La Nation Bénin...
De
nouvelles normes devront prévaloir dans le secteur funéraire dans les mois et
semaines à venir. Le Conseil des ministres a pris cette décision lors de ses
assises, ce mercredi 19 juin. Ceci permettra d’insérer dans les textes
règlementant ce domaine les aspects qui n’étaient pas pris en compte.
C’est
un euphémisme de dire que le secteur funéraire n’est pas bien organisé. Et ce
n’est pas forcément la faute aux acteurs qui y travaillent. Le secteur,
jusque-là, fonctionne principalement sur la base de l’arrêté interministériel
n°042/Misat/Ms/Dc/Cts/Dh du 23 février 1993 portant réglementation des
activités de pompes funèbres par les entreprises privées. Environ 30 ans après,
les réalités de ce monde ont beaucoup évolué. Les insuffisances des textes
règlementaires sont relevées. Pour illustration, il n’aborde pas la gestion des
cimetières, alors que ces dernières années, des situations conflictuelles ont
été enregistrées, ayant comme origine leur aménagement.
De
même, il est observé par endroits de graves lacunes notamment en ce qui
concerne le respect de l’intégrité physique et de la mémoire des défunts. S’y
ajoutent des manquements en matière de protection de l’environnement.
Il
était donc temps d’actualiser la règlementation pour un mieux-être des
principaux intervenants et un meilleur respect des dépouilles des défunts,
avant, pendant et après leur inhumation. C’est ce qui motive la prise d’un
décret pour imposer de nouvelles normes. Le nouveau décret organise donc la
catégorisation de ces activités, la fixation des normes techniques, sanitaires
et environnementales applicables à la création, la gestion des pompes funèbres,
des funérariums, des crématoriums et des cimetières. Les qualifications
minimales requises pour opérer dans ce domaine et les sanctions encourues par
les contrevenants aux règles édictées sont aussi clairement définies.
A
son niveau, le gouvernement avait déjà prévu dans son programme d’action
2021-2026 la construction et l’équipement d’un funérarium moderne à Togbin.
Dans cette même vision, lors du Conseil des ministres du 23 décembre 2020, en
plus de la réalisation des études de faisabilité et de dimensionnement du
projet de création d’un centre funéraire, d’une morgue, d’un crématorium, il a
décidé de la création d’une école de formation de thanatopraxie pour disposer,
à moyen terme, du personnel qualifié pour délivrer les soins de conservation
des corps au Bénin. Ces idées étaient déjà les prémices de l’amélioration de la
conservation des corps, la modernisation de la gestion des différentes
activités en lien avec les enterrements,
Inquiétant
L’instauration d’une nouvelle règlementation dans le secteur funéraire était plus que urgente. En dehors de la non prise en compte de certains aspects importants, les normes imposées ne sont toujours pas respectées.
Le
rapport de l’Agence béninoise de l’environnement (Abe) au terme de l’inspection
environnementale des morgues dans les communes du Bénin le confirme si bien.
En
effet, dans l’objectif de vérifier le respect des dispositions législatives et
règlementaires en matière d’environnement au Bénin par les promoteurs des
morgues et d’apprécier les éventuelles atteintes à l’environnement et/ou les
nuisances environnementales et risques sanitaires générés par les activités
desdites morgues, l’Abe a organisé du 17 au 29 avril 2023, une mission
d’inspection environnementale des morgues et funérariums des communes du Bénin,
soit 22 établissements funéraires répartis dans 18 communes et 7 départements.
Il
ressort que les constats effectués par les équipes d’inspection soulèvent cinq
problèmes majeurs pour lesquels il est urgent de trouver de solutions idoines.
Il s’agit précisément de la non détention de toutes les autorisations et des
documents nécessaires pour l’ouverture et l’exercice des activités mortuaires
et funéraires, du non-respect des règles
requises pour la construction des morgues, du non-respect des normes environnementales
et sanitaires dans les morgues, de la température de conservation des corps
dans les morgues et de la saturation des morgues à cause des corps abandonnés
et sous décision de justice.
Cette
campagne d’inspection a abouti à certains constats. 35 % des morgues inspectées
sont construites en agglomération, 75 % des morgues privées des communes
parcourues détiennent une autorisation de construction délivrée par le
ministère de la Santé. De même, on note que 86 % des morgues privées ne
possèdent pas l’agrément d’installation délivré par le ministère de l’Intérieur
et de la Sécurité publique et 70 % des morgues inspectées n’ont pas de
Certificat de conformité environnementale et sociale (Cces). De la même
manière, 60 % n’ont pas installé un extracteur d’air et ne disposent pas de
caveaux d'une température de -10°C.
En
outre, 85 % des morgues inspectées assurent une bonne gestion des eaux usées
produites, 20 % des morgues dégagent d’odeur nauséabonde et 60 % n’assurent pas
une vaccination à jour du personnel de manipulation des dépouilles mortelles.
Le rapport révèle également que la capacité d’accueil totale des morgues des
communes visitées au moment de l’inspection est de 757 corps pendant qu’il
existe 657 corps dans les morgues, mais avec un taux de 65 % de morgues
saturées et 186 corps abandonnés y compris les corps sous décision de justice.
Ces
résultats révèlent qu’il reste beaucoup à faire pour améliorer la situation
environnementale et sanitaire des morgues du Bénin, en particulier les morgues
publiques. Le respect des normes environnementales et sanitaires devient donc
pressant afin de garantir un cadre de vie sain et une bonne santé aux usagers
des morgues ainsi qu’aux populations vivant non loin de ces morgues. Une
prompte action des autorités à divers niveaux était alors jugée indispensable
pour renverser la tendance■