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Poursuivi devant la Criet: Deux ans de prison ferme requis contre Louis Philippe Houndégnon

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Louis Philippe Houndégnon Louis Philippe Houndégnon

La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a tenu, ce lundi 28 avril, une audience très attendue. Devant les juges, le ministère public a requis une peine de deux ans de prison ferme contre Louis Philippe Houndégnon, ancien directeur général de la police nationale, assortie du paiement d’une amende de deux millions de francs Cfa.

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 29 avr. 2025 à 06h57 Durée 3 min.
#Criet

L'ancien haut gradé de la police Louis Philippe Houndégnon est poursuivi pour harcèlement par le biais d'un système de communication électronique et incitation à la rébellion. Son coaccusé, Coffi Camille Amoussou, pourrait quant à lui bénéficier d'une relaxe pure et simple, le ministère public ayant estimé que les charges contre lui n’étaient pas établies.

Les faits reprochés à Louis Philippe Houndégnon remontent à novembre 2024. Selon le ministère public, l’ex-patron de la police a multiplié les sorties médiatiques, au cours desquelles il aurait tenu des propos remettant en cause la Constitution du Bénin et la stabilité des institutions républicaines. Ces déclarations publiques, jugées subversives, ont entraîné son interpellation et son inculpation par la Criet.

À l’audience, le procureur spécial a insisté sur le fait qu’un agent public, même retraité, reste tenu à un devoir de réserve. "Si vous n'êtes plus sous le drapeau, vous avez le drapeau au corps", a martelé le représentant du parquet. En effet, Houndégnon, par ses révélations sur de supposées sollicitations pour des coups d’État, a selon le parquet "gravement affecté la quiétude publique" et semé le trouble dans l’opinion nationale.

Le ministère public est allé plus loin, reprochant à l'ancien patron de la police d'avoir initié, à travers son mouvement baptisé "11/12", un recensement de fonctionnaires influents, parmi lesquels des membres des forces armées, de la police et de la douane. Cette démarche, perçue comme une tentative d'organisation parallèle à des fins non élucidées, a renforcé les soupçons de tentative de déstabilisation.

Lors de la perquisition de son domicile, les enquêteurs ont découvert plusieurs plaques sur lesquelles figuraient des messages hostiles envers les autorités en place, notamment à l'encontre du chef de l’État, Patrice Talon. Sur l'une d'elles, on pouvait lire : "Perdition de Guillaume Athanase Patrice Talon", inscription que le parquet considère comme une preuve supplémentaire de la volonté de déstabilisation.

Durant les débats, Louis Philippe Houndégnon a tenté d’expliquer son engagement politique, affirmant vouloir contribuer à un renouveau démocratique à travers son mouvement. Toutefois, pour le ministère public, son comportement s’apparente à une incitation à la rébellion et à un harcèlement électronique, justifiant ainsi la sévérité des réquisitions.

Concernant son neveu, Coffi Camille Amoussou, également poursuivi pour harcèlement et incitation à la rébellion, le ministère public a estimé que les éléments à charge n’étaient pas suffisants. Il a donc requis sa relaxe pure et simple.

Louis Philippe Houndégnon, autrefois reconnu pour son professionnalisme et son sens du devoir au sein de la police nationale, fait aujourd'hui face à de lourdes accusations qui pourraient définitivement ternir sa carrière.

La Cour a mis son délibéré en attente. Le verdict est très attendu dans un contexte où les enjeux autour de la sécurité nationale restent particulièrement sensibles.