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Sécurité alimentaire et nutrition: Le Bénin prend de sérieuses options

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Suzanne Bédié Suzanne Bédié

À travers divers projets, l’Agence française de développement (Afd) œuvre à améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition au Bénin, notamment dans les départements du Zou et des Collines. 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 16 oct. 2024 à 07h56 Durée 3 min.
#sécurité alimentaire

Dans ses efforts pour assurer la sécurité alimentaire et lutter contre la malnutrition, le Bénin bénéficie de l’accompagnement, depuis plusieurs années, de l'Agence française de développement (Afd). Entre soutien à l’agriculture familiale et développement des filières protéiniques, cet appui est crucial pour la résilience des communautés rurales et la transformation économique locale. À travers une série de projets, notamment le Projet d'appui au développement agricole dans les Collines (Padac) et le Projet d'appui au développement des filières protéiniques (Padefip), l'Afd a réussi à apporter des solutions innovantes et durables pour répondre aux défis alimentaires du pays. Le projet Padac, mis en œuvre dans le département des Collines, a permis de soutenir les six communes de la région avec un focus particulier sur l’accompagnement des initiatives communales. Pour Agathe Orou N’gobi, chargée de mission Agriculture et Environnement à l’Afd, l’approche vise à soutenir les projets d’envergure qui dépassent les capacités individuelles. « Le Padac a permis à ce que l'ensemble des six communes du département soient impactées à travers deux actions essentielles: l'accompagnement à la mise en place des projets communaux et des promoteurs privés », a-t-elle fait savoir. Les projets communaux incluent des infrastructures comme les aires d’abattage, les boucheries et les marchés à bétail, qui, selon elle, permettent d’améliorer les revenus des acteurs locaux tout en augmentant les ressources fiscales des communes. Dans ce sens, le projet a facilité la construction d’une boucherie moderne qui fait la fierté des habitants de Savalou. Ce type de projet, en plus de soutenir les activités économiques locales, contribue directement à la lutte contre la pauvreté en renforçant la capacité des communes à mobiliser des ressources à travers les taxes. À ce jour, le projet Padac a financé 85 initiatives communales et 215 projets d’entrepreneurs privés dans des domaines tels que la transformation agricole, avec des résultats concrets sur le terrain. Ces projets privés, comme l’unité de transformation de pommes de cajou en jus ou les fermes piscicoles, exploitations maraîchères et élevage, ont permis de créer des emplois et d’augmenter les revenus des populations locales. L’impact de cette stratégie est particulièrement visible dans le secteur de la transformation du soja. Le Padefip a appuyé la transformation du soja en produits alimentaires riches en protéines, tels que le fromage de soja et ses dérivés, contribuant à l’amélioration des régimes alimentaires locaux. Rosaline Sagbadja, transformatrice du soja dans la commune de Zogbodomey, témoigne que le projet Padefip a transformé leur vie. « Il nous a aidées à produire désormais des fromages de qualité… Notre fromage est exporté vers plusieurs villes et même au-delà des frontières », avoue-t-elle.

Réponse durable

Le Padefip, avec l’appui de l’Afd, a développé des filières pourvoyeuses de protéines, comme le soja et la pisciculture. Plus de 3664 personnes ont été touchées avec l’appui à la filière soja et 285 personnes ont bénéficié de renforcement de capacités pour la filière pisciculture. L’objectif est de faciliter l’accès des communautés rurales à des sources protéiniques abordables, tout en améliorant les revenus des producteurs. Laure Weisgerber, directrice de l'Afd au Bénin, a souligné l'importance de soutenir les petites exploitations agricoles familiales pour lutter contre la malnutrition. « À l'Afd, on est persuadés qu'il faut vraiment promouvoir la petite agriculture familiale parce qu'elle est pourvoyeuse d'emplois à long terme. Le Padefip permet d’accompagner des filières protéiniques, et on a vu des transformatrices de soja qui produisent des aliments de haute qualité, tout à fait commercialisables», a-t-elle souligné lors d'une visite de terrain. Le projet a également accompagné des pisciculteurs, notamment avec la mise en place d’infrastructures de transformation alimentaire. Martial Kouderin, président de l'Association nationale des coopératives et entreprises de pisciculture du Bénin, a salué l’appui, précisant que la création d’une unité de production locale d'aliments pour poissons à Covè a grandement contribué à réduire les coûts de production et à améliorer la qualité des produits aquacoles. « Nous sommes propriétaires de cette unité et en même temps ses clients. C’est un modèle qui nous permet de maîtriser les coûts, d’apprécier la qualité et de prendre des décisions au niveau économique », a-t-il affirmé, tout en notant que cette unité pilote pourrait être reproduite dans d’autres régions du pays.

Inclusion

L’un des aspects marquants des projets soutenus par l’Afd est l’accent mis sur l’inclusion des femmes dans les filières agricoles et de transformation. En dehors de la filière de transformation du soja, la pisciculture par exemple est devenue une activité professionnelle viable pour de nombreuses femmes qui ont vu leurs conditions de vie s’améliorer grâce à des formations et à des infrastructures modernes. « Le projet Padefip nous a beaucoup aidées, car il est rare de voir des projets qui donnent à tout le monde l'envie de faire de la pisciculture. Ils accompagnent tout le monde, en nous fournissant des étangs, des bassins, et des tricycles», témoigne Suzanne Bédié, piscicultrice à Zazounmey dans la commune de Zakpota. Adélaïde Laourou Yédédji, présidente de la Coopérative Agbara Olouwa à Covè a vu sa productivité croître considérablement. « Avant, on transformait 350 kilos de pommes de cajou par jour ; aujourd’hui, grâce au soutien du Padac, nous atteignons les deux tonnes par jour », a-t-elle confié. Au-delà des résultats immédiats, les projets financés par l’Afd participent à une transformation structurelle du secteur agricole béninois. En soutenant l’agriculture familiale, en renforçant les filières protéiniques et en améliorant les infrastructures locales, ces initiatives contribuent à une résilience accrue des communautés rurales face aux défis alimentaires. Pour Laure Weisgerber, directrice de l'Afd au Bénin, les impacts positifs de ces projets sont palpables. En unissant leurs efforts avec le gouvernement et les acteurs locaux, l’Afd et ses partenaires œuvrent à bâtir un avenir plus prospère et durable pour les communautés béninoises, tout en répondant aux défis de la malnutrition et de la sécurité alimentaire■