La Nation Bénin...
Une
conférence publique sur la sécurité des territoires en Afrique de l’Ouest s’est
tenue, jeudi 25 juillet dernier à Cotonou, avec la contribution d’éminents
professeurs et conférenciers. Ceci dans le cadre du programme ‘‘Grandes
conférences’’ de l’Académie nationale des sciences, arts et lettres du Bénin
(Ansalb).
Se
réjouissant d’entrée de l’opportunité à lui offerte par l’Académie nationale
des sciences, arts et lettres du Bénin (Ansalb) pour échanger sur la thématique
d’actualité, le professeur Michel Boko, enseignant chercheur à l'Université
d'Abomey-Calavi, a relevé que la sécurité est un droit fondamental de l’homme.
Même si la grande question du terrorisme dans l’espace ouest-africain, à son
avis, est instrumentalisée en soutien aux putsch ou pour écarter les opposants
politiques, elle ne devrait pas être banalisée. Autant qu’ils sont concernés
pour en décortiquer les causes, les formes et les effets, les participants à la
conférence sont appelés surtout, selon lui, à contribuer aux solutions afin de
l’éradication définitive de ce mal.
Les
menaces pour la paix et la sécurité ne sont pas seulement la guerre et les
conflits internationaux mais aussi et surtout, la violence civile, la
criminalité organisée, le terrorisme, le trafic d’armes, la pauvreté, les
épidémies et la dégradation de l’environnement, estime Me Robert Dossou. Tous
ces phénomènes meurtriers peuvent compromettre la survie et saper les efforts
de l’Etat, indique-t-il. L’Afrique de l’Ouest, selon lui, est confrontée à un
énorme défi sécuritaire qui ne trouvera solution que grâce à l’intégration
régionale. En somme, le problème de fond n’est pas le terrorisme ou la
criminalité transfrontalière mais la faiblesse des modèles de gouvernance dont
ils sont une expression. Il suggère que la question de la sécurité des pays en
crise ou en devenir soit traitée de façon globale. Le tandem
sécurité-développement en est la principale clé. La crédibilité des Etats dans
l’exercice de leurs fonctions régaliennes en est la première étape.
Cette
intervention a mis fin à la cérémonie d’ouverture. S’ensuivent différents
panels animés par des experts autour de trois axes de communication. Le premier
axe est relatif à la construction socio-culturelle des territoires et la
sécurité en Afrique de l’Ouest. La première communication de cet axe est animée
par Thierry Sèdjro Bidouzo, Dr en droit public, spécialiste des conflits armés,
des questions de sécurité internationale et de l’extrémisme violent et du
terrorisme en Afrique. Pour lui, questionner la construction socioculturelle
des territoires et la sécurité en Afrique de l’Ouest répond au besoin de
comprendre le cycle de l’insécurité et l’instabilité devenues consubstantielles
à la région ouest africaine. Il s’agit d’expliciter comment la construction
socioculturelle des territoires et la sécurité en Afrique de l’Ouest sont
inextricablement liées.
Fondements
du terrorisme
Les représentations sociales que les communautés se font de la notion de frontière ainsi que les rapports qu’elles entretiennent avec cet objet géopolitique qu’est la frontière ont été au menu de la deuxième communication. Le communicateur, Abdel-Aziz Mossi, socio-anthropologue, titulaire d’un doctorat en anthropologie sociale et ethnologie, présente les conceptions que se font les communautés de la frontière dans leur imaginaire collectif, comment elles se définissent par rapport à la frontière. La manière d’appréhender cette notion déterminera le vivre-ensemble des communautés, l’impact sur la cohésion sociale et les conditions de sécurité ou d’insécurité dans l’espace géographique de l’Afrique de l’Ouest. « Fondements du terrorisme en Afrique de l’Ouest » et « Dynamiques spatiales, intangibilité des frontières et gestion de la sécurité » ont été les autres axes des communications données par Hadiza Kiari Fougou, Docteur en Géographie de l’Université Abdou Moumouni de Niamey (Niger), l’universitaire Marcel Ayité Baglo, et le doctorant en coaching africain, Félix Tissou Hessou.
Les
communicateurs ont émis des orientations stratégiques pour le développement des
espaces frontaliers. Il s’agit notamment de renforcer la défense de l’intégrité
du territoire national et sécuriser ces espaces sensibles; réduire la pauvreté
et améliorer la qualité de vie des populations frontalières, développer la
coopération transfrontalière pour consolider les relations de bon voisinage et
l’intégration régionale et panafricaine. Pour finir, ils proposent face aux
enjeux de définir et de concevoir la sécurité des casernes, d’en assurer la
gestion par-dessus les frontières aussi bien terrestres, aériennes que
maritimes pour en faire un bien commun aux Etats■