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Révision constitutionnelle: Le requiem de la transhumance politique prononcé

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Désormais, les députés ne pourront plus se détourner du parti qui les a portés à la représentation nationale sans en subir les conséquences immédiates Désormais, les députés ne pourront plus se détourner du parti qui les a portés à la représentation nationale sans en subir les conséquences immédiates

La révision constitutionnelle qui vient d’être adoptée marque une rupture décisive dans l’histoire politique du Bénin, en mettant un terme officiel et définitif à la pratique de la transhumance politique, longtemps décriée par l’opinion publique et considérée comme l’un des maux récurrents du fonctionnement démocratique. 

Par   Paul AMOUSSOU, le 25 nov. 2025 à 01h49 Durée 3 min.
#Révision constitutionnelle

Au nombre des innovations faites à l’occasion de la révision constitutionnelle du 15 novembre dernier, un alinéa a été ajouté à l’article 80 de la Constitution, stipulant clairement que « Tout député qui, par démission, cesse d’être membre du parti l’ayant présenté à l’élection législative, perd son mandat. » Cette disposition, à la fois symbolique et concrète, vise à renforcer la responsabilité des élus face aux électeurs et à garantir la stabilité des institutions en interdisant tout changement d’allégeance partisane en cours de mandat. Désormais, les députés ne pourront plus, par opportunisme ou par caprice, se détourner du parti qui les a portés à la représentation nationale sans en subir les conséquences immédiates, à savoir la perte de leur siège.

Ce mécanisme vise à obliger les élus à respecter le choix des électeurs dont ils ont bénéficié de la confiance, en les contraignant à rester fidèles à la ligne politique et aux valeurs du parti qui les a désignés. Cette réforme répond à une demande sociale profonde, car, depuis des décennies, les populations ont déploré et dénoncé la tendance des acteurs politiques à la transhumance, considérée comme une trahison de la parole donnée et une atteinte à la représentativité démocratique. Et pour cause, la transhumance politique, qui consiste à quitter un parti pour rejoindre un autre ou à siéger comme indépendant, a souvent été perçue comme une manifestation d’égoïsme, de calculs personnels ou de recherche de postes et de privilèges, au détriment de l’intérêt général et de la cohérence des projets politiques.

Une avancée majeure

Sur la matière, une première avancée avait déjà été réalisée en 2024 lors de l’amendement du code électoral, qui avait introduit des mesures destinées à fidéliser les élus à leurs partis, mais cette réforme était jugée insuffisante par de nombreux observateurs, car elle n’envisageait pas la perte du mandat du démissionnaire. Désormais, la réforme constitutionnelle vient combler ce vide et rassure définitivement l’opinion publique sur la volonté des autorités de lutter contre la dérive de la transhumance politique. Elle instaure un cadre clair et contraignant, qui oblige les élus à assumer pleinement leur engagement partisan ou à renoncer à leur mandat, ce qui devrait contribuer à renforcer la crédibilité du système démocratique et à restaurer la confiance des citoyens dans leurs représentants. En interdisant la transhumance politique, la Constitution affirme que la représentation parlementaire n’est pas une affaire individuelle, mais un mandat collectif qui doit être exercé dans le respect des engagements pris devant les électeurs.