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Prise en charge psychosociale des enfants: Une lueur d’espoir pour les autistes

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Gilles Arsène Aïzan, président de Autisme-Bénin Gilles Arsène Aïzan, président de Autisme-Bénin

Au cours du Conseil des ministres de ce jeudi 11 avril, le gouvernement a adopté le projet de prise en charge intégrée des enfants autistes. Une bouffée d’oxygène pour les enfants souffrant de ces troubles ainsi que pour leurs parents. Gilles Arsène Aïzan, psychologue clinicien, spécialiste de l’autisme, et président de l’Ong Autisme Bénin, félicite le gouvernement pour cette initiative.

Par   Joël C. TOKPONOU, le 12 avr. 2024 à 06h00 Durée 3 min.
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« C’est une très belle initiative, une décision à saluer. Cet acte du gouvernement est bien exceptionnel parce que dans la plupart des pays en Afrique, il est rare de voir les gouvernements s’intéresser à la question de l’autisme à ce niveau; car lorsque nous participons à des activités sur la question en Afrique, on constate que ce sont des initiatives privées qui s’intéressent à cette problématique qui est très lourde ». Gilles Arsène Aïzan, psychologue et président de l’Ong Autisme-Bénin, montre l’importance de la phase pilote du projet de prise en charge intégrée des enfants autistes dans les communes de Cotonou et d’Abomey-Calavi. Le projet vise à faciliter l’octroi de soins appropriés aux enfants souffrant d’autisme. Il sera ainsi mis en œuvre un ensemble d’actions visant à apporter un soutien scolaire, une assistance sanitaire et un accompagnement social personnalisé aux cibles. Car ces troubles ont un impact important sur la vie scolaire et l’intégration sociale de l’enfant ainsi que sur la cohésion de la famille. De ce fait, la prise en charge nécessite d’importants moyens qu' il est difficile, voire impossible pour la plupart des familles de supporter.

« L’autisme est un handicap neurodéveloppemental que la personne a pour toute la vie. Ce n’est pas un trouble pour lequel il faut mettre un traitement et attendre une guérison. De ce point de vue, c’est vraiment salutaire que les autorités puissent porter leur attention dessus et décider d’accompagner les enfants présentant des troubles du spectre autistique et leurs familles », fait remarquer le psychologue Gilles Arsène Aïzan. Selon lui, un tel projet est à saluer parce que l'autisme, dans ses formes sévères, est très lourd à supporter pour les familles parce qu’il est là pour toute la vie. Ce qui pose des difficultés d’intégration et met les enfants en marge de la société. En cela, un tel projet va permettre de communiquer davantage sur la thématique des troubles du spectre autistique et contribuer à sensibiliser à la question et à faire tomber les mythes érigés autour.

 

Avis de spécialiste

 

Le président de l’Ong Autisme-Bénin s’attarde sur les spécificités de ces troubles qui nécessitent l’attention des gouvernants. « C’est un trouble dont la prise en charge est très délicate pour plusieurs facteurs. Pour cela, il faut une ressource humaine de qualité, formée à la chose et qui maitrise les subtilités parce qu’on dit souvent qu’il y a autant d’autismes que d’autistes; c’est-à-dire que chaque personne autiste a des besoins spécifiques auxquels il faut adapter les interventions », insiste-t-il avant d’ajouter qu’il faudra un nombre suffisant de spécialistes de divers domaines pour un accompagnement de qualité en pluridisciplinarité.

Pour la réussite du projet, il estime que « les familles doivent être prises en compte dans le dispositif.  Quand le handicap survient dans une famille, les questions de honte et de culpabilité l’accompagnent, avec son lot de stigmatisation. C’est un poids pour la famille et particulièrement pour les mères qui en souffrent ».

Gilles Arsène Aïzan pense aussi que ce projet constitue un soutien important aux femmes. « Traditionnellement, l’enfant est dit «fils de son père » quand il est bien portant et répond à l’idéal social attendu mais il devient « enfant de la mère » quand il ne correspond pas à cet idéal », note-t-il.