation et de Nutrition 2024-2033

Réduire la malnutrition et concrétiser la vision selon laquelle « à l’horizon 2033, le Bénin est un pays où chaque personne jouit d’une sécurité alimentaire et d’un état nutritionnel optimal ». Tel est le but de la Politique nationale d’alimentation et de nutrition 2024-2030 adoptée, en Conseil des ministres, mercredi dernier.

En fait, l’analyse de la gouvernance institutionnelle du secteur de l’alimentation et de la nutrition dans notre pays révèle une fragmentation sectorielle, un besoin accru de coordination et la nécessité d’une vision stratégique intégrée.

Au constat, le dispositif actuel de prévention et de prise en charge de la malnutrition révèle des défis liés à l’insécurité alimentaire, la qualité des aliments et des insuffisances dans les interventions de nutrition. Cette situation engendre des prévalences du retard de croissance et de l’anémie chez les enfants. Ces troubles nutritionnels carentiels ont des conséquences graves sur les potentiels cognitif et productif de ces adultes de demain et sont sources d’obésité, de diabète et d’hypertension artérielle.

L’élaboration de la Politique relève de la nécessité de disposer d’un document fédérateur des interventions liées à l’alimentation et à la nutrition, pour une réponse coordonnée des différents acteurs dans le domaine. Les orientations stratégiques mettent l’accent sur la création d’un environnement favorable à la mise en œuvre des interventions, la lutte contre toutes les formes de malnutrition, d’insécurité alimentaire, de toxi-infection alimentaire et de retard psychomoteur, ainsi que le renforcement du programme d’alimentation en milieu scolaire.

Quatre défis majeurs sont identifiés dans le document à savoir la performance du cadre institutionnel, la capacité du Bénin à satisfaire aux besoins alimentaires et nutritionnels en quantité et en qualité, l’offre de services et soins liés aux maladies nutritionnelles et le développement des services sociocommunautaires et éducationnels en faveur de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Pour y parvenir, quatre programmes seront coordonnés par le Conseil de l’alimentation et de la nutrition. Il s’agit du Programme d’appui institutionnel pour l’amélioration des environnements alimentaires (Paiaea), du Programme national d’alimentation, de nutrition et de développement de la petite enfance (Pnandpe), du Programme de renforcement de l’alimentation scolaire (Pras) et du Programme de la nutrition adéquate de la femme enceinte et de suivi du fœtus (Pnaff). Leur mise en œuvre contribuera à résorber la persistance de la malnutrition qui explique un essor des maladies non transmissibles telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle, le cancer.

Inquiétant

Dans la région de l'Afrique de l'ouest, la lutte contre les carences en micronutriments est une priorité absolue en matière de santé publique. Malgré les progrès accomplis, les carences persistent, en particulier dans les groupes vulnérables tels que les femmes en âge de procréer et les enfants. La prévalence de l'anémie, qui touche une femme sur deux et un enfant sur trois, associée à des taux importants de retard de croissance et d'insuffisance pondérale à la naissance, souligne la gravité de la situation. Ces carences pèsent lourdement sur les économies de l'Afrique de l'Ouest, car elles nuisent à la productivité, à l'immunité, au développement cognitif et à la santé physique.

En effet, l'Afrique de l'Ouest est la région où le fardeau de la dénutrition est le plus lourd en Afrique. La prévalence du retard de croissance (30,9 %) et de l'émaciation (6,9 %) y est plus élevée que les moyennes mondiales (22 % et 6,7 %, respectivement). Les femmes en âge de procréer souffrent également d'un niveau élevé de problèmes de santé liés à la nutrition et à des carences en micronutriments, comme l'anémie (51,8 %). Les dernières données du rapport mondial sur la nutrition montrent qu'aucun pays d'Afrique de l'ouest n'est en passe d'atteindre l'objectif en matière d'anémie pour les femmes en âge de procréer. Les femmes sont plus exposées aux carences en micronutriments en raison de leurs besoins plus élevés et de la faible diversité de leur régime alimentaire puisqu'elles mangent souvent en dernier. En général, les régimes alimentaires en Afrique de l'ouest sont monotones et manquent d'une diversité suffisante pour améliorer l'apport en micronutriments.

De petits pas

Le Bénin présente une prévalence de 31,3% de retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans. Selon les résultats de l’Analyse globale de la vulnérabilité à la sécurité alimentaire (Agvsa) menée en 2017 par l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (Insae), 9,6 % de la population sont en insécurité alimentaire, soit 1,09 million de personnes. L’insécurité alimentaire présente des disparités régionales, les ménages ruraux sont davantage touchés (12 % modéré et 1 % sévère) que les ménages urbains (7 % modéré). Cette étude révèle aussi qu’en moyenne 42,9 % des ménages sont en sécurité alimentaire limite. Pour ce qui concerne les enfants, l’Enquête Démographique et de Santé du Bénin (Edsb 2017-2018) révèle que 32 % des enfants de moins de 5 ans sont atteints d’un retard de croissance ou de malnutrition chronique (ils sont trop petits pour leur âge) et 11 % en sont atteints sous la forme sévère, 5 % sont émaciés ou souffrent de malnutrition aiguë (ils sont trop maigres par rapport à leur taille), 1 % présente une émaciation sévère et 2 % un surpoids. Aussi, environ 7 enfants de 6 à 59 mois sur 10, soit 72 % sont anémiés.

Au regard de ce tableau peu reluisant, le gouvernement s’est engagé pour la promotion et la mise à niveau du capital humain au service du développement durable et inclusif. Ainsi, en lien avec le Plan national de développement (Pnd), le sous-secteur nutrition et sécurité alimentaire s’est doté des documents sectoriels comme, le Plan stratégique de développement du secteur agricole (Psdsa, 2017-2025) et le Plan national d’investissements agricoles et de sécurité alimentaire et nutritionnelle (Pniasan, 2017-2021), l’Examen stratégique national Faim zéro au Bénin à l’horizon 2030 et la Politique du secteur de la santé pour la nutrition (Pssn, 2016-2025). La mise en œuvre de ces différentes stratégies fait appel donc à la disponibilité de ressources adéquates et suffisantes■