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Rentrée judiciaire de la Cour suprême: Le management et l’efficacité des juridictions en question

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La justice béninoise décidée à fonctionner mieux que le passé La justice béninoise décidée à fonctionner mieux que le passé

La Cour suprême a effectué, vendredi 20 octobre dernier, sa rentrée au titre de l’année judiciaire 2023-2024 sur le thème : « Le management des juridictions et l’efficacité du service public de la justice ». L’audience solennelle inaugurale a été rehaussée par la présence de la vice-présidente de la République, Mariam Chabi Talata, représentant le président de la République, Patrice Talon, ainsi que des présidents d’autres institutions de la République.       

Par   Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau, le 22 oct. 2023 à 22h22 Durée 6 min.
#Rentrée judiciaire de la Cour suprême #Le management et l’efficacité des juridictions en question

La Cour suprême reprend officiellement ses activités pour le compte de l’année judiciaire 2023-2024. Elle a effectué sa rentrée après quelques semaines de vacances. L’audience solennelle inaugurale s’est déroulée, vendredi 20 octobre, dans les locaux de la haute juridiction à Porto-Novo. Elle a été placée sous le thème : « Le management des juridictions et l’efficacité du service public de la justice ». 

Pour le président de la Cour suprême, Victor Dassi Adossou, qui a solennellement présidé l’audience, le choix de cette thématique n’est pas fortuit. Le thème a été retenu au regard des nombreux défis que la haute juridiction devra impérativement relever et tirant leçon des expériences capitalisées. Selon lui, en choisissant ce thème pour nourrir les réflexions, le bureau de la Cour suprême a voulu prolonger les échanges que les membres de la haute juridiction ont eus avec les juges du fond à la dernière rencontre trimestrielle à Savalou, les 12 et 13 juin 2023 sur le thème central : « Le management des juridictions à l’ère de la modernisation de la justice ». « Cette insistance à débattre de cette thématique est dictée par un double constat : le premier, la gouvernance de nos juridictions est des plus problématiques ; le deuxième, le mal, loin d’être une fatalité, peut et doit être combattu », a souligné Victor Dassi Adossou. Le président de la Cour suprême reste convaincu que la justice peut mieux fonctionner qu’elle ne le fait aujourd’hui. « Nous en convenons tous. La justice est un service public, un service public tout à fait à part, dont les trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire contribuent à l’administration, mais dont la production (les jugements) ne peut relever que du seul juge. Cette spécificité ne l’affranchit toutefois pas de certaines exigences posées par la relation avec le politique et avec le citoyen », a poursuivi Victor Dassi Adossou. Ainsi, à l’instar de tous les autres services publics, les juridictions sont astreintes à des contraintes spécifiques et à plus d’efficacité. Cet idéal ne peut être atteint qu’au moyen d’un management qui recourt à des outils innovants ou novateurs, indique le président de la Cour suprême.

Adopter la Gar

L’amélioration du système managérial au sein des juridictions suppose la mise en exergue d’une interaction entre les fonctions de gestion, de management et de contrôle. Dans cette dynamique, les chefs de juridiction, en tant que managers, ont un rôle essentiel à jouer, pour l’atteinte des objectifs notamment de reddition des décisions dans un délai raisonnable. Les juridictions doivent, à cet effet, être managées en tenant compte des nouvelles exigences ou attentes du service public de la justice qui sont essentiellement de cinq ordres aujourd’hui à savoir : l’exigence de rapidité, l’exigence d’efficience, l’exigence de qualité de la prise de décision, l’exigence d’ouverture et l’exigence de justification, relève le président de la Cour suprême. La recherche d’une meilleure administration de la justice doit s’inspirer des règles de management qui ont fait leurs preuves dans le secteur privé et dans d’autres secteurs publics dont la Gestion axée sur les résultats (Gar).  Selon lui, cette approche de gestion centrée sur la performance et l’obtention de résultats qui appelle l’adhésion et l’implication de tous les acteurs de la juridiction est expérimentée depuis des années à la Cour suprême. La méthode Gar a permis à la haute juridiction d’assainir de manière substantielle les stocks de ses dossiers, témoigne le président de la Cour suprême. Pour ce faire, il a exhorté chaque chef de juridiction à bien jouer son rôle notamment de bon manager comparable à un chef d’orchestre qui joue sa partition en coordonnant le jeu de chaque instrumentiste pour le meilleur fonctionnement de sa cour ou tribunal. Ainsi, au-delà des chefs de juridiction, chaque magistrat doit être un artisan de ce changement souhaité au sein de la maison justice. 

Responsabilités

Le leadership seul ne suffit point, avoue Victor Dassi Adossou. Il devient nécessaire qu’un module sur le « management des juridictions » soit intégré aux curricula de formation initiale des auditeurs de justice, propose-t-il. Le souci d’efficacité doit également conduire à étoffer davantage l’Inspection générale des services judiciaires en ressources humaines et matérielles, insiste-t-il. Victor Dassi Adossou rassure que sa juridiction continuera de prendre toute sa part dans l’accompagnement pédagogique des magistrats et greffiers des juridictions du fond à travers des missions d’appui et de suivi et l’organisation des rencontres trimestrielles en collaboration avec le ministère en charge de la Justice. 

Représentant le président de la République, Patrice Talon, la vice-présidente de la République, Mariam Chabi Talata, grande chancelière de l’Ordre national du Bénin, salue la pertinence du thème de la rentrée judiciaire 2023-2024. Selon elle, l’avenir de la justice béninoise se joue maintenant. « C’est la justice actuelle qui prépare celle de demain. Elle doit à présent innover, inventer de nouveaux outils de management et de gestion pour mieux répondre aux exigences de qualité, de célérité et de performance », a fait observer Mariam Chabi Talata avant de féliciter le président Patrice Talon pour ses efforts inlassables dans ce secteur depuis 2016. Mais avant, l’honneur a échu au procureur général près la Cour suprême, Onésime Madodé, puis au bâtonnier de l’Ordre des avocats du Bénin, Me Angelo Hounkpatin, au nom des auxiliaires de justice, de se prononcer aussi sur le thème retenu pour l’audience solennelle de rentrée judiciaire.