La Nation Bénin...
Le fonctionnement des minoteries locales permet de couvrir la demande des consommateurs et de réduire les importations de farine de blé. Le Bénin est même en passe de devenir un pays exportateur du produit, quoique ne produisant pas cette céréale, à en croire les industriels locaux.
La meunerie béninoise assure la disponibilité à prix raisonnables de la farine de blé sur le marché, malgré les tensions inflationnistes à l’international. Deux minoteries fonctionnelles contribuent à réduire de manière considérable la dépendance vis-à-vis des farines de blé importées et de qualité douteuse, face à la croissance de la demande de cette matière première entrant dans la fabrication du pain, des gâteaux et autres.
En fait, forte de ses 50 ans d’existence au Bénin, la société Grands Moulins du Bénin (Gmb) a modernisé ses équipements, installé des silos au port de Cotonou, pour mieux satisfaire la demande en farine de blé, confie Didier Balzaretti, directeur général des Gmb. « L’entreprise reste donc une entreprise moderne, dynamique et au service des boulangers du Bénin», souligne-t-il. D’une capacité de production de 70 000 tonnes, l’usine de Gmb installée quartier Jack à Akpakpa met quelque 6 000 tonnes de farine sur le marché par mois, soit environ 60 % de la demande locale mensuelle estimée entre 10 000 et 11 000 tonnes, fait-il savoir.
Quant à la nouvelle minoterie de la société Les Moulins d’Or Afrique (Moa) installée dans la Zone industrielle de Sèmè-Podji, elle a démarré ses activités en mai 2022, affichant une capacité de production journalière de 250 tonnes métriques, selon le directeur général Charles El Najjar. Cette unité moderne s’est assigné pour mission de produire une farine de blé « multifonction » pour la satisfaction du peuple béninois.
Besoins comblés
« Grâce à notre usine, le pays n’a pas connu de rupture de la farine de blé et de plus, la baguette du pain est restée au même prix, malgré l’inflation du blé sur le marché international »,
se félicite Charles El Najjar. Lui et son équipe se sont fixé comme objectif, à l’horizon 2030, de couvrir tout le territoire national et de faire du Bénin un pays exportateur de farine de blé.
« Le taux de couverture des industries locales installées et opérationnelles aujourd’hui au Bénin est de 140 % de la capacité d’absorption des besoins du marché de la farine », estime M. Balzaretti.
Charles El Najjar confirme la disponibilité de la farine de blé en quantité et qualité et s’inquiète même des débouchés pour le surplus de production au cas où les usines tourneraient à plein régime, le marché sous-régional montrant des signes de saturation. Il fait observer : « Le marché nigérian est très protectionniste. Convoyer la farine vers le Burkina Faso comporte des risques au regard de la situation sécuritaire ; le Niger consomme 1000 tonnes au plus par mois ; le Togo dispose de deux usines ; la Côte d’Ivoire et le Ghana ne sont pas du reste ».
Cette appréhension est partagée par Didier Balzaretti dans un contexte où une troisième minoterie est annoncée dans la zone industrielle de Glo-Djigbé, une zone économique spéciale (Zes) qui confère des avantages aux promoteurs d’investissements de type industriel, agroalimentaire et agricole. Elle sera dotée d’une capacité de traitement de 90 000 tonnes de grains de blé par an, extensible à 180 000 tonnes.
Préserver les intérêts
Conformément à l’article 24 de la loi n° 2022-38 du 3 janvier 2023 fixant le régime des zones économiques spéciales en République du Bénin, les investisseurs postulant à un agrément pour le régime dit d’exportation, ont vocation à réaliser au moins 80 % de leur chiffre d’affaires à l’exportation. Pour M. Balzaretti, le respect de cette disposition en particulier et des exigences de ladite loi en général, permettrait d’éviter une concurrence déloyale et de maintenir en vie les entreprises ne bénéficiant pas des avantages spécifiques d’installation dans les Zes et donc astreintes aux obligations fiscales. Il importe d’y veiller car cela participe de la sauvegarde des emplois et de la création de richesse, exhorte-t-il.
La farine de blé constitue une denrée de grande consommation au Bénin. Face à la crise mondiale et à la poussée inflationniste, le gouvernement a décidé en octobre 2022 du plafonnement des prix de certains produits dont celui de la farine de blé. Ainsi, le sac de 50 kg a été fixé à 28 500 F Cfa au plus sur l’étendue du territoire national. Il a également décidé de la suspension de la perception de la taxe sur la valeur ajoutée (Tva) sur la farine de blé produite localement et du dédouanement de la farine de blé importée sur la valeur transactionnelle.
Déjà en mars 2022, le Conseil des ministres avait pris une mesure d’exonération de la Tva sur la farine de blé importée ou produite localement, dont les prix du sac de 50 kg passent respectivement de 25 000 F Cfa à 20 000 F Cfa et de 23 500 F Cfa à 19 915 F Cfa à Cotonou. Ce qui justifie le maintien du prix du pain à 125 F Cfa la baguette de 160 g et 150 F Cfa celle de 200 g.
Ces mesures visent d’une part, à contenir les prix des farines de blé subventionnées par les grands pays exportateurs afin de soulager les consommateurs face à la cherté des produits et d’autre part, à encourager l’industrie et la production locales pour créer de la richesse et des emplois.