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De la coiffure à l’extraction de gravier

Société

Viviane Kodo s’est reconvertie dans l’extraction artisanale de gravier depuis quatre ans. Coiffeuse de formation au départ, la trentenaire s’est donné au fil du temps une étoffe de professionnelle parmi les miniers opérant dans les départements du Mono et du Couffo où les autorités traquent l’exploitation clandestine des carrières.

Par   Désiré C. VIGAN A/R Mono-Couffo, le 20 avr. 2023 à 11h29 Durée 2 min.

Deux sites sont exploités par Viviane Kodo et son équipe à Balimey, une localité de Djakotomey située à environ 140 km de Cotonou. En respect des dispositions légales, les certificats d’autorisation d’exploitation ont été obtenus avant le démarrage des travaux. Les certificats sont délivrés par le ministère des Mines et de l’Eau après étude favorable des dossiers comprenant les observations techniques de la mairie et de la direction départementale en charge du secteur. Sur les documents, sont mentionnées les coordonnées géographiques des sites agréés ainsi que les obligations. Lesquelles concernent, entre autres, le respect des dimensions convenues, la restauration des excavations après l’extraction du gravier et l’interdiction de recruter des mineurs pour les travaux. Le défaut du certificat est une infraction que traque la brigade mobile de supervision, un organe présidé par le préfet du département.
Jamais prise à défaut, Viviane Kodo exerce son activité à la tête d’une vingtaine d’hommes et de femmes répartis en plusieurs équipes. Celle des hommes munis de pioches et de pelles creuse et procède à l’extraction des amas de pierres. A l’image d’une organisation de travail à la chaîne, les femmes, à leur tour, s’occupent du ramassage puis du lavage du gravier. S’ensuit la phase de triage. Le gravier est vendu sous divers formats. Selon son épaisseur, il est qualifié de grain de riz, ou de 5/15, ou bien de 15/25. Il existe bien d’autres formats. Les tas sont vendus, par endroits, par cubage, et ailleurs par camion benne. Dans le second cas, les prix sont fixés suivant le nombre de roues du camion à charger. Les achats sont couramment faits avec des camions bennes de 10 ou 12 roues.

 
Physique et nocturne

Les différentes séquences du travail se déroulent sous la supervision de l’exploitante des sites. Lesquels sites sont obtenus pour une durée déterminée par contrat de bail auprès des collectivités familiales ou des présumés acquéreurs. Assise sous un abri précaire, Viviane Kodo procède également au pointage des ouvriers. Ils sont rémunérés chaque jour selon leurs prestations. Seule Viviane Kodo décide du moment de vente de son produit et à quel camionneur le vendre parmi tous les acheteurs qui viennent des localités du Bénin et du Togo. Elle se consacre à cette activité depuis plusieurs années après un bref moment dans le commerce des produits de première nécessité.
A jour de ses papiers, elle défie les hommes du secteur avec son certificat d’autorisation à occuper ses sites, à y ouvrir des carrières en vue de leur exploitation. Cet acte fait d’elle la seule femme qui intervient dans le milieu des miniers opérant dans le Couffo et au-delà, dans le Mono. Notamment en face des délégations des ministères sectoriels impliqués dans la gestion du sous-secteur de l’exploitation artisanale des mines réformé profondément par le gouvernement qui n’entend faire aucune concession à l’exploitation clandestine.
Mais tout n’est pas rose pour la corpulente trentenaire, mère d’un garçon qu’elle a eu après son diplôme de fin de formation en coiffure. Viviane Kodo est victime de vol de ses outils de travail. Pelles, pioches, tamis et bien d’autres sont souvent dérobés nuitamment. Et les outils ne sont jamais restitués intégralement lorsqu’on appréhende les malfrats, dénonce Viviane Kodo. La native de Dogbo déplore également le débauchage et les démissions fantaisistes de ses ouvriers. Sur ce volet, ce qui fait mal, relève-t-elle, c’est de se résigner à voir les démissionnaires intervenir sur des sites voisins.